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Musée Zénon Alary

ORIGINE DU MUSÉE ZÉNON ALARY

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MONT-ROLLAND

En 1962, pour faire place à l'autoroute, la maison du sculpteur Zénon Alary était démolie. Vingt ans plus tard, je peux dire: "C'é­tait un heureux hasard."


En effet, mon époux et moi, avions ainsi l'insigne honneur d'accueillir comme voisin ce grand sculpteur natif des Laurentides.

(Saint-Sauveur-des-Monts)


L'idée de conserver et de protéger l'œuvre d'Alary est née lors du scandale qu'avait causé la perte d'innombrables trésors de nos églises durant les années 60..

Qui dit musée, dit sauvegarde du patrimoine: c’est donc un musée qu'il fallait pour conserver l'héritage culturel légué par Zénon Alary.


Le cheminement fut ardu, à cause du manque d'expérience et du peu d'intérêt que suscitent les musées. C'est pour cette raison qu'il faut créer un nouveau genre de vie collective autour du musée où il fera bon vivre.


Le musée dédié à la mémoire de Zénon Alary existe depuis deux ans. Il est ouvert tous les samedis et dimanches.

Les directeurs demandent votre collaboration pour retracer des sculptures d'Alary.

Simone Constantineau


AUTOROUTE DES LAURENTIDES, SORTIE 67 OU ROUTE 117, PONT DE MONT-ROLLAND


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ZÉNON ALARY, sculpteur


LE SOLITAIRE

Homme de silence, farouche, noble, fier, pauvre, vêtu de la plus curieuse des façons, mais libre. Détaché des convenances, économe mais nullement attaché à l'argent. Individualiste, honnête, au point de reconnaître ses propres erreurs. Tel est le portrait d'un homme qui fut, modestement, l'un des grands du Québec, Zénon Alary.


Sculpteur-animalier, il n'a pas inventé la sculpture sur bois, mais il a inventé son art. Rien, en effet, ne le destinait à la carrière de sculpteur. Dès sa tendre jeunesse, il aimait dessiner, sans jamais avoir entendu parler du dessin ou des arts. Mais, dans sa famille, crayonner n'était pas travailler et, dès l'âge de seize ans, il dut s'atteler à divers métiers qui, pour beaucoup, n'avaient rien d'artistique mais dans lesquels Alary, avec son âme de poète, sut puiser les bases de sa future inspiration. D'où sortent les nombreux animaux, si bien campés, si ce n'est des bois dans lesquels il a travaillé durant quatorze ans à "faire la drave", comme il le disait lui-même? C'est tout bonnement un de ces hivers, en Ontario, que l'idée germa en observant un de ses compagnon de travail, polonais, qui sculptait une figure dans un banal morceau de bois.


Lent et posé, l'idée mûrit longtemps. Mais quand il eut quelques loisirs, il s'empressa de tenter l'expérience. Il prit un bout de bois et avec un couteau de poche pour seul outil, il sculpta une figure. Modeste, il la trouva laide, mais s'aperçut qu'il était capable de donner vie à un vulgaire morceau de bois et cela l'encouragea.


Il se mit à parcourir les articles de journaux et les revues qui parlaient d'artisanat. Il écoutait les conseils de ceux qui s'intéressaient à son "tra­vail-amateur," disait-il à cette époque, lui qui était journalier dans une compa­gnie de chemin de fer. Un de ses souhaits les plus chers: rencontrer Médard Bourgault et Elzéar Soucy.


À Montréal, vers les années 1930, il trouve un emploi dans une manufacture, puis dans quelques chantiers de construction. Ce qui lui permet de s'inscrire au cours de modelage du Monument National.


Ses professeurs, Elzéar Soucy-- .un de ses rêves est réalisé- et Alfred Laliberté. Deux mois de cours, mais ces quelques mois valent bien des années passées à l'école pour d'autres. Il n'a jamais oublié les conseils qu'on lui avait prodigués.


Avec des outils de fortune, il sculpte un coq. Un ami lui assure alors qu'il possède un réel talent et le fait engager

comme tailleur de pierre. Il éprouva beaucoup de joie à travailler dans des édifices comme la Sun Life ou l’église Sainte-Philomène de Rosemont. "J'étais pas méchant là-dedans", affirmait-il.


"Quand vous passerez devant l'église, vous remarquerez les gros anges au­ dessus du portique. Il y a de mon travail là-dedans, et j'en ai éprouvé une grande satisfaction." Car, la sculpture était maintenant devenue son "travail". Il ne fallait pas s'y méprendre, c‘était sa joie, son pain quotidien– le vrai lui fit souvent défaut, car les mauvaises années étaient venues- mais il ne prenait jamais de raccourci facile. Il recherchait toujours la précision, l'exac­titude des gestes, des mouvements, des traits et, sans se lasser, il retouchait un détail jusqu'à ce qu’il soit sûr de la perfection. C’était vraiment un travail. Le temps était à son service et non lui au service du temps. Il ne cherchait jamais à voir immédiatement le résultat. Il travaillait avec lenteur, sérénité. Donnant le meilleur de lui-même, il était habité par un secret désir de dépassement. Ce qui ne l'empêchait nullement de demeurer très critique envers ses œuvres. Malgré des années de misère, et même de dénuement total, il s'est toujours refusé à vendre n'importe quoi. Lorsqu'on lui demandait de fabriquer des petits souvenirs, faciles à exécuter, il rétorquait: "Faudrait que je mette mon nom là-dessus". Non, il n’était pas né pour les souvenirs à dix sous , mais pour des œuvres d'art. Il admirait trop la nature et elle le lui a bien rendu— pour la trahir en la déformant. Et qu'importe le temps, à un homme qui s'arrête pour regarder des fourmis déménager?


LE GRAND PUBLIC


Toujours équipé d'un couteau de poche et d'une douzaine d'outils dont quelques-uns fabriqués avec de vieilles li­mes, les oeuvres s'améliorent et Zénon Alary commence à faire son chemin dans la vie comme sculpteur-animalier. Il vend quelques œuvres. Entre autres au Sénateur Jules­ Édouard Prévost de Saint-Jérôme. Puis, c'est l'exposition de la Foire Jeanne-Mance où, pour la première fois, il peut prendre contact avec le grand public. Il s'assure quelques clients qui ne lui font plus défaut. Paul Gouin lui confie d'importantes commandes.


Enfin, c'est la consécration, grâce à M. Valmore Gratton de l'Office d'Initiative économique; on lui demande d'exposer ses œuvres à l'Île Sainte-Hélène. C'est en 1940. Ses œuvres se vendent bien. Il voisine avec les frères Bourgault de Saint-Jean-Port-Joli son deuxième rêve se réalise enfin. C'est un homme patient, il a su attendre. À propos de sa patience, une de ses proches, Madame Simone Constantineau, remarque en souriant: "Il possédait une sagesse tellement patiente qu'elle impatientait parfois.

Son ambition se réalise: s'il ne vit pas d'une façon prospère, il vit d'une façon honorable grâce à son travail.


Homme de nature, de forêt et de grands espaces, solitaire sans solitude-­ son art l'accapare il recherche l'isolement et le trouve à Mont-Rolland où il plante ses racines. Avec son chien, il parcourt les bois, inlassablement, et chaque jour il découvre une forme, un mouvement, un être; il y puise son inspira­tion.


D’ailleurs, ne vivait-il pas avec la nature, se couchant quand il commen­çait à faire noir et se levant à l'aube? Il vivait avec les saisons.


L'HOMME


Grand animalier, l'humain ne lui était pas étranger

Discipliné, dans un sem­ blant de désordre, il savait organiser ses jours. À sa manière.Très libre, un peu altier, il se moquait intérieu­rement du monde. Faisait à sa guise, vivait à l'écart mais ne dédaignait pas de visiter une exposition de peinture.

Une de ses plus belles victoi­res est peut-être, justement, d'être resté fidèle à lui-même. Contre vents et marées. Il était libre. Libre, même du confort de la vie moderne. Il

s'habillait n'importe comment, mais était toujours propre, rasé. Beau grand vieillard, aux yeux bleus mi-tristes, mi-rêveurs, il prenait grand soin de sa personne et de son teint. À soixante-quinze ans passés, orgueilleux, il se tenait toujours droit comme un "i". Chaque jour, il s'astreignait à faire des exercices d'assouplissement- encore là à sa manière. Il se nourris­sait bien, aimant les aliments sains, naturels, mais les oubliant souvent sur le feu; il croyait dans les vertus de l'ail, de l'oignon et des pissenlits. Un pot de miel vide lui servait de verre à eau et des copeaux, de tapis. Peu lui importait. C'est ainsi qu'il était heureux. C'était un grand "tilleul" immuable qui détestait les rideaux parce qu'ils cachent la lumière et empêchent de voir les arbres.


Pour son entourage, c'était un homme simple, profondément humain, qui n'acceptait ni l'injustice ni l'hostilité. Avant de s'engager, il jugeait les gens et son jugement était bon. Il lui suffisait d'observer les personnes qui visitaient son atelier, la manière dont elles prenaient les objets, les regardait.


Si l'examen était satisfaisant, il allait même jusqu'à donner l'objet. Il scrutait les gens, les jugeait. Il avait horreur des bavardages stériles. Il aimait une conversation lucide d'homme mûr.


Libre, anti-conformiste, ne travaillant pas pour de l'argent, il n'a jamais cherché à dominer autrui. Sa liberté passait par celle des autres.


Il avait un grand respect des êtres et des choses. Il pas­sait presque autant de temps à aiguiser ses couteaux qu'à sculpter.


LE PATRIMOINE


D'outils froids et d'une banale pièce de bois il arrivait à faire naître la vie.


Né à Saint-Sauveur, le 19 octobre 1894, Zénon Alary est mort à 80 ans, le 21 octobre 1974. Ses contemporains ne l'ont pas toujours soutenu ni même compris- comprend t’on un être d'exception? Pourtant, lui, avait conservé une espérance dans son peuple qu'il appelait à se dépasser. Quelque temps après sa mort, le 10 avril 1975, un comité Zénon Alary a été mis sur pied afin de perpétuer le nom de ce grand artiste en recueillant le plus grand nombre possible de ses œuvres, et, ainsi, constituer un musée permanent à sa mémoire.


C’était un des grands du Québec. Peu instruit, il s'appliquait à bien parler. Non conforme à son époque, on le jugea souvent fort mal, mais à l'exem­ple d I artisans de son espèce… il a forcé le succès grâce à une ambition bien comprise." .

Michelle Josse


* Jean-Marie Gauvreau, Artisans du Québec, Les Éditions du Bien Public, 1940.

Texte de Michelle Josse. Édité par LA GALERIE D'ART DU VIEUX PALAIS,de Saint­-Jérôme, en collaboration avec LE SERVICE DES LOISIRS DE LA CITÉ DE SAINT-JÉRÔME et LE COMITÉ ZÉNON ALARY DE MONT-ROLAND.


Dépot légal: 2e trimestre 1978. Bibliothèque nationale du Québec.

NOTE: Reproduction du texte autorisée par écrit, le 26 octobre 1982, par M. François Lauzon, directeur de la GALERIE DU VIEUX PALAIS, Saint-Jérôme.


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