Saint-Sauveur se rappelle
- Admin
- 6 juin
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Quand on veut résumer l’histoire d’un village, que dis-je, d’une ville qui a plus de cent cinquante ans d’existence, il faut se mettre des limites. Surtout si on doit le faire dans le cadre précis de notre bulletin La Mémoire, on ne le sait que trop, trop de mots, trop de pages, trop de poids : trop cher !
En 1853, le territoire, connu plus tard sous le vocable de Saint-Sauveur, était situé dans ce qu’il est convenu d’appeler l’augmentation de la seigneurie des Mille-Îles. Il rejoignait, au sud, les limites de la paroisse Saint-Jérôme, elle-même fondée en 1834. Dans une de ses chroniques en 1882, Arthur Buies n’écrivait-il pas que : « à cinq ou six milles de l’église de Saint-Jérôme commençait la forêt, une forêt épaisse, infinie et considérée comme inaccessible. On croyait alors avoir atteint la limite des terres cultivables et le nom de « nord » signifiait qu’il n’y avait plus au-delà de Saint-Jérôme qu’un printemps fugitif et qu’un été illusoire ».

En 1853, le territoire, connu plus tard sous le vocable de Saint-Sauveur, était situé dans ce qu’il est convenu d’appeler l’augmentation de la seigneurie des Mille-Îles. Il rejoignait, au sud, les limites de la paroisse Saint-Jérôme, elle-même fondée en 1834. Dans une de ses chroniques en 1882, Arthur Buies n’écrivait-il pas que : « à cinq ou six milles de l’église de Saint-Jérôme commençait la forêt, une forêt épaisse, infinie et considérée comme inaccessible. On croyait alors avoir atteint la limite des terres cultivables et le nom de « nord » signifiait qu’il n’y avait plus au-delà de Saint-Jérôme qu’un printemps fugitif et qu’un été illusoire ».
Ce cher Arthur aurait été éberlué de voir tout ce beau monde sur les routes de notre grande région la fin de semaine dernière.
Mais il savait très bien que de nouvelles paroisses naissaient dans cette forêt lointaine et ses propos ne faisaient que mieux ressortir la détermination des premiers colons de se lancer à l’attaque de ce territoire si hostile, mais prometteur.

D’où arrivaient-ils ceux qui voulaient faire de « la terre neuve », ceux qui avaient le goût du risque, ceux qui n’avaient pas peur du gros ouvrage ? Plusieurs venaient de Saint-Eustache, de Sainte-Rose, de Sainte-Scholastique, de Saint-Hermas ou de Saint-Janvier. Les troubles de 1937-38 avaient laissé de l’inquiétude dans les Basses Laurentides.
Dès 1840, quelques-uns venus de Saint-Jérôme s’installèrent au lac Marois et dans les environs, ce qui deviendra Sainte-Anne-des-Lacs. D’autres préférèrent les abords de la rivière du Nord; ceux-là seront les pionniers de Piedmont qui à l’époque fait aussi partie du « grand Saint-Sauveur ». Et enfin, d’autres choisirent de défricher des lots sur les hauteurs des côtes Sainte-Elmire et Saint-Lambert (le cœur du village actuel de Saint-Sauveur) pour finalement se rendre jusque dans le Canton Morin, devenu Morin-Heights.
Si bien que vers 1850, dans cet immense territoire, ils seront assez nombreux pour demander l’établissement d’une « mission catholique ». Il faut rappeler que les colons devaient se rendre à Saint-Jérôme, la paroisse la plus proche, pour faire baptiser leurs enfants ou encore aller faire « leurs Pâques ».
Quand on évoque le nom des couples Jean-Baptiste Desjardins et Émélie Marcotte, ou de Magloire Pagé et Adéline Beauchamp, de Jean-Baptiste Paradis et Josephte Beauchamp, de Toussaint Forget et Arthémise Bélec, de Grégoire Bélanger et Denise Bélisle et bien d’autres, je ne peux que vibrer de respect et d’admiration pour les tâches presque surhumaines qu’ils ont accomplies. Ils étaient loin de penser que leurs arrière-petits-enfants auraient la vie si facile un jour, dans ce même coin de pays.

Vieux métiers…
… Premières industries
« Se suffire à soi-même », tel était le principe des anciens, avons-nous dit. Leur ingéniosité au service de l’esprit d’économie pourvoyait en effet à un grand nombre de besoins. Toutefois, les produits de la terre et les arts domestiques ne pouvaient satisfaire toutes les nécessités de la vie. Même les premiers colons devaient donc faire un peu d’argent. L’agriculture trouve son complément normal et indispensable dans l’industrie et le commerce.
Les pionniers s’attaquèrent avec vigueur à la forêt vierge. Il fallait défricher rapidement pour cultiver au plus tôt. Une fois la maison construite, l’étable et quelques autres nécessités, une fois le bois de chauffage prévu, du bois il y en a encore. Que faire du reste ? On s’aperçoit très vite qu’on pouvait en tirer profit. C’est ainsi que bouleaux, hêtres, ormes et merisiers sont brûlés, la cendre est bouillie à nouveau pour devenir le salin, soumis à son tour à d’autres cuissons pour finalement être transformé en potasse. Ce produit est précieusement recueilli dans des tonneaux prêts pour l’expédition et même pour l’exportation. Le chemin de fer a favorisé grandement le transport de la potasse vers Montréal et les autres ports. Tant mieux pour les colons, car c’était payant. Préparer une charge convenable de potasse était l’affaire de plusieurs semaines de travail, mais pouvait rapporter jusqu’à quarante « piastres ». Si une famille pouvait faire quatre expéditions par année, c’était un véritable succès. Dans Saint-Sauveur, à l’époque, on ne trouvait pas moins de six brasseries à potasse dont celle de Toussaint Forget qu’il exploita pendant une trentaine d’années. Pour augmenter leur production, tous ces fabricants parcouraient les rangs et achetaient la cendre à dix sous le minot. Chacun y trouvait son compte, et rien ne se perdait ! La culture du lin ne manquait pas d’intérêt non plus. Chaque famille en semait au moins un demi-arpent. La transformation demandait plusieurs opérations, mais donnait lieu à de joyeuses corvées. Et que dire de la laine ? De la tonte du mouton à la paire de mitaines...
Le travail en commun, chez les habitants de la campagne, suscitait une saine émulation et contribuait à créer des liens d’amitié qui faisaient oublier les heures et l’éloignement.
L’exploitation de la carrière de chaux, initiative d'Isaac Constantineau pendant une bonne vingtaine d’années, fut couronnée de succès. N’oublions pas les moulins à scies, les moulins à farine et les moulins à carder, plus que nécessaires aux premiers colons. Mais aussi autant de métiers qui se transmettaient.

Plus tard, le développement des troupeaux explique l’origine des beurreries et des fromageries. Au village, on trouvera le forgeron, le maréchal ferrant, le ferblantier, le tonnelier. Plus tard, le cultivateur voudra se procurer des armoires, des tables, des chaises ou des bancs. Sans parler des charpentiers qui, avant tout ceux-là, avaient « montées » les premières maisons. De tout temps, la vente du bois de construction alimentera le budget familial.
Mon père disait toujours : « Une bonne terre à bois, c'était aussi bon que de l’argent à la banque ».
Je pense encore qu’il avait raison. Ce ne sont là que quelques-uns des métiers masculins.
Les femmes de nos pionniers n’avaient pas spécifiquement un métier, mais elles savaient tout en ce qui concernait la tenue de maison, la nourriture, les conserves, les confitures. Si on pense à la préparation de la laine ou du lin pour habiller son monde ou garnir sa maison, le travail était encore plus long.
Les femmes s’occupaient aussi des petits animaux de la ferme et de la basse-cour, fabriquaient le savon, et quoi d’autre… Quand elles ne le savaient pas au moment de se marier, elles l’apprenaient rapidement, soit de sa voisine ou de sa belle-mère. Cette façon de vivre de nos ancêtres, pour au moins les cent premières années de cette région comme partout au pays d’ailleurs, a été graduellement remplacée par la grande industrie.
La population rurale, de plus en plus urbanisée dans les années 50 et 60, a très vite préféré les objets fabriqués dans les usines et les manufactures. C’est l’époque où tout vient du magasin. Mais pareil engouement aura son temps; puis on reviendra, en partie du moins, aux belles choses fabriquées à la main.
Heureusement, à l’aube de ce XX1e siècle, on voit poindre un peu partout des activités qui nous raccordent au passé. Plusieurs font leur savon, mais aujourd’hui, il est rose ou vert, il sent la lavande ou le romarin, mais il est fabriqué maison. D’autres tricotent la laine de leurs chèvres, font des mitaines et des bas d’une laine si douce, si soyeuse qu’on ne finit pas d’admirer leur travail dans les expositions. Ah, si nos grand-mères voyaient ça !

C’était la conclusion du texte dont je me suis inspirée pour vous parler des métiers de nos ancêtres. (Tiré du cahier du Centenaire de Saint-Sauveur 1853-1953)
Jacqueline Dumas, SHGPH
Saint-Sauveur, avenue de la Gare
Une promenade avec monsieur Gilles Léonard.
À Saint-Sauveur, une des rues les plus achalandées, quelque soit le jour de la semaine, quelque soit l’heure du jour, c’est l’avenue de la Gare. Rares sont les visiteurs qui ne l’empruntent pas pour se rendre au centre du village ou pour en sortir. Elle n’est pourtant pas bien longue, mais elle a une histoire bien à elle, une importance que les autres n’ont pas. Dans un village, la rue qui mène à la gare, fait forcément toujours parler d’elle. Anciennement, c’était le chemin de la Station (façon de nommer la gare, et cela un peu partout au Canada français). Au cours des décennies suivantes, notre avenue de la Gare prend de plus en plus d’importance à cause des trains de skieurs. Chaque vendredi, et deux fois le samedi, pendant la « saison blanche », arrivent par centaines les jeunes skieurs de Montréal ou des environs.
« La rue devenait vite noire de monde », me dit-il. « C’était l’époque où la rue n’était pas ouverte en hiver aux automobiles. Les arrivants chaussaient leurs skis dès la descente du train et les voilà en marche, pour se chercher une chambre, pour une ou deux nuits. Le choix était grand car à chaque porte ou presque on pouvait lire « Pension ».
Mais comment se fait-il que tous ces gens- là ont des maisons de pension? Il me semble avoir lu quelque part que Saint-Sauveur est encore un petit village.
« Vous avez raison, mais si vous voulez, je vous propose un tour guidé ». Pour être logique, je parlerai d’abord de la gare. Elle faisait face à la voie ferrée.
Je crois qu’elle avait été construire vers 1895, puisque c’est à cette époque que la ligne de Chemins de fer de Montfort traversa Saint-Sauveur la première fois. Voisin de la gare, c’est la maison de pension de madame Michel située juste à côté du Val-Riant, hôtel très achalandé, au 61 de la Gare. L’hôtel était la propriété d’un certain monsieur Léonard, de Saint-Janvier, pas du tout parent avec ceux de Saint- Sauveur. La famille Bouffard habitait la petite maison juste à côté, aujourd’hui démolie.
Là, je me reconnais, c’est le 55, de la Gare, magasin de sport Trottier. Je suis déjà venu demander quelques détails à monsieur Fernand et je peux te dire qu’il en sait des choses.
« Avant d’aller plus loin, il ne faut pas oublier que de l’autre côté de la voie ferrée, il y avait quelques maisons dont je me rappelle : chez Paul-Émile Prévost maître poste pendant longtemps et chez René Bélanger, son voisin. Sur le côté ouest de l’avenue de la Gare se trouvait une station d’essence tout près du cinéma dans les années 50 et 60. Aujourd’hui on pourrait situer tout ça dans le stationnement du restaurant Laurence. Armand Baillargeon s’occupait du cinéma et habitait la maison voisine. Au numéro 64, maison aujourd’hui démolie, se trouvait une des premières boutiques de skis, celle de Raoul Lapointe.

Ah!, dans la prochaine maison, numéro 50, je suis déjà rentrée; c’est un agréable restaurant français nommé La petite Sologne.
Je sais que cette maison a été achetée par la famille de Adonias Forget à partir de 1940 et pour de nombreuses années. La voisine, Madame Carpenter opérait une grande « Pension » d’une quinzaine de chambres. De nos jours elle a été démolie et reconstruite pour différents commerces.
Il n’en est pas de même pour l’immeuble suivant, toujours en place : l’ancienne auberge « Norway House ». Entre les deux guerres, un certain Rolf Endrey, venu de Norvège, avait construit cette grande maison pour accueillir des visiteurs venant de partout. Son fils Ralph et sa femme Doris ont pris la relève pendant de nombreuses années. Aujourd’hui l’édifice loge au moins trois commerces. Je serais curieuse de savoir combien de gens ont déjà observé la petite maison de pièces tout au fond de la cour; presque perdue dans la verdure, c’est un bijou. Elle a sans doute une histoire, mais qui pourrait nous en dire plus ? En attendant je peux au moins vous la faire voir. Le propriétaire me dit qu’elle changera de place bientôt, je vais la suivre à la trace et vous en reparlerai.
30, avenue de la Gare


À la porte voisine, celle des Desjardins était toujours très achalandée. Ensuite c’est la maison des Ratelle; André habite toujours la maison de ses parents au numéro 18. Plus loin, il y avait le barbier et plus tard Roméo Lafleur (avec ses taxis) au numéro 24. Pendant plusieurs années, le bureau de poste occupait l’espace d’à côté, avant d’être reconstruit au 20, de la rue Filion.
Vous voulez dire que c’était là, où on voit aujourd’hui, la maison bleue de l’âge d’or? Exactement.
Et nous sommes rendus au coin de rue Principale, ou presque. « Dans les années 50 et 60, il y avait de l’action ici, surtout le soir et même … la nuit. C’était le Bar, le Paw-Waw, au 10 de la Gare.
Les skieurs et autres vacanciers passaient de joyeuses soirées. L’hôtel «The Inn » occupait le coin de la rue, voisin de l’hôtel Nadeau, avec sa façade sur la rue Principale. »
Aujourd’hui, on y trouve la Banque Nationale et son stationnement.
Nous nous arrêtons le temps de prendre un bon café…
Nous poursuivons notre visite de l’autre côté de la rue. Le restaurant qui longe l’avenue de la Gare est de construction un peu plus récente. L’emplacement a été longtemps pour nous, les petits garçons des environs, notre terrain de jeux, surtout l’hiver. La maison suivante, le 11, avenue de la Gare, a de l’histoire. C’est la famille Bastien qui y habitait; ils avaient plusieurs enfants, mais eux aussi prenaient quelques chambreurs au temps du ski.

Au cours des dernières décennies, la maison a subi plusieurs agrandissements, mais la partie avant, avec le pignon donnant sur la rue est d’origine et doit être conservée telle quelle.
« Tout en marchant, nous arrivons chez Léonard Fisher qui logeait également des skieurs; les tarifs étaient à peu près les mêmes partout, soit 2 $ par personne pour une nuit. Ça paraît peu mais dans ce temps-là c’était un revenu d’appoint non négligeable. Même Bob Crighton, l’agent de la gare, prenait des pensionnaires à l’occasion. Aujourd’hui, le 15 de la Gare est devenu une boutique très connue.
Et nous voilà rendus devant le 21 de la Gare qui fut longtemps ma maison et aussi mon lieu de travail.
Racontez-moi un peu, comment votre père est devenu épicier.
« Mon père, Télesphore Léonard, avait acheté cette grande maison d’un dénommé Fournel, en 1939, avec l’idée d’ouvrir une épicerie. Mon père était fils de cultivateur de Saint-Sauveur. Jeune garçon il avait travaillé pour la famille Dionne, épicier important de l’ouest de la rue Sainte-Catherine à Montréal. Ils avaient leur résidence d’été au lac Millette. Mon père devint chauffeur pour monsieur Dionne. Plus tard, il l’engagea à son épicerie et lui confia le département de fruits et légumes.
Le jeune Télesphore se plaît à ce travail et se rend compte que son patron a confiance en lui. Il fait la connaissance d’une jeune fille de la ville dont le frère travaille aussi à l’épicerie Dionne. En 1935 Il marie Marguerite Amyot et s’installe quelque part à Outremont, c’est là que je suis né. Mon père avait vraiment pris goût au commerce, mais rêvait de revenir dans sa région natale. J’avais trois ans au moment où il s’installe avenue de la Gare. Au début, une seule pièce de la maison sert au commerce et graduellement, le Marché T. Léonard prendra place. Mes parents voulaient que j’étudie; je suis allé pensionnaire à Mont-Laurier, moins longtemps qu’ils le désiraient. Très jeune j’aimais aider mon père au magasin; il a vite compris que j’aimais mieux servir les clients que d’étudier le grec ou le latin. Mon frère n’ayant pas les mêmes goûts que moi, mon père pouvait tout de même compter sur une relève. Pendant 34 ans j’ai accueilli et servi la clientèle.
Au milieu des années 80, un incendie ravage une partie importante de la bâtisse. On décide alors de ne pas reconstruire. Mon père Télesphore Léonard décède à Saint-Sauveur en 1998, il avait 89 ans, et ma mère Marguerite en 2005, à l’âge de 94 ans.

Quand je suis arrivée à Saint- Sauveur, je me rappelle qu’il y avait ici sur l’avenue de la Gare une maison ancienne construite sur la hauteur du terrain, un peu éloignée de la rue.
C’était une pension à l’année, pas seulement au temps du ski. Elle avait été construite en 1880. C’était la pension Bradberg. À cette époque, il était courant que les gens de la ville envoient leurs enfants passer quelques semaines, voire les vacances entières, afin de profiter de l’air pur de la campagne; parfois la mère les accompagnait. Cela explique la raison de tant de pensions et d’auberges dans ce petit village tranquille au pied des montagnes.
Merci monsieur Gilles. Vous en saviez des choses sur votre avenue de la Gare.

À mon tour, je vous parle de la maison suivante « La Pension Hébert ». Quelques jours auparavant, j’étais venue prendre des photos. Depuis longtemps déjà j’observais cette grande maison aux allures accueillantes; j’avais hâte de connaître son histoire. J’ai dit la « Pension Hébert », parce que Arthur Hébert, grand propriétaire terrien ailleurs dans le village, l’a construite il y a maintenant quatre-vingt- quatre ans. Arthur était marié à Germaine Chartier, fille de Bruno Chartier et de Marie-Louise Latour.
Au début, il avait construit une petite maison qu’il déplaça vers l’arrière de son terrain dès l’année suivante afin d’y ériger ce qui serait une véritable auberge : le « Mountain View Room ». Nous sommes en 1925, emplacement bien situé près de la gare; c’est un avantage. Monsieur Hébert possédait aussi un poulailler à l’arrière de sa maison. À chaque année, il ajoutait une autre petite maison qu’il louait à des jeunes familles et par conséquent, il transportait le poulailler un peu plus loin. Si bien qu’un jour, regardant son œuvre avec contentement, il se dit onze c’est assez…! Ce n’était pas une rue mais bien toujours la propriété d’Arthur Hébert. À l’avant dans la grande maison, Madame Germaine gardait toujours des pensionnaires. Les enfants ne la dérangeaient pas du tout; elle était issue d’une famille de seize. On nomme donc la cour arrière : la p’tite rue des cordes à linge, jusque vers 1960.
Les Hébert eurent trois filles : Jacqueline, Marguerite et Madeleine.
Les années passent… En 1958 Jacqueline marie Jean-Pierre Dorais, lettreur. Il installe sa boutique d’enseignes et de lettrage dans une nouvelle construction toujours dans la cour et la garde jusqu’à son décès en 1980. Pendant ce temps, l’auberge change un peu de vocation. Les petites maisons ont été démolies et font place à de plus grandes. Plusieurs commerces tels vitrerie, ébénisterie s’installent du côté de l’auberge. En 1975, le fils de Marguerite, petit-fils de Germaine, achète le tout. Graduellement, il délaisse les différents commerces; il rénove le tout et poursuivra l’œuvre de sa grand-mère.
Michel Flynn et sa femme Diane ont redonné vie à la Pension Hébert, devenue l’Auberge de la Place depuis près de vingt ans déjà. À Saint-Sauveur, l’œuvre de Germaine et d’Arthur Hébert est encore bien vivante après quatre-vingt-quatre ans.


Les « Belles » de l’avenue de la Gare





Quatorze personnespouvaient y prendreplace pour aller et venir de la gare
LM-112-05
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