SAINT-SAUVEUR-DES-MONTS
- Mélanie Tremblay
- il y a 2 jours
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Aspect géographique et historique du territoire
NOTE: Texte tiré de l'ALBUM-SOUVENIR du centenaire de Saint-Sauveur-des-Monts (1853-1953)
La paroisse de Saint-Sauveur-des-Monts est située à quarante milles de Montréal, à treize milles au nord de Saint-Jérôme. Elle est une "fille" de Saint-Jérôme et la "sœur" de Sainte-Adèle. Il y a cent ans, le territoire qu'elle occupe a été détaché de la paroisse de Saint-Jérôme, et sa sœur aînée, Sainte-Adèle, ne la dépasse, en âge, que d'une année. C'est donc dire qu'à l'origine, l'histoire de Saint-Sauveur est intimement liée à celle de ces deux paroisses voisines.
Jadis, quand Sainte-Agathe n'existait pas encore, avant même que le curé Labelle, le Roi du Nord, eût commencé à explorer son royaume et à y pousser des colons, Saint-Sauveur pouvait paraître bien éloigné de Montréal. Arthur Buies n'écrivait-il pas, dans une chronique datée du 24 août 1882, qu'à cinq ou six milles de l'église de Saint-Jérôme, commençait la forêt, une forêt épaisse, infinie, regardée comme inaccessible. On croyait avoir atteint la limite des terres cultivables et le nom de "nord" signifiait qu'il n'y avait plus, au-delà de Saint-Jérôme, qu'un printemps fugitif, qu'un été illusoire..."
Aujourd'hui, depuis surtout la construction de routes modernes, les distances ont disparu comme par enchantement, et Saint-Sauveur-des-Monts a perdu cet aspect de "pays lointain".
Ce territoire que nos ancêtres ont péniblement parcouru à pied et en voiture à travers les rudes sentiers et les mauvais chemins, pour en découvrir tous les aspects, on peut maintenant le survoler en avion et l'embrasser d'un coup d'œil. Ramené à ses limites primitives, il a à peu près la forme d'un vaste trapèze renversé dont la grande base, au nord, mesure environ six milles et demi de longueur, et la petite base, au sud, environ deux milles et trois quarts; le trapèze a six milles de hauteur. Seule la partie est formée par la Concession de la Rivière du Nord et une petite partie du canton d'Abercrombie, rend irrégulière cette forme géométrique. Cette étendue de 26,710 arpents est limitée, au nord, par le Canton Morin, à l'est, partie par la paroisse de Sainte-Adèle, par la paroisse de Saint-Hippolyte et le Canton d'Abercrombie; au sud, par la paroisse de Saint-Jérôme et à l’ouest, par la municipalité des Mille-îles, comprise dans le comté d'Argenteuil.
Le territoire de la municipalité de Saint-Sauveur-des-Monts est comprise totalement dans l'augmentation de la Seigneurie des Mille-Îles. Il convient de retracer ici l'histoire de ce domaine qui remonte au régime français. Cette Seigneurie porte le même nom que la Rivière qui en forme la limite sud. Le nom de la rivière des Mille-Îsles provient de la multitude de ses îles. Dans ses écrits de voyages au Canada, le R.P: Charlevoix signale que "... Le troisième bras du fleuve est semé d'un nombre d'îles si prodigieux qu'il y a presque autant de terre que d'eau. Ce canal porte le nom de Mille-Isles ou de Rivière Saint-Jean"... La seigneurie des Mille-Isles avait d'abord été concédée, le 24 septembre 1683, au sieur Du Gué de Boisbriand, par le gouverneur M. de la Barre. Ce domaine qui comprenait trois lieues de long par trois lieues de profondeur, commençait au Pont David, suivait les rives de la rivière vers Saint-Eustache sur une longueur totale de neuf milles et s'avançait aussi à neuf milles dans les terres, l'extrémité nord de cette profondeur s'arrêtant à la Côte Saint-Pierre, le premier chemin transversal au nord du village actuel de Saint-Janvier. Redevenu domaine de Sa Majesté, le 1er mars 1714, elle était,quelques jours après, le 5 mars, concédée de nouveau par le gouverneur Rigaud de Vaudreuil, aux sieurs Gaspard de Langloiserie et Jean Petit, gendres de Du Gué de Boisbriand, la partie est, comprenant quatre milles et demi de front sur la rivière et une profondeur de neuf milles (territoire de Sainte-Thérèse et Saint-Janvier, aujourd'hui) attribuée à Langloiserie, et la partie ouest, de même étendue (une partie de Saint-Eustache actuel) attribuée à Petit. Le 20 janvier 1750, le sieur Eustache-Lambert du Mont ou Dumont, qui avait épousé, en octobre 1733, Charlotte Petit, fille de Jean, se trouvait avec elle, héritier de la partie nord de la seigneurie des Mille-Isles, et obtenait du gouverneur Jonquière, la concession d'une augmentation de la même seigneurie. Cette augmentation était, en arrière du fief original, un vaste territoire qui constitua principalement, en 1834, la paroisse de Saint-Jérôme. L'abbé Élie Auclair précise, dans son Histoire de Saint-Jérôme, que "le territoire de Saint-Jérôme était celui de l'augmentation de la seigneurie des Deux-Montagnes, le tout couvrant environ six milles de front sur dix-huit milles de profondeur. Mais, dans la suite, plusieurs retranchements ont été effectués pour former d'autres paroisses et d'autres municipalités."
Arthur Buies, dans sa chronique du 24 août 1882, affirmait, que" Saint-Jérôme, comme paroisse, n'avait pour ainsi dire pas de limites. Elle s'étendait indéfiniment vers le nord...". C'est l'un de ces "retranchements", la dernière partie nord de cette augmentation ou continuation, limitée par le canton Morin, qui constitue le territoire de Saint-Sauveur-des Monts.
Comme les "Vieux", les "Anciens" parlent encore du seigneur Globensky, il convient de donner les détails qui suivent, pour expliquer comment il se fait que la seigneurie soit passée des Dumont aux de Bellefeuille et aux Globensky.
Eustache-Lambert du Mont ou Dumont, le mari de Charlotte Petit, mort à Québec en avril 1760, avait légué son domaine seigneurial à son fils aîné, Eustache-Louis-Lambert Dumont qui, à sa mort, en mai 1807, transférait son "bien" à ses deux enfants: sa fille, Louise-Angélique Dumont, qui épousa à Saint-Eustache, en février 1793, Antoine le Febvre de Bellefeuille, et son fils, Eustache-Nicolas-Lambert Dumont, qui épousa en 1800, demoiselle Narcisse Lemaire-Saint-Germain. De ce dernier mariage est né, entres autres, un fils Charles-Louis-Lambert Dumont, marié à demoiselle Roy-Bush, dont la fille unique, Virginie-Marguerite, épousa, en 1854, Charles-Auguste-Maximilien Globensky, de Saint-Eustache.
Cette petite patrie qui est la nôtre, offre un aspect des plus pittoresques. Il y a presque cent ans, un apôtre de la colonisation, le recorder T. de Montigny, nous faisait la description suivante: "La route de Saint-Jérôme à Saint-Sauveur est très poétique. Elle longe tantôt à 1'est, tantôt à l'ouest, la rivière du Nord qui serpente à travers des collines d'un riant aspect. Son lit est quelquefois côteleux, mais ses eaux, presque toujours calmes, reflètent la sérénité des cieux. L'étoile y scintille le soir avec l'ombre des arbres qui les rendent sombres même le jour. Les eaux se précipitent quelquefois en bouillonnant des rochers à fleur d'eau, et forment des cascades écumantes, dont la course folâtre s'annonce au loin par un babil qui porte à la mélancolie. L'industrie a placé sur ces torrents des moulins qui mêlent leur voix à cette clameur constante des chaussées qu'à ménagées la nature ou qu'à élevées le génie de l’homme... Cette Rivière du Nord est charmante dans tout son parcours. Au pont Shaw, après avoir traversé la rivière, on entre dans une gorge que forme une chaîne de montagnes d'une imposante majesté; ces montagnes révèlent par leurs cailloux entassés qu'il y a eu autrefois des bouleversements terribles. Ces rochers entassés, ces lacs qui y ont surgi, ces minerais qui s'y croisent, ces veines qui sillonnent les rochers dénotent des convulsions effrayantes..."
"Je dois dire qu'il y a à Saint-Sauveur, surtout sur le versant des montagnes qui font face au chemin de fer et dont le pied se baigne dans la rivière du Nord, des sites ravissants et que devront se disputer ceux qui désirent une résidence de campagne saine, commode et vraiment superbe..."
"Le village de Saint-Sauveur est pittoresquement bâti sur une élévation, et il ne manque pas de montagnes pour accidenter le terrain et faire écho à la cloche de l'église... Les deux chaînes de montagnes qui forment une gorge, sont d'un côté, les montagnes du Lac Marois rejoignant les montagnes de Sainte-Elmire, puis celles de la Côte Saint-Lambert, les fameuses côtes de ski 69, 70, 71 et enfin les hauteurs de la partie ouest de cette même côte; l'autre chaînon, à droite en montant de Shawbridge, ce sont les montagnes du Canton d'Abercrombie... se dirigeant vers Sainte-Adèle."
À l'exception du vallon du Grand Ruisseau, où l'on trouve surtout des terres sablonneuses, le reste du territoire, très montagneux, contient une terre jaune, propre à la culture des céréales, de la pomme de terre, du maïs; mais le sol est excessivement pierreux. Au début de la paroisse, ces montagnes étaient recouvertes de bois franc; érable, merisier, hêtre; on trouvait également de beaux secteurs d'épinettes, de sapins, de pruches, et de mélèzes. La richesse des forêts fut pour les pionniers un précieux moyen de subsistance.
Si Saint-Sauveur-des-Monts fut autrefois une paroisse à peu près exclusivement agricole, ses citoyens ont su utiliser le charme de sa luxuriance.

LM-018-31



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