Mont-Gabriel
- Mélanie Tremblay
- 10 sept.
- 61 min de lecture
Les bâtisseurs
Par Robert Miron
Robert Miron est moniteur de ski au Mont-Gabriel depuis 50 ans. Pour assurer la pérennité historique de l’institution qu’est l’Hôtel et le ski Mont-Gabriel, il a décidé de regrouper des photos et des documents relatifs à l’histoire du Mont-Gabriel. Il nous la raconte de ses débuts jusqu’à aujourd’hui. Abondamment documenté, le texte est émaillé de plusieurs anecdotes et faits divers. Nous vous en présentons une version abrégée.

Introduction
L’histoire du Mont-Gabriel demande de mettre en perspective quelques faits, événements et personnages qui permettront de mieux comprendre cette merveilleuse aventure. Tout au long de ce récit, je ferai donc référence à ces événements, groupes immobiliers et activités qui se sont succédés au cours des années.
L’Épopée du Mont-Gabriel1 fait mention que « Vers 1920, existe le rang Gabriel. Ce chemin part de la rue Valiquette à Sainte-Adèle jusqu’à la fin de la rue des Mélèzes près du Mont-Gabriel. En 1934, le Marquis Nicolò degli Albizzi aurait baptisé le Mont-Gabriel en fonction de ce chemin. »
Sur une carte des pistes de ski de fond de 1933 (« Laurentian ski Map »), nous pouvons y voir l’inscription « Barn Hill » à l’emplacement actuel du Mont-Gabriel. Nous pouvons également voir, sur d’autres cartes, que tout le secteur fait partie de « Rang Gabriel ».
Nous pouvons également voir, sur d’autres cartes, que tout le secteur fait partie de « Rang Gabriel ».
Je n’ai pas été en mesure de valider l’existence du chemin « Rang Gabriel » ni l’historique du « Barn Hill », mais en ce qui me concerne, les débuts du Mont-Gabriel se font sur le versant sud-ouest de la montagne avec l’accès par la montée Constantineau et le chemin Legault. À mon avis, le Mont-Gabriel a été nommé ainsi en raison de sa position au cadastre des terres du plan officiel de juin 1880, partie du cadastre de la paroisse de Saint-Sauveur, comté de Terrebonne. Le regroupement des lots 475 à 540 était identifié comme faisant partie de « Côte Saint-Gabriel sud-ouest ». Le même constat apparaît au plan officiel d’avril 1882 de la Paroisse de Sainte-Adèle, partie située dans la Seigneurie des Mille-Isles, Comté de Terrebonne, pour les lots 1 à 12 faisant partie de « Côte Saint-Gabriel ». Pour leur part, le Marquis Nicolò degli Albizzi et dame Marie-Joséphine Hartford ont acquis les lots 534 à 540 de « Côte Saint-Gabriel sud-ouest » et les lots 1 à 7 de « Côte Saint-Gabriel » dans les années 1934, 1935 et 1936. C’est ainsi, selon mes recherches, que naquit le Mont-Gabriel.
Dans plusieurs documents ou cartes postales d’avant-guerre, on trouve la mention « Mont-Gabriel, Piedmont ». Il faut se rappeler que dans les années trente, « le service ferroviaire, le train de neige tel qu’on le surnommait à l’époque, offre la possibilité de venir pratiquer ce sport sans avoir les tracas de la route.2»
1Épopée du Mont-Gabriel, Charles Latulippe, 2000, page 24.
2Saint-Sauveur se souvient! Denis Landry, journaliste, 10 juin 2013. http://lu.nouvellesduquartier.com/articles/363/1/Saint-Sauveur-se- souvient-/Page1.html.

La gare de Piedmont était la plus proche du Mont-Gabriel et en débarquant du train, les skieurs avaient vue sur les pentes du côté sud du Mont-Gabriel dont la fameuse Scott Slip, la O’Connell d’aujourd’hui.
Columbus O’Donnell3: « Je me souviens, lorsque j’avais 9 ou 10 ans (1935 ou 1936) d’avoir pris le train de nuit de New-York vers Montréal et, par la suite, un train local jusqu’à la gare voisine du Mont-Gabriel. Le transport vers l’auberge se faisait en traîneau tiré par deux chevaux ». Cette dernière anecdote m’amène à vous parler de l’accès aux terres de la ferme de dame Léa Trottier, veuve de Joseph Constantineau, qui constituent actuellement les terrains de l’auberge et du golf Mont-Gabriel.
La première photo, préparée par mon amie Louiselle Saint-Laurent, offre une vue aérienne actuelle du Mont-Gabriel sur laquelle nous avons ajouté des notations montrant les différents repères du versant sud-ouest, empruntant la montée Constantineau et le chemin Legault en direction de la ferme de la famille Constantineau, tels qu’ils se présentaient en 1936. La ferme de Joseph Lavergne, sur le lot 535, alimentait en œufs et en crème la Pension du Cap alors propriété d’Éloi Legault, père de Florent Legault.
3 Les citations de M. Columbus O’Donnell, fils de Marie-Joséphine Hartford, sont des traductions libres d’extraits de courriels échangés entre nous.

Je parlerai à plusieurs occasions de ce dernier car il a été témoin de cette époque et il a été, à mon égard, très généreux de son temps. Vous pouvez également en apprendre davantage à son sujet en consultant l’Épopée du Mont-Gabriel 4.
Il y a deux tracés qui traversent les lots 534 à 536 et qui menaient à l’Auberge Mont-Gabriel. Selon Florent Legault, le tracé était à ses débuts en forme de Z et par la suite il zigzaguait jusqu’au sommet. « Les cultivateurs l’avaient surnommé le chemin en lacet5. » Ce territoire est actuellement occupé par un développement immobilier connu sous le nom de « Manoir Gabriel ». Un aviateur, le capitaine Allan Andrew, dont je parlerai plus loin, s’est construit une maison sur le lot 534 aux abords du chemin en lacet, à l’emplacement actuel d’une résidence privée.
La deuxième photo offre également une vue aérienne actuelle du Mont-Gabriel sur laquelle nous avons ajouté des notations montrant les différents repères des versants sud-est, nord et nord-nord. Nous pouvons y voir le chemin Gabriel appelé Le Boulevard et la Granny Trail menant au versant nord/nord près du site des sauts. À noter que l’Auberge Mont-Gabriel est située presqu’à l’endroit initial des bâtiments de la ferme des Constantineau sur le lot 537. Ces derniers possédaient également les lots 538 et 539. Nous avons identifié, en rouge, la remontée en traîneau (A) et les remontées « rope tow » (B, C1-C2, D, E et F) dont nous parlerons plus en détail dans le texte. À noter le Deck House, le Hill Side House, le chalet nord-nord et la clinique le Train. Nous en parlerons également plus en détail.
4 et 5 Épopée du Mont-Gabriel, Charles Latulippe, 2000, p. 19-21 et 25.


Nicolò degli Albizzi,
« Le Marquis »
Le Marquis d’Albizzi a été le maître d’œuvre dans l’acquisition des terres qui sont devenues le Mont-Gabriel. En effet, selon les actes notariés qui ont été consultés, c’est le Marquis d’Albizzi qui acheta au mois d’août 1934 les ter- res connues sous les lots 534 à 540 dont nous avons parlé précédemment. Il a procédé à ces transactions pour le compte de dame Marie-Joséphine Hartford, alors que cette dernière en est devenue officiellement propriétaire le 13 octobre 1934. L’acte de vente mentionne que « La présente cession est en outre consentie pour et en considération du fait que le prix d’acquisition des sous-dits immeubles par le cédant (Marquis d’Albizzi) des divers propriétaires ci-dessus nommés a été payé par des deniers de la dite dame cessionnaire; le dit Marquis Nicolò degli Albizzi, cédant, n’ayant en réalité agi que comme procureur et mandataire de ladite dame cessionnaire6. »
Il est donc important de situer ce personnage dans le temps et de constater son implication dans le développe- ment du ski en Amérique du Nord. Voici donc un résu- mé de la vie connue et documentée du Marquis7.
« Le Marquis est né vers 1891. Deux médailles de guerre mentionnent sa naissance à St. Petersburg, Russie et une troisième sur l’île de Madère au Portugal. Son certificat de mariage8 du 15 mai 1936 indique, quant à lui, la ville de Funchal, Madeira. Son père Frédéric Peter9 était un diplomate Florentin servant à St. Petersburg et sa mère, Catherine Akinfov10, de la noblesse russe. Il est décédé en 1975 à l’âge de 83 ans et son corps serait inhumé dans le petit cimetière de San Felice de Benaco près du Lac de Garde11, Italie. » Il a vécu en Italie mais a passé une grande partie de sa vie en Russie où il aurait œuvré au sein de la cavalerie. « On disait qu’il était 1/8 Anglais, 1/8 Italien et 6/8 Russe12. » Comme on le verra plus loin dans le texte, les chevaux ont occupé une place importante pour une bonne partie de sa vie. « Il a dirigé des troupes italiennes en ski pendant la Première Guerre Mondiale. Sa réputation l’a sûrement devancé à New York avant d’être nommé vice-président et directeur des événements au Lake Placid Club vers 1923. Il y est devenu directeur des sports d’hiver pour la saison 1925-26. Il a quitté le Club en 1927. » Columbus O’Donnell, fils de Marie- Joséphine Hartford, me mentionne que « le contact entre ma mère et le Marquis s’est fait au Lake Placid Club alors que, jeune enfant, j’y passais du temps en période estivale. »
En 1928, le Marquis convainc les dirigeants du Canadian Pacific Railway de bâtir une auberge en bois rond, le Mount Assiniboine Lodge, au parc provincial du Mont- Assiniboine, Colombie-Britannique, pour une clientèle capricieuse.

Le 18 septembre 1929, il achète les lots 423, 424 et 427 dans la paroisse de Saint-Sauveur et transforme cette partie de montagne en piste de ski. Il lui donne le nom de Marquis Hill. Le nom change dans le temps pour Duke’s Ski Lift et finalement La côte de la Marquise qui, sous divers propriétaires, a été en opération jusque vers 1982. En 1930, le Marquis écrit un livre de 48 pages intitulé « Short Advice on Skiing. » Bien qu’il n’y ait aucune indication pouvant identifier l’éditeur et la date de parution, Jeff Leich, directeur exécutif du New England Ski Museum, me dit que ce livre aurait été publié à Saint- Sauveur-des-Monts et qu’il aurait été destiné aux skieurs canadiens.
6Acte notarié # 108334 du 13 octobre 1934.
7Journal of the New England Ski Museum, Issue Number 98, Fall 2015, by, E. John B. Allen.
8Certificate and record of marriage #13956 New York du 15 mai 1936 avec Kortryc Margaret Collier.
9Certificate and record of marriage #13956 New York du 15 mai 1936 avec Kortryc Margaret Collier.
10Certificate and record of marriage #13956 New York du 15 mai 1936 avec Kortryc Margaret Collier.
11Journal of the New England Ski Museum, Issue number 98, Fall 2015, by E. John B. Allen. John est professeur émérite d’histoire à l’Université de Plymouth et auteur de plusieurs livres sur l’histoire du ski.
12Lowell Thomas Papers, Box 702, File 26, page 140 le 3 mars 1943. Marist, Archives & Special Collections.
Le 25 septembre 1929, il achète une maison au 190-200 rue Principale à Saint-Sauveur. Il l’aménage en pension huppée, ouverte uniquement en hiver et dont la plupart des clients se recrutaient aux États-Unis et en Europe. Dans la revue Vogue13 du 15 décembre 1931, nous pou- vons lire: « À Saint-Sauveur, juste au nord de Montréal, un Italien nommé D'Albizzi possède une ferme qui peut accommoder près de 30 personnes; vous pouvez donc la louer pour y tenir votre propre réception. D'Albizzi donne des leçons de ski et gère l'établis- sement et l'opération entièrement seul. Il vous servira une bonne qualité de nourriture et vous chargera environ 5$ par jour pour la pension; il est un peu difficile dans le choix de ses clients. » Cyprien Lacasse14 cite deux dames qui ont travaillé à la pension du Marquis. D’abord, Mme Gilberte Ratelle : « Ce Marquis était un fort bel homme: grand (6 pieds 2 pouces), mince, élégant, charmeur; un vrai Adonis et célibataire par surcroît! » Aussi, Mme Rita Cloutier : « Le Marquis était un skieur de fond hors pair et souvent il skiait jusqu’à Saint-Jérôme pour aller y faire sa provision de vins recherchés. » Le Marquis vend la pension de la rue Principale à Saint-Sauveur le 15 mars 1938 au Duc Dimitri de Leuchtenberg de Beauharnais. Ce dernier était le cousin du Marquis15.
Une des clientes de la pension est Marie-Joséphine Hartford, de Oyster Bay, Long Island, New York. Florent Legault me mentionne que « le Marquis avait pris l’habitude d’aller faire du ski de fond avec ses invités sur les terres de la ferme des Constantineau, à l’emplacement de l’hôtel et du golf Mont-Gabriel actuel. C’est lors d’une de ces excursions à laquelle Marie-Joséphine Hartford participait que cette dernière serait tombée sous le charme de ce site ». Comme les lots 537 à 539 étaient déserts suite au décès, le 11 août 1929, de Joseph Constantineau, et que Joseph Lavergne, du lot 535, avait quitté sa terre le 19 juin 1933, l’espace était donc libre pour les escapades du Marquis. Florent Legault qui, vers 1933, a travaillé dans les cuisines de l’auberge du Marquis à Saint-Sauveur, a également « dammé/tapé » les pistes de ski du Marquis sur les terres du Mont-Gabriel. Il se sou- vient d’avoir emprunté un saut de ski fabriqué pour le Marquis et que ce dernier en aurait été fâché. Selon les documents consultés, le Marquis aurait temporairement habité la maison Lavergne après le départ de ce dernier. La carte des pistes de ski de fond de 1933 montre que le Mont-Gabriel était cerné par les pistes de ski de fond Maribou et Maple Leaf (St. Margaret Trail) en plus d’être traversé, à son sommet, par d’autres pistes. Mme Madeleine Gratton, épouse de Florent Legault, me mentionne qu’à la fin des années trente, les skieurs de fond venant de Saint-Sauveur par la piste Maple Leaf contournaient la falaise du Mont-Gabriel et empruntaient le remonte-pente “le traîneau’’ afin de se retrouver au sommet du Mont-Gabriel et ainsi continuer leur randonnée vers la piste Maribou, direction Christiville ou vers Saint- Sauveur en passant par la Pension du Cap ». Ici, j’aimerais que vous gardiez en mémoire le remonte-pente « le traîneau » dont je vous parlerai en détail un peu plus loin.
Florent Legault se souvient du petit lac qui existait à l’emplacement actuel de la piscine de l’hôtel et qui était utilisé par le Marquis comme patinoire. Un après-midi, après qu’il eut nettoyé la glace avec une charrue tirée par un cheval, le Marquis et une compagne s’étaient livrés à une démonstration de patin sous le rythme d’une musique classique, possiblement une valse. C’était, selon M. Legault, « très beau ». Cette anecdote m’amène à croire que sa partenaire devait être sa deuxième épouse, Kortryc Margaret Collier, née le 29 octobre 1911 à Cardiff, capitale du Pays de Galles, et dont le mariage fut célébré à New York le 15 mai 1936. Cette union vient remettre en question la rumeur à l’effet qu’à l’âge de cinquante ans, il épousa Mlle Makarovvoir citation 14. À noter que le premier mariage du Marquis avait été célébré le 21 janvier 1921 avec Mary B. Kifer, une Américaine de l’Iowa. « Cette dernière décéda quand l’embarcation, dans laquelle elle se trouvait avec le Marquis, chavira sur le Lac De Garde, en Italie16. »
« En 1939, il a été engagé par le général Alexander Rodzianko afin de fournir des chevaux provenant de l’Ouest canadien à la “Commission Française d’achats de chevaux” et devant servir pour la Seconde Guerre Mondiale. Il a parcouru plusieurs “ranchs” du sud de l’Alberta avec Pat Brewster afin d’acheminer les chevaux vers la France. À la capitulation de la France en juin 1940 et lorsque plus de 1 000 chevaux avaient déjà été regroupés, le projet a pris fin et n’a pas été reconduit17. » « Dans les dernières années de la guerre, le Marquis a travaillé pour Lowell Thomas, animateur de radio, explorateur et écrivain américain. Ce dernier possédait un domaine équestre à l’extérieur de la ville de New York18. À noter que Lowell Jackson Thomas19, qui était un fanatique du ski, a œuvré au développement du Mont-Tremblant. » En 1947, le Marquis a été consultant pour un groupe d’hommes d’affaires intéressés à développer un centre de ski à Tres Ritos, 30 milles au sud-est de Taos, Nouveau Mexique. Un document montre également qu’il aurait été passager sur un vol de la Swiss Air de Genève vers New York le 10 novembre 1956. Ce sont les dernières nouvelles connues du Marquis Nicolò degli Albizzi.
13Traduction libre. Vogue, December 15,1931, page 33. Vogue`s Address Book of inexpensive travel.
14La Mémoire # 3, automne 1979, Une maison célèbre : La pension du Duc, pages 26 à 28, Cyprien Lacasse.
15Lowell Thomas Papers, Box 702, File 26, page 65, le 3 mars 1943. Marist, Archives & Special Collections.
16Journal of the New England Ski Museum, Issue number 98, Fall 2015, by E. John B. Allen. John est professeur émérite d’histoire à l’Un. de Plymouth et auteur de plusieurs livres sur l’histoire du ski.
17 et 18 Wild Cards, F.O. Pat Brewster, Tales of Banff and the Rockies, 1982. Edited and designed by Jon White. Pages 42 à 45 et page 48.
19https://en.wikipedia.org/wiki/Lowell_Thomas et https:// en.wikipedia.org/wiki/Mont_Tremblant_Resort.
Marie-Joséphine Hartford (13 oct. 1934 - 4 déc. 1941)
Marie-Joséphine Hartford est née le 20 août 1902 et est décédée le 10 juin 1992 à New York. Elle était la petite fille de George Huntington Hartford, fondateur de la Great Atlantic & Pacific Tea Co., et la fille d’Edward V. Hartford, inventeur et président de la Hartford Shock Absorber Company. Cette énumération du patrimoine de la famille Hartford nous montre que dès son jeune âge, Marie-Joséphine était indépendante de fortune et qu’elle semblait mener une vie reflétant celle-ci20. Elle possédait des chevaux, dont Miss Grillio et Chop Chop, des écuries telles que le Mill River au Vermont et un élevage à Moyns Park au nord de Londres, des yachts, incluant le voilier Vamarie, et des propriétés à divers endroits dans le monde. Elle participait à des tournois de tennis, pilotait un avion et était considérée comme une musicienne, possédant des collections d’œuvres d’art et se dédiant à des activités de philanthropie par l’entremise de la fondation Hartford.
Sa vie amoureuse a elle aussi été très active et ponctuée de nombreux mariages : un premier en 1923 avec Charles Oliver O’Donnell, premier lieutenant dans la marine; un second en 1931 avec Vadim Stephen (Stefan) Makaroff, géologue et importateur de caviar; un troisième en 1937 avec Barclay K. Douglas, agent de change (stockbroker), et finalement un quatrième en 1950 avec John Felix Charles (Ivar) Bryce, agent secret britannique, de la famille Mountbatten, cousin de la famille royale britannique21. Ses deux enfants, issus de son mariage avec Oliver O’Donnell, sont Nuala Hartford Pell et Columbus O’Donnell, dont je cite fréquemment des extraits de nos échanges de courriers électroniques, et qui demeure pré- sentement en Grande-Bretagne.
Suite à l’achat initial des terres « lots 534 à 540 » sur le versant sud-ouest du Mont-Gabriel par le Marquis d’Albizzi en 1934, elle a poursuivi les achats des terres « lots 1 à 7 » sur les deux autres versants (sud-est et nord) en 1935 et 1936.
De par les observations faites à propos du Marquis et de ce que nous apprenons sur Marie-Joséphine Hartford, nous pouvons facilement imaginer que le ski alpin était établi au Mont-Gabriel avec l’implantation de l’auberge en juin 1936.
20http://www.nytimes.com/1992/06/10/nyregion/josephine-hartford-bryce-88-philanthropist-and-sportswoman.html, Josephine Hartford Bryce, 88, Philanthropist and Sportswoman, by Eric Pace. Published: June 10, 1992.
21http://answers.google.com/answers/threadview/id/229843.html.


« C’est en 1936 que le Finlandais Victor Nymark22 construisit l’auberge de 16 chambres incluant eau courante alimentée par un puits23, une salle à dîner et une grande salle de séjour nommée “The Marquise”24. » Sur une photo de la collection de Columbus et Andrea O’Donnell, il est inscrit par Marie-Joséphine Hartford : « Mont-Gabriel, St. Sauveur, Canada “First skiing lodge build by me in America”. »
On apprend aussi qu’en 1935 et les années suivantes, Herman Smith-Johannsen, le célèbre Jackrabbit, a été consultant dans le développement du Mont-Gabriel 25. Columbus O’Donnell : « En 1935/1936, ma mère, Joséphine Hartford Makaroff, a construit la station de ski privée du Mont-Gabriel. Je crois qu’elle en a été convaincue par un très bel et charismatique instructeur de ski nommé Albizzi. Nos des- centes se faisaient sur des skis en bois avec les fixations enroulées autour des talons. L’auberge était très confortable avec un immense foyer qui m’aurait permis d’y entrer dedans. » Elle avait visible- ment l’idée de développer un centre de ski alpin. Dans la documentation de Lowell Thomas26, nous retrouvons une carte d’affaires datée de 1934-1940 qui porte l’inscription « Club Mont-Gabriel, Piedmont, P.Q. » et qui indi- que que le Marquis degli Albizzi en est le vice-président, J. Gordon Douglas Jr. le président et son frère Barclay K. Douglas le secrétaire trésorier. Nous y retrouvons également les noms de Mrs. Barclay, K. Douglas (Marie- Joséphine Hartford) et de Wyllis R. Betts. Les archives nationales listent les mêmes administrateurs mais sous le nom Mont-Gabriel Inc., enregistré le 29 novembre 1935. Compte tenu des informations précédentes, j’aime croire que les débuts du Mont-Gabriel coïncident avec la construction de l’auberge en juin 1936. Nous célébrons donc le 80e anniversaire du Mont-Gabriel en 2016.
Columbus O’Donnell : « Il y avait une piste de bobsleigh et un funiculaire en bois au bas de la piste qui nous amenait à travers les arbres jusqu’au sommet de la montagne. Il était tiré par un câble et le moteur à essence était situé en haut de la montagne. » Cette citation vient confirmer les dires de Florent Legault à l’effet qu’il opérait le fameux traîneau amenant les amateurs de bobsleigh et les skieurs vers le sommet. On peut croire que cette affirmation relève du folklore, mais j’ai trouvé quelques endroits et photos27 pouvant en confirmer l’existence. Ce traîneau de trois sièges pouvait ac- cueillir trois personnes assises par siège, faisant face au bas de la montagne. Il était situé dans la ligne du télésiège « Jacques Lavoie » que l’on trouve de nos jours et dans la précédente ligne des deux T-Bar rouges dans la Coupe du monde. Le traîneau était tiré par un câble d’acier et mû par un moteur situé en haut de la remontée, plus ou moins à l’arrivée des chaises actuelles. En haut de la cassure, dans la partie abrupte de la piste Coupe du monde, il y avait un rouleau empêchant le câble de pénétrer trop profondément dans la neige et le sol. Il s’agissait de laisser redescendre le traîneau dans sa piste pour aller chercher d’autres passagers au bas de la montagne. Florent me parle de deux opérateurs dont un descendait avec le traîneau et avisait par la sonnette l’autre opérateur près du moteur pour remonter.
Par l’entremise de Denis Forget, qui a travaillé au Mont-Gabriel pendant plus de 62 années, et de Florent Legault, j’ai vraisemblablement retrouvé la boîte téléphonique qui permettait d’aviser Florent d’actionner le mo- teur. Il n’y avait pas de cornet pour la voix mais seulement une sonnerie; une dynamo générait le courant nécessaire. Une sonnette était fixée à un poteau en bas. Jus- qu’à l’hiver 2015, nous pouvions voir ce poteau en empruntant le télésiège « Jacques Lavoie ». Il était juste avant le premier pylône, vers la gauche et légèrement dans le bois.
Il semble que ce soit le Marquis d’Albizzi qui aurait convaincu Marie Joséphine Hartford de faire une piste de bobsleigh au Mont-Gabriel. Je n’ai pas été en mesure de valider une certaine compétence du Marquis pour le bobsleigh, mais selon mes lectures, le bobsleigh était populaire dans les environs. Une photo (voir p. 10) nous montre de gauche vers la droite, Vadim Makaroff, Marie-Joséphine Hartford et le Marquis D’Albizzi. Columbus O’Donnell : « La vue des traîneaux en arrière-plan est intéressante. Il s’agit probablement du temps où ils parcouraient la propriété avant la construction de l’auberge. Je soupçonne que la photo date de la fin de 1934 ou du début de 1935. »
Une comparaison des traîneaux avec des photos trouvées sur internet ainsi que des photos de bobsleighs antiques montre que la ressemblance est sans équivoque.
22La vallée de Saint-Sauveur en images, http://laurentian.quebecheritageweb.com/fr/news/losing-nymark- touch-search-future-log-built-heritage-landmark et http://www.mgvallieres.com/adele/PiPe1455/Fiche.htm pour son implication à la reconstruction du Alpine Inn après l’incendie de 1939.
23Acte notarié 110684 du 15 novembre 1935, entre Alfred Brazeau et Marie-Joséphine Hartford, servitude sur le lot 1. La petite cabane existe encore au bout du chemin Lery voisin de la maison Gabriella.
24Selon une inscription à l’auberge.
25I skied The Thirties, W. L. Ball, 1981, Éditeur Deneau, page 112. 26Lowell Thomas Papers, Box 703, File 1, page 60 Marist, Archives & Special Collections.
27Encyclopédie de Ski, Jean-Jacques Bompard, pages 138 et 139, Hôtel Le Chantecler, collection Marc Gabriel, Rawdon Sugar Bowl, Soucy, p. 100 et Mont Christie, La Vallée de Saint-Sauveur en images, page 11.
Florent Legault me décrit les bobsleighs avec une articulation et un volant et il me mentionne que rendu en bas de la côte, ils avaient construit une courbe vers la droite avec des rondins sur lesquels ils tapaient de la neige. « Les bobs prenaient la courbe le plus vite possible pour aller le plus haut vers la droite et ainsi pouvoir se faire accrocher au câble. » Les actes notariés du 30 novembre 1935 concernant les lots 5 et 6 mentionnent que « les vendeurs, Albert Forget et Émile Forget, se réservent un droit de passage sur le morceau de terre présentement vendu pour communiquer au reste de leur terrain en hiver par un chemin qui ne devra pas endommager la piste de bobsleigh.»
Columbus O’Donnell : « J’ai toujours voulu monter à bord du bobsleigh et je me rappelle du jour où ma mère avait convaincu trois invités de me laisser monter avec eux. J’étais en arrière et responsable d’appliquer les freins. J’avais reçu comme consigne de tirer le plus fort possible sur les freins lorsque le conducteur criait “brakes”. Je n’ai pas à vous dire que je n’ai pas fait une grande différence sur la vitesse du bobsleigh mais je me sentais très important. Ma mère était furieuse lorsqu’elle apprit mon escapade. »
« Une autre journée, vers 16 h, à ma dernière descente en skis alors que la piste de bobsleigh était couverte de neige au lieu de glace, j’ai suivi ma mère dans la première partie de la piste de bobsleigh. Avant la première courbe, elle s’est arrêtée afin de retourner à l’au- berge. N’ayant pas réalisé qu’elle n’était plus sur la piste, j’ai continué jusqu’en bas de la piste. À mon arrivée, le funiculaire était fermé. J’ai enlevé mes skis et monté la piste à pied jusqu’à l’auberge. Je suis arrivé à la noirceur après plus ou moins une heure de marche. À l’auberge, un groupe de recherches s’était formé et j’avais créé une grande consternation chez les invités. Je crois avoir été dirigé rapidement vers ma chambre sans avoir mangé. »
Suite au décès de sa sœur Nuala Pell en avril 2014, Columbus O’Donnell, qui était en visite au Rhode Island, m’a fait suivre le courriel suivant : « Je vous ai envoyé aujourd’hui un gros trophée, “ une coupe” avec l’inscription 1937 ». Ce trophée, en argent, porte l’inscription « Mont-Gabriel, Winter Sports Tournament, Members Trophy, 1937. Mr. F. S. Moseley Jr. » Bien que je n’aie pu identifier le sport d’hiver auquel il a participé, les recherches de mon amie Louiselle montrent que Frederick Strong Moseley Jr était banquier à New York et participait à des tournois de tennis amateurs. À ce titre, il a joué au même tournoi que J. Gordon Douglas Jr. le 26 mars 1936. Quelle coïncidence ! Cette passion partagée pour le tennis explique sûrement l’identification possible d’un court de tennis près de l’auberge sur une photo aérienne de 1950.
Le 4 décembre 1941, Mme Hartford, qui était remariée à Barclay K. Douglas de Long Island, vend la propriété à Mont-Gabriel Resort Ltd.
Mont-Gabriel Resort Limited (4 déc. 1941 - 13 oct. 1947)
L’acte notarié du 4 décembre 1941 nous indique que Marie Joséphine Hartford vend toute la propriété, incluant l’auberge qu’elle a fait construire en 1936, à Mont-Gabriel Resort Limited, « une entité ayant sa principale place d’affaires à Piedmont. Par le présent acte de vente, l’acheteur sera le propriétaire de la présente propriété vendue et déclare en être en possession depuis le 31 octobre 1941. » Cette formulation permet- tait probablement à l’acquéreur de dire que sa place d’affaires était à Piedmont.
Pour la première partie de cette période, l’Épopée du Mont-Gabriel fait référence « à un petit groupe d’hommes d’affaires de Piedmont qui fréquentaient les lieux et à monsieur De Laplante comme étant le propriétaire de l’auberge, probablement sous l’étiquette Mont-Gabriel Resort Limited ». Quelques noms reviennent effectivement dans les documents consultés mais, à mon avis, seulement à titre d’administrateurs ou pour une période transitoire. Je m’explique : Mont- Gabriel Resort Limited a été créé le 21 octobre 1941 par deux avocats de Montréal, David Lorne Gales, président, et Robert de Wolfe Mackay, secrétaire, ainsi que de Violet Cox, sténographe. On parle à cette date de trois administrateurs. Le 4 décembre 1941, Marie-Joséphine Hartford vend pour 1,00 $ et autres considérations à Mont-Gabriel Resort Limited qui est déjà en possession des lieux depuis le 31 octobre. Le 10 décembre, Mont- Gabriel Resort Limited contracte une hypothèque de 200 000 $ via un acte de fiducie auprès de la Eastern Trust Company et donne en garantie la propriété. Est-il plausible que Mont-Gabriel Resort Limited soit une réalisation de Marie-Joséphine Hartford et de son nouvel époux Barclay K. Douglas, agent de change (stockbroker), afin de se départir du Mont-Gabriel car leurs intérêts ont changé ?
Clarence Wentworth Honey, gérant d’hôtel, résidant à Sainte-Marguerite Station28 en 1940 et à Sainte-Adèle en 1945, est cité dans l’acte de vente du 4 décembre 1941, ainsi que dans un autre contrat daté du 12 janvier 1942, comme directeur général de Mont-Gabriel Resort Limited et demeurant à Piedmont. Cette mention de résidence à Piedmont est possiblement liée à son lieu de travail. Son nom est également cité comme gérant du Alpine Inn, Sainte-Adèle29, en 1938, 1941, 1942 et 1945, et du Ste. Adele Lodge en 1942-43 et 1945. Il serait plausible qu’il ait été impliqué dans les dernières années de Marie-Joséphine Hartford et qu’il ait assumé la transition vers la nouvelle corporation.
28Selon les listes électorales de 1940 et de 1945.
29The Brooklyn Daily Eagle, New York, Laurentian Mountains.


Un document mentionne également que « seulement un groupe sélect et privilégié de clients était alors accepté à l’Auberge. Tous n’y entraient pas, avons-nous appris30. »
Pour sa part, Albert Joseph De Laplante est impliqué dans les centres de villégiature des Laurentides dès 1931. Le 24 juin 1931, il acquiert The Alpine Inn et The Ste. Margaret Country Club, à Sainte-Adèle. Il vend la société à Alpine Resorts Limited le 8 mars 1937. Selon certains documents, il en est encore gérant en 1940. Je me permet de donner un peu de détails sur le Alpine Inn car, comme vous le verrez à plusieurs reprises dans mon document, plusieurs personnes impliquées au Mont-Gabriel l’ont également été au Alpine Inn ou ont eu des relations d’affaires avec cette entité. Pour revenir à Albert Joseph De Laplante et son implication au Mont-Gabriel, il faut prendre en considération un état de compte du 14 juillet 1942 : « W. H. Pauly, entrepreneur paysagiste de Montréal, enregistre un privilège contre les lots 534 à 539, cadastre de Saint - Sauveur, comté de Terrebonne, meubles et immeubles pour la somme de 3 360,64 $. Cette somme est la balance du montant dû pour l’exécution de tra- vaux de construction (piscine, murets, nivellement, ensemencement, court de tennis) pour le Mont-Gabriel Resort Ltd. Les factures jointes à ce litige sont adressées à The Mont-Gabriel Resort Ltd, A. J. De Laplante, Esq., The Marquise, St. Sauveur des Monts31».
Trois années plus tard, soit le 3 décembre 1944, l’acte de fiducie du 10 décembre 1941 est sommairement amendé en même temps que le nombre des administrateurs passe de 3 à 5. À cette date, ce sont James P. Anglin, avocat, et Frank Wright, comptable, qui en sont respectivement le président et le secrétaire.
30Histoire abrégée de l’Auberge Mont-Gabriel (1936-1986), 50e anniversaire, juin 1986, J. N. Laurent Dupras, président.
31Base de données Drouin, Contrats notariés, site de genealogiequebec.com. Cour supérieure, district de Terrebonne, 17 juillet 1942.
Roland Liboiron33, quant à lui, soutenait le 9 décembre 1944 que « Hans Falkner, qui était au Mont-Tremblant avec Jos Ryan, s’est établi à la Marquise à Piedmont où il a servi d’inter- médiaire dans l’achat de ce superbe endroit par quatre Américaines dont les époux sont présentement dans l’armée et la marine améri- caine ». Il ne mentionne cependant pas la date de cette intervention qui était peut-être antérieure à l’arrivée de Hans Falkner à la Marquise. « Ces quatre dames sont Mmes Geo. Scott, Turnbull, Shanley du New-Jersey et Mme Dewey de Lake Forest, Chicago. » La lecture d’actes notariés de janvier 1946 m’a permis d’identifier clairement Anne Clark Scott Martindell et Marjorie Sawyer Goodman Dewey Graff. Bien que je n’aie pas été en mesure de retracer les deux autres dames, ce que j’ai appris sur Marjorie Sawyer et Anne Clark est très enrichissant pour mon travail de re- cherche.
Les nécrologies34 de Marjorie Sawyer Goodman Dewey Graff mentionnent que « pendant la Seconde Guerre Mondiale, quand son époux était outre-mer, elle et sa grande amie Anne Clark Scott ont suivi un cours par correspondance en gestion hôtelière et ont commencé à opérer une auberge de ski nommée Mont-Gabriel dans les Laurentides. » Cette dernière citation m’amène à la période de décembre 1941 à mai 1945 pendant laquelle les États-Unis se sont impliqués dans la Seconde Guerre Mondiale.
La nécrologie35 d’Anne Clark Scott Martindell mentionne que son « mariage avec George Cole Scott Jr en 1934 a pris fin treize ans plus tard par un divorce (21 mai 1948) et qu’elle s’est remariée avec Jackson Martindell en 1948. » Ce n’est qu’à la lecture d’une entrevue menée par Ann Miller Morin du 8 juillet 1986 avec « l’ambassadrice Anne Clark Martindell36 » que mes recherches ont donné des résultats probants. J’ai reformulé quelques citations de cette entrevue afin de vous présenter le texte le plus pertinemment possible. Voici : « Mon époux George Cole Scott a servi pendant la Seconde Guerre Mondiale et il a été absent pendant trois ans. Pendant ce temps, j’ai d’abord travaillé comme aide-infirmière dans un hôpital et par la suite je suis allée en voyage de ski dans les Laurentides avec trois autres filles. Elles sont toutes tombées en amour avec cette région. Nous aimions beaucoup skier et une propriété était sur le marché pour 40 000 $ (550 acres). Toutes les quatre, nous nous sommes mises d’accord pour investir un montant de 10 000 $ chacune et nous avons acheté cette petite place dans les Laurentides. Nous gérions un petit hôtel mais qui était quand même plus spacieux qu’une auberge. On pouvait accepter jusqu'à 60 voyageurs. Deux d’entre nous s’occupaient des opérations de l’hôtel. On pouvait garder nos enfants à nos côtés tout en travaillant. Je tenais le quart de jour alors que l’autre fille, “ Marjorie ” qui était une amie d’école, s’occupait du quart de nuit. Nous n’aurions jamais dû se départir de cet hôtel. On réussissait à balancer les livres, une chose difficile à accomplir dans les premières cinq années avec ce type d’entreprise. On aurait dû le garder ou à tout le moins garder le terrain à cause de sa grande valeur. C’est situé à 45 milles de Montréal avec une bonne route d’accès. On pouvait s’y rendre en 45 minutes. Je suis restée dans les Laurentides de 1942 à 1948. J’ai quitté en 1948 et mon époux a conservé l’établissement pour quelques années de plus et puis l’a vendu. »
Audrey Staniforth, qui a été la première monitrice de ski au Mont-Gabriel avec Hans Falkner en 1946-47 et également membre du Penguin Ski Club de 1932 à 1972, me mentionne qu’Anne Scott était bien impliquée et qu’elle semblait diriger le « Resort ». Son frère Bill (William) Clark en était le secrétaire. Elle me parle également d’un club privé.
Malgré cette ambiguïté sur l’identité des propriétaires, les informations précédentes m’invitent à laisser libre cours à la réflexion que les quatre filles sont probablement les acheteuses en décembre 1941. Il n’en demeure pas moins que cette époque fut significative pour le développement du Mont-Gabriel, et ce à différents niveaux.
L’Auberge
Audrey Staniforth relate qu’en 1947 le chemin du Mont- Gabriel, qui avait été acquis par Mont-Gabriel Resort Limited le 12 janvier 1942 afin d’y construire un chemin entre la voie publique et ses terrains, était en terre battue et allait jusqu’au sommet par automobile et peut-être par chevaux. Elle me parle également de ses visites chez le Capitaine Allan Andrew sur le versant sud-ouest (lot 534) pour y prendre un thé arrosé de rhum après la journée de ski. Le Capitaine Andrew a acquis ce terrain le 3 janvier 1946 de Mont-Gabriel Resort Limited. À en juger par les photos de cette époque, l’auberge construite par Marie- Joséphine Hartford en 1936 a subi des transformations majeures.
Le bâtiment Hill Side House (voir photo page précédente) juste en haut de la piste Tyrolienne sur le versant sud-est est bien présent sur les photos de 1947. Certaines informations mentionnent qu’il aurait été construit vers 1938 par Marie-Joséphine Hartford, peut-être aussi au début des années 1940 afin d’héberger un surplus de visi- teurs et, par la suite, des employés comme Audrey Staniforth. Le bâtiment a été démoli vers 1977.
33Roland Liboiron, Ski Heil ! Le Canada, samedi 9 décembre 1944. 34Nécrologie de Marjorie Sawyer Goodman Dewey Graff, parue dans le Chicago Tribune du 18 octobre 2009 et dans le MyCentralJersey.com du 18 octobre 2009.
35Nécrologie de Anne Clark Scott Martindell, parue dans le New York Times du 15 juin 2008.
36Traduction libre. The association for Diplomatic Studies and Training, Foreign Affairs, Oral History Project, Women Ambassadors Series « Ambassador Anne Clark Martindell ». Interview by Ann Miller Morin, July 8, 1986.
début des années 1940 afin d’héberger un surplus de visi- teurs et, par la suite, des employés comme Audrey Staniforth. Le bâtiment a été démoli vers 1977.
Les compétitions et activités
Selon Roland Liboiron, le 9 décembre 1947 « des cours de l’Alliance des Instructeurs de ski débutent lundi au Mont-Gabriel sous la conduite de Herman Gadner, de St-Jovite ».
En 1947, Audrey Staniforth a porté, dans le cadre d’un défilé de mode, les vêtements de Irving Margolis, un cou- turier qui créait des vêtements de ski haut de gamme et sur mesure pour les gens riches des États-Unis et du Canada. À cette occasion, Anne Scott aurait semble-t-il avisé Irving Margolis de ne pas rester trop longtemps à mesurer la fourche ! Peter Duncan37 me dit qu’il y avait une collection au nom de sa fille, la Margot Irving Classic Collection et que Irving Classic fut la première compa- gnie à produire des fuseaux de ski avec tissu élastique.
Bernard Brazeau me dit : « Il y avait un club de tir aux pigeons d'argile situé dans le stationnement de l’auberge actuelle en direction du petit lac qui se trouve au milieu du chemin Mont-Gabriel. Ce chemin n'existait pas encore à ce moment-là. »
Guy Thibaudeau38 mentionne que « les jumelles Rhoda et Rhona Wurtele cumulent plus de 100 médailles remportées en com- pétitions internationales de 1935 à 1950 ». Dans le livre « No Limits39 », elles ont, entre autres, « disputé et gagné des courses de niveau de la Zone Laurentienne et de niveau “ Ladies International ” dès 1944, au Mont-Gabriel, et à plusieurs reprises jusqu’en 1947 ». Le 21 janvier 2015, elles célébraient leur 93e anniversaire de naissance au Mont-Habitant et j’ai accompagné Rhoda lors de sa première descente de la journée. Rhona et Rhoda me confirment que « les courses de descente se disputaient sur les pentes du côté auberge. Elles empruntaient un T-Bar et la course se tenait dans une piste dans le bois, à droite de la remontée». Rhoda fait référence à la piste Tamarack. À cette époque, les pistes de compétition comme la Tama- rack étaient très étroites et elles n’étaient souvent qu’une «trail» dans le bois. Ainsi, la course Kandahar au Mont-Tremblant était appelée une «Bushwhacker Race», une course de bûcherons. Deux articles de journaux40 de 1946 et 1947 indiquent que la descente se tenait dans la Tamarack Trail et que le slalom était disputé dans la Scott Slip.
Dans l’édition du 30e anniversaire du Temple de la renommée du Musée du ski des Laurentides, à la page 43, il est mentionné que Fernand Lessard a reçu le surnom de «Flying Frenchman » lors du slalom géant du Mont-Gabriel vers 1945. J’ai en main un film d’archives de 1945 montrant Fernand Lessard remporter vraisemblablement cette course au Mont-Gabriel dans la Scott Slip.
Le commentateur mentionne « qu’il s’agit du parcours de slalom le plus difficile au Canada et que la Scott Slip est réputée pour faire tomber les skieurs les plus aguerris41».

Les installations
Il est important de faire un lien entre la fin de la remontée en traîneau et la mise en place d’un T-Bar, le « One large T-Bar Constant Ski Tow », nommé dans l’acte de vente du 28 décembre 1951 et dressé possiblement au même endroit, soit dans la piste qui porte aujourd’hui le nom de Coupe du monde (voir image page 6, ligne A). À mon avis et selon le commentaire de Rhona et Rhoda Wurtele, le changement s’est fait au début des années quarante.
En ce qui concerne les remontées sur le versant sud, il faut comprendre que le projet s’est fait en deux versions et que l’objectif était d’assurer une remontée aux skieurs dévalant la fameuse Scott Slip. La première tentative fut faite vers 1941 et prenait place à gauche de la Scott Slip (voir image page 6, ligne B) et jusqu’au plateau sur les terrains actuels de la résidence en haut de la O’Connell, le Deck House. L’expérience n’a pas été un succès car la pente était trop abrupte, le câble trop lourd et la motorisation pas assez puissante.
37Message texte de Peter Duncan du 13 mars 2015 suite à notre rencontre au Mont-Tremblant.
38Guy Thibaudeau, http://blogues.lapresse.ca/ski/2015/01/page/2/, Le blogue de ski, jeudi 22 janvier 2015, Elle célèbre son 93e anniver- saire en ski.
39The Amazing life story of Rhona and Rhoda Wurtele, No Limits,
Canada’s Olympian Skiing Pioneers.
40L’avenir du Nord, 27 décembre 1946 et 10 janvier 1947.
4133246 F Canadian Army Newsreel. TITLE: No. 64 Canadian Army Film and Photo Unit, 1945, 4. Mont-Gabriel Ski Race: Slalom course on Scott's Slip in the Laurentians; Fernand Lessard wins.
Une deuxième tentative a eu lieu quelques années plus tard et, cette fois, il y avait deux sections de « rope tow » (image page 6, ligne C1 et C2). La première section partait du bas de la montagne en direction de la jonction des pistes Scott Slip et Tyrolienne. Par la suite, un deuxième « rope tow » empruntait la piste Tyrolienne en direction du Hill Side House et, après avoir bifurqué vers la droite, se dirigeait vers le sommet de la Scott Slip. Bernard Brazeau, dont les parents possédaient les terres au bas du versant sud, me mentionne que « dans la courbe, il y avait un mécanisme de poulies maintenu par des câbles d’acier et une structure en bois permettant le changement de direction. Les skieurs devaient être rapides pour lâcher le câble juste avant la courbe et le reprendre après une légère remontée en ski pour ne pas se faire prendre dans le mécanisme de bifurcation ». Florent Legault et le Capitaine Allan Andrew ont été impliqués dans la construction de ces deux « rope tows » sur le versant sud et Florent en a été l’opérateur durant plusieurs années. Il permettait à Bernard Brazeau de l’utiliser gratuitement à l’occasion.
Sur une carte postale datée d’avant 1947 (voir photo page 13), nous voyons également les installations d’un « rope tow » dans la haute Obergurgl (image page 6, ligne D), la Laframboise d’aujourd’hui, entre le stationnement de l’auberge et le petit lac dans la courbe du chemin actuel Mont-Gabriel.
Les deux paragraphes précédents supportent l’affirmation de Danielle Soucy, dans le jeu-questionnaire « Mont- Gabriel, d’hier à aujourd’hui », à la question 5 : « En 1949, le Mont-Gabriel Club comptait trois câbles de remontée et une arbalète (T-Bar) ».
George Cole Scott
(13 oct. 1947 - 28 déc. 1951)
Le 13 octobre 1947, le Mont-Gabriel Resort Limited vend à George Cole Scott l’ensemble des terrains et des bâti- ments qui s’y trouvent à l’exception d’une partie du lot 534, propriété du Capitaine Allan Andrew, ainsi qu’une partie du lot 537, propriété de Anne Clark Scott.
Je me suis demandé comment j’allais expliquer ce change- ment officiel de propriétaire entre le Mont-Gabriel Resort Limited et George Cole Scott. Une partie de ma réponse m’est venue à la lecture d’un acte notarié du 3 janvier 1946 dans lequel il est fait mention « qu’il est déjà le président de Mont-Gabriel Resort Limited selon une résolution de la compagnie du 15 décembre 1945 », possiblement à son retour de la guerre. Cette période coïncide également avec son divorce d’avec Anne Scott en 1947 et le retour en 1946 de Marjorie Sawyer Goodman Dewey au New Jersey avec son époux qui lui aussi devait revenir de la guerre. Je n’ai pas trouvé d’autres informations.
Sur une carte postale produite avant 1947, nous voyons une maison nommée Scott Cottage. Mes lectures m’amènent à croire qu’elle se situait sur le lot 537 à l’arrière de l’auberge, sur le chemin du versant sud-est. Une photo aérienne de 1950 montre cette résidence ainsi que le Virginia Cottage de Marjorie Sawyer Goodman Dewey Graff.
Pour cette période de quatre ans, Charles Latulippe, qui a skié au Mont-Gabriel à partir de 1947, ne se souvient pas qu’il y ait eu un arrêt des opérations. Il semble y avoir eu des chevauchements à la direction de l’école de ski entre Hans Falkner et Robert Richardson.
Le 28 décembre 1951, George Cole Scott vend l’ensemble des terrains et des bâtiments à Herbert J. O’Connell, à l’exception d’une partie du lot 534 appartenant à Allan Andrew. La transaction inclut « un grand T-Bar “Constant Ski Tow”, les actions ordinaires du capital de Mont-Gabriel Ski Tows Limited, les droits de passage à pied et en véhicule sur le chemin menant à Saint-Sauveur via le lot 534, les édifices, structures, chemins, courts de tennis, piscine, système d’aqueduc par puits, incluant “The Main Lodge”, annexes, “Hill-Side House”, “Virginia Cottage”, “Scott Cottage”, “Marquis Cottage”, “Ski Deck” et le “Ski Shop” ».
Dans cette énumération, le Ski Deck est vraisemblable- ment la première version de la résidence qui se trouve actuellement en haut de la piste O’Connell. Une photo aérienne de 1950 montre le Deck House ainsi que le Hill Side House. Je n’ai pas été en mesure d’identifier claire- ment la date de construction du Deck House. Florent Legault me raconte qu’avant la construction du pavillon de ski vers 1956, il y avait un chalet/restaurant en haut de la Scott Slip.

M. O’Connell et son fils George ont conservé le Deck House jusqu’au 23 août 1968. Depuis cette date, quatre propriétaires différents occupent les lieux. Depuis ses débuts, la résidence a connu plusieurs agrandissements et travaux, incluant l’installation d’une piscine intérieure. Florent Legault et Denis Forget qui étaient maçons de profession, ont travaillé aux diverses rénovations, dont celles qui ont consisté à la création de plusieurs foyers à multiples cheminées. Bernard Le Martret, qui a travaillé au Mont-Gabriel pendant 30 ans et fut gérant-général ainsi que vice-président, et Françoise Munger se rappel- lent qu’à la fin des années 1960, ils allaient servir des re- pas et boissons à ce chalet de six chambres, avec un piano dans le grand salon.
Herbert John O’Connell
(28 déc. 1951 - 29 nov. 1960)
Tel que mentionné précédemment, le 28 décembre 1951, Herbert John O’Connell achète la montagne et les installations des mains de George Cole Scott et le 12 novembre 1954 il transfère l’ensemble des acquis à H. J. O’Connell Limited. Pendant quelques années, Herbert J. O’Connell continue les achats de terrains afin de développer le Mont-Gabriel Club42 comme nous le connaissons actuellement.
Plusieurs anecdotes sont évoquées au sujet de Herbert J. O’Connell. Parmi les plus représentatives, il y a l’influence exercée auprès de son ami intime, Maurice Duplessis, Premier Ministre de l’époque, en faveur de la déviation de l’autoroute 15 afin de ne pas amputer le bas des pistes de ski et la création de la sortie 64, laquelle n’était pas originalement prévue. Bien que les travaux de ce tronçon de l’autoroute aient été réalisés par la firme Charles Duranceau Ltée, nous pouvons lire dans le journal L’avenir du nord du 12 décembre 1962 : « M. Guy Poliquin, président des autoroutes, a fait part de quelques changements qui avaient été apportés au tracé initial des ingénieurs. Ainsi, à Saint- Sauveur, l’autoroute, au lieu de traverser le village entre l’école et l’église, contourne cet endroit de villégiature en se rapprochant de la route 11. De la même façon, au Mont-Gabriel, la voie rapide sera construite au sud de Gabriel Lodge alors qu’elle devait l’être beaucoup plus au nord. »

On raconte également qu’il était un fervent amateur de chevaux (voir photo page 15) et qu’il possédait des écu- ries sur les terres du Mont-Gabriel. À cet effet, on dit que « c’était toute une attraction quand monsieur et madame O'Connell et leurs amis arrivaient à l'église de Sainte-Adèle, Mont-Rolland ou Saint-Sauveur, avec leur belle voiture attelée de six magnifiques chevaux blancs, conduits par Émile Forget, oncle de Denis, avec à l'arrière deux joueurs de flûte en habits rouges43 ». On rapporte aussi qu’il était, en 1946 44, un des vice-présidents du Canadian Horse Shows Association en même temps que Vernon Grandison Cardy en était un des directeurs. J’en profite ici pour faire un autre lien avec le Alpine Inn. En effet, en novembre 1947, Cardy Corporation faisait l’acquisition de l’Alpine Inn et l’opéra sous le nom de Cardy Alpine, Inc.45 Le groupe Sheraton Corporation en a été propriétaire du 31 janvier 1950 au 10 septembre 1951 alors que M. Cardy racheta le Alpine Inn, le Ste. Marguerite Golf and Country Club ainsi que le Ste. Adele Lodge. Cette situation rappelle celle que nous avons vue précédemment au début des années 1940. M. Cardy s’est également marié en 1950 avec Édith Victoria Ferguson, fille de William Stanley Ferguson, qui fut directeur général du Mont-Gabriel de 1951 à 1957.
La ville de Mont-Gabriel
La loi constituant en corporation la ville de Mont-Gabriel a été sanctionnée le 23 février 1956. « La première assemblée du conseil de la Ville de Mont-Gabriel s’est tenue le 27 juillet 1956 à 8 h P.M. au chalet de Monsieur H. J. O’Connell, dans la ville de Mont-Gabriel, lors de laquelle il est proposé et adopté à l’unanimité que monsieur Herb J. O’Connell soit et il est nommé maire de la ville46. Le conseil de ville est également composé de Paul Tremblay, échevin, Stanley Ferguson, échevin, et de René Duranleau, secrétaire-trésorier. »
Lors de l’assemblée spéciale du conseil du 18 juillet 1958, il est voté 25 règlements dont le règlement de zonage et de construction. Le rôle d’évaluation est déposé et accepté le 30 septembre 1958. Une photo aérienne de 1966 montre effectivement un développement routier à l’endroit actuel du golf.
42Histoire abrégée de l’Auberge Mont-Gabriel (1936-1986), 50e anniversaire, juin 1986, J. N. Laurent Dupras, président.
43Épopée du Mont-Gabriel, Charles Latulippe, page 28.
44The Ottawa Journal, 30 mai 1946, p. 22 (Heads Horse Shows).
45Gazette officielle du Québec, vol. 80 no 48, p.28, 08 nov. 1950.
46Procès-verbal du 27 juillet 1956.
Je me rappelle également qu’à mes débuts vers 1966, j’ai fait du ski de fond à partir du bas du versant nord/nord en direction de l’auberge en empruntant un chemin qui laissait voir des numéros de terrains inscrits sur des pan- cartes en forme de feuille d’érable et clouées sur les arbres. Durant cette période, il y a également la construction de sept chalets en arrière de l’hôtel, sur le chemin du versant sud, chalets aujourd’hui transformés en maisons. Les documents consultés47 laissent un vide entre la 7e assemblée du conseil le 10 avril 1959 et la 9e du 9 février 1972. Ce dernier procès-verbal mentionne que « le 12 janvier 1972, la Ville de Mont-Gabriel est devenue une municipalité au sens de la loi de l’organisation municipale de certains territoires (1971) ». Cette transformation est significative pour le développement immobilier du Mont-Gabriel. Une série d’ordonnances et d’avis publics montrent des transactions pour développer et entretenir des chemins qui favoriseraient l’implantation d’habitations. Raymond Waleau mentionnait, le 3 juin 197248, que « la construction de “town-houses” avait débuté l’année précédente pour accommoder éventuelle- ment 420 familles. » Il mentionnait aussi qu’il y en avait déjà 32 en construction. Encore aujourd’hui, il en existe près de 25 regroupées sous les numéros civiques 1605 à 1685 chemin du sommet du Mont-Gabriel. Le règne de M. Waleau s’est terminé le 8 juillet 1975 et le projet n’a pas été reconduit sous sa forme initiale.
Le 7 et 8 décembre 1977, nous remarquons une reprise des activités en ce qui concerne les travaux publics, entre autres sur le Chemin de l’auberge et de l’avenue des Bouleaux (note: je n’ai pas trouvé cette rue). Ces ordonnances ont fort probablement été votées afin de permettre le développement immobilier mis de l’avant par Laurent Dupras autour des terrains de l’hôtel.
Le 10 février 1981, une requête conjointe avec la municipalité de Mont-Rolland est soumise au Gouvernement du Québec le priant d’octroyer des lettres patentes regroupant ces municipalités et créant une nouvelle municipalité de village sous le nom de Municipalité du village de Mont- Rolland. Les dernières activités de Ville Mont-Gabriel semblent avoir eu lieu le 25 novembre 1981. Je me permet également d’ajouter que Mont-Rolland a fusionné avec Sainte-Adèle en 1997 49.
Les pistes, les remontées et les installations de ski
Dès son arrivée, M. O’Connell procède au nettoyage et à l’amélioration des pistes en plus d’en défricher d’autres. Pour ce faire, il engage de nouveaux immigrants qui damaient également les pistes avec des raquettes en hiver. J’ai rencontré Giovanni De Cesaris, du « groupe des 3050 », qui en mai 1952 arrivait de Naples via Halifax et qui a été recruté par les représentants de M. O’Connell à la gare de Saint-Paul-l’Ermite. M. De Cesaris a rapidement gravi les échelons vers les cuisines où il a rencontré son épouse Françoise Munger, qui a travaillé 33 ans comme serveuse à la salle à manger du Mont-Gabriel.
Denis Forget me raconte également que vers 1952-53, il allait arrêter les compresseurs qui servaient durant la jour- née à concasser le roc afin de créer le passage en haut de la piste O’Connell en direction de la Chibougamau, la piste Belvédère actuelle. À mon avis, cette anecdote confirme la thèse que la piste Scott Slip partait de l’emplacement actuel de la résidence en haut de la O’Connell. Plusieurs remontées mécaniques sont installées durant le terme de M. O’Connell. Les deux T-Bars sur le versant sud (1951 et 1960), les deux T-Bars du versant nord dans l’actuelle piste Coupe du monde (1958) afin de remplacer celui qui avait été installé vers 1943, le T-Bar sur la mon- tagne nord en face du stationnement (1956), celui du versant nord-nord (1956) ainsi que le plus petit T-Bar près du pavillon voisin de la piste Gabi actuelle (1955). Il y a également eu deux « rope tows » qui n’ont été en opération que quelques années. Le premier, vers 1953 (image page 6, figure F), était situé en bas de la falaise face à l’autoroute actuelle qui partait de la rue des Mélèzes, anciennement la route 11. Selon Jean-Paul Lalande, qui a opéré ce «rope tow» pour le compte de M. O’Connell, on lui donnait le nom de Westmount, car George, le fils de ce dernier, était membre de ce Club. Je n’ai pas été en mesure de valider cette affirmation mais le Club Westmount existait à Montréal et la piste de ski de fond Maple-Leaf passait justement en bas de la falaise. Y avait-il un lien également avec le Barn Hill cité précédemment? Le deuxième, également vers 1953 (image page 6, figure E), était situé en haut de la Chibougamau en direction des résidences sur la rue des Quatre Saisons. Je me rappelle, vers la fin des années soixante, début soixante-dix, d’avoir skié sur d’anciennes pistes de ski à cet endroit et d’avoir repéré une poulie attachée à des poteaux servant probablement à l’installation de ce « rope tow ». Ce souvenir m’a été confirmé par Jacques Lavoie, mécanicien des remontées mécaniques au Mont-Gabriel depuis 1977. À ne pas confondre avec la remontée mécanique #9 (Poma) 1977 et (T-Bar) 1979 en direction de la haute Chibougamau pour accommoder les clients de l’hôtel.
47Procès-verbaux et Index des ordonnances Mont-Gabriel (1956-1972, 1973-1977, 1973-1977, 1978-1980) Yan Senneville, Greffier adjoint et archiviste, Ville de Sainte-Adèle.
48The Montreal Star, Saturday, June 3, 1972 by Charles Lazaru, Star Staff Reporter.
49http://ville.sainte-adele.qc.ca/page-histoire.php. 50Épopée du Mont Gabriel, Charles Latulippe, page 28.
Charles Latulippe510 me raconte qu’ « en janvier 1955, il suggère à M. O’Connell d’utiliser les génératrices de chemins qui ne sont pas utilisées en hiver pour éclairer les pistes de ski afin de faire du ski en soirée. Le contremaitre Guylain De Bassecourt n'était pas d'accord car il trouvait cela superflu, mais monsieur O’Connell ne dit rien et une semaine plus tard, les génératrices étaient installées sur la pente Little O'Berger. L'année suivante, monsieur O'Connell installait un système électrique conventionnel. »
Plusieurs se souviendront qu’il y avait un chalet de ski au bas de la montagne versant nord-nord. Nous pouvons le voir sur le croquis des pistes de 1970 présenté à la page 7. Il aurait été construit par M. O’Connell et un incendie l’a détruit en 1980. L’école de ski Thunderbirds Ski School sous la direction d’Ernie et Evelyn Miller a utilisé durant de longues années cette accommodation avant de la voir remplacée, après l’incendie, par une roulotte temporaire. Je me rappelle qu’il y avait des toilettes, une cafétéria, un mini bar et une grande galerie coté montagne. Denis Forget me mentionne que c’était un endroit idéal pour les amoureux, surtout au printemps avec le bar et la terrasse, le lieu du parfait rendez-vous. L’accès du versant nord- nord se faisait par le chemin au fond du stationnement, en face de la Tamarack. Il y avait également un accès par la montée Binette. Richard Cloutier52 appelait le versant nord-nord « Le mont solitude ».
Le pavillon de ski actuel a également subi plusieurs trans- formations depuis sa construction en 1956. À ses débuts, il était en forme de L avec un petit bar dans la partie plus large où jouaient parfois des groupes de musiciens, tout près des pistes. Le garage pour la machinerie était situé en dessous, où sont installés actuellement les casiers. En 1979, le garage a été déménagé en haut de la pente de l’école de ski, près du petit lac. En 1970, le bar Le bureau/Tamarack a été construit et la structure à cette époque n’incluait que le deuxième étage. En 1975, le dessous du bar a été fermé afin d’agrandir le pavillon. Finalement, en 1986 se fit une transformation majeure du bâtiment, incluant les plafonds très hauts dans la partie des caisses de la cafétéria. Dernièrement, à l’été 2015, la terrasse du bar a été enlevée pour donner place à une terrasse au ni- veau du sol.
Selon Charles Latulippe53, « dans la première construction de l'auberge, madame Hartford a fait construire sur le toit un clocher qui est encore là, mais dont la belle cloche d’environ 12 pouces n’y est plus. Lorsque les clients arrivaient, on faisait sonner la cloche pour leur souhaiter la bienvenue. On s'en servait aussi pour annoncer l'heure des repas. M. O'Connell avait prêté la cloche qui se trouvait sur le toit de la partie rustique de l’auberge à l'école de ski. Un bon matin, Guy Normandin, le directeur de l’école de ski de 1959 à 1965, arriva à l'école de ski et la cloche avait disparu. On ne l'a jamais retrouvée. »

À ma grande surprise, Martin Lavallée m’a fait sonner la cloche de l’auberge qui est de bonne dimension et semble être la version originale. Une photo du pavillon, prise du temps de Guy Normandin, montre effectivement une structure de bois permettant d’accueillir une cloche. J’ai en main les plans de cette structure qui ont été dessinés avant 1963 par Léon Lalonde. J’ai également eu l’occasion de voir une cloche à main qui aurait servi à Marie Joséphine Hartford pour annoncer l’heure des repas. Le mystère reste cependant entier en ce qui concerne la disparition de la cloche de l’école de ski.
On lit dans le journal Avenir du Nord du 26 décembre 1952: « Ce centre de ski complètement rénové est, à notre humble avis, un des plus beaux, après le Mont-Tremblant. La Scott Slip est munie d’un monte-pente T-Bar et deux autres pistes de descente ont été aménagées à droite de la Scott Slip. » On lit également dans la parution du 12 décembre 1952: « On a construit (sic) une spacieuse caféteria au sommet de la pente Herb O’Connell, d’une capacité de service de plusieurs milliers de skieurs quotidiennement. »
51L’Épopée du Mont-Gabriel, Charles Latulippe, page 30.
52Richard Cloutier a été dans la clinique du Mont-Gabriel de 1963 à 1989.
53Épopée du Mont-Gabriel, Charles Latulippe, pages 28 et 31.
Nous pouvons lire dans un article du journal Avenir du Nord, du 11 février 1954, que « Franz Galb, l’instructeur de l’école de ski du Club Mont-Gabriel, a essayé le tremplin pour sauts qui a été construit à côté d'un remonte-pente T-Bar du Mont-Gabriel, et il a pu accomplir des sauts de 100 pieds et plus. Il y a beaucoup d’espace de stationnement près de cet endroit ». Personne n’a pu me confirmer l’emplacement de ce saut, mais Charles Latulippe me parle d’un skieur qui aurait fait une chute spectaculaire dans la cassure de la Scott Slip qui partait à ce temps-là près du chalet actuel en haut de la O’Connell. Je n’ai pas été en mesure de relier ces deux événements.
Dans le journal Le Canada du jeudi 5 février 195354, on lit : « Si l’on jette un coup d’œil sur le programme de la Zone Laurentienne, plusieurs événements sont cédulés pour la prochaine fin de semaine. En effet, c’est samedi après-midi, soit à 2 h. que sera disputé sur la piste O’Connell, au Mont-Gabriel à Piedmont, le slalom inter-club sous les auspices du Ski Club Westmount ».
Le côté social et « glamour » de M. O’Connell
Herbert J. O’Connell a été un développeur important pour le Mont-Gabriel quant aux installations pour le ski mais aussi un leader très actif au plan des activités sociales de l’auberge en période estivale. À mon avis, la réputation très « glamour » et haut de gamme du Mont-Gabriel dans les an- nées cinquante et soixante est le fruit de ses réalisations.
« Il semble que ce soit lors d'un voyage en Autriche, lors duquel M. O’Connell est fasciné par les toitures gazonnées de certaines bâtisses, qu’il a l'idée de construire un toit similaire sur son hôtel du Mont-Gabriel. M. O'Connell crée alors toute une attraction touristique. Il avait même conçu des cartes postales avec l'image de chèvres qui broutent sur le toit afin que les visiteurs ne repartent pas les mains vides 55». Il semble également possible que cette toiture existait bien avant ce temps car Bernard Brazeau me dit qu’il allait agacer les chèvres sur le toit de l’hôtel au début des années quarante. Martin Lavallée me dit que les chèvres sont disparues au début des années soixante. Johanne Hurtubise-Badeaux se rappelle également que son père Paul Hurtubise, directeur de l’hôtel de 1957 à 1964, leur a permis d’en garder une à la résidence de Saint-Sauveur, pour la période estivale.
54Le Canada, jeudi 5 février 1953, Ski Monde.
~meilleuro/gabriel.htm; MONT-GABRIEL - Un parcours à travers l'histoire du Mont-Gabriel par Véronique Leblanc, Le Journal des Pays-d'en-Haut, Spécial Ski Mont-Gabriel, le mercredi 30 janvier 2002.
56Idem au précédent.
On parle également du « défilé de mode "Auto-Élégances", dans les années cinquante, au cours duquel des voitures antiques étaient exposées et des mannequins défilaient avec les nouvelles créations56 ». Cet événement qui attirait des milliers de personnes a été repris à la fin des années soixante-dix par Laurent Dupras. « Le 17 juin 1953, monsieur O'Connell invite les seize meilleurs joueurs de tennis du Canada. Au niveau provincial, c'est une grande surprise lorsque Val Harit vainc Henri Rochon, 2e favori du tournoi. Le lendemain, c’est nul autre que Robert Bédard, no 1 au Canada, qui triomphe en finale et remporte la coupe Mont-Gabriel Tennis Invitation. Rolland Godin, professeur de tennis au Mont-Gabriel depuis 1998, a participé à ce tournoi. Il a joué contre Brandon Macke, du Mont Royal, ex-champion du Canada et a fait très belle figure.57»
« Le 1er septembre 1956, monsieur O'Connell, reçoit l'équipe équestre olympique canadienne, qui venait de remporter, aux olympiades de Stockholm, une médaille pour le Canada. L'équipe était formée de John Rumble, Jim Elder et Brian Herbison. M. O’Connell décide donc d’organiser un concours hippique au Mont- Gabriel avec tout ce beau monde. Le concours est un grand succès et les profits sont versés au Shawbridge Boys Farm 58.»
« Le 11 août 1957, monsieur O'Connell engage M. J. Bourgault, organisateur général pour un spectacle grandiose au profit des enfants infirmes. Le plus grand spectacle des Laurentides vient de naître. 1200 invités autour de la piscine. La magnifique manifestation se voulant artistique, sportive et élégante a réuni plusieurs personnalités du temps. Une trentaine d'artistes sont venus offrir leur talent pour faire de ce rassemblement un énorme succès 59».
Une autre activité annuelle et très suivie à l’époque se nomme Hill Climb. La première version s’est tenue à l’automne 195460 sous la gouverne du Laurentian Autosport Club, puis en 1958 sous celle de la Jaguar Owners Association et en 1970 sous celle de l’Association des Coureurs Automobile de Montréal. Pour la version de 1962, le promoteur mentionnait61 : « Sur la voie d'accès à l’auberge du Mont-Gabriel, on a construit de nouvelles chicanes au tiers de cette route (dans le stationnement du pavillon) sinueuse et abrupte qui grimpe au sommet. Ces nouvelles courbes exigent un peu plus des conducteurs mais offrent aussi aux spectateurs un point de vue spectaculaire. » Je vous invite donc à consulter deux sites web afin de visionner un court vidéo de 9 minutes sur la version Hill Climb de 195762 ainsi que de visionner les photos des voitures participantes à la version du 29 septembre 1962 63.

Donald M. Mumford
(29 nov. 1960 - 4 août 1970)
Le 29 novembre 1960, Donald M. Mumford, président de O’Connell Mont-Gabriel Lodge Inc., achète les instal- lations regroupées sous la Ville Mont-Gabriel de H. J. O’Connell Limited. Le Deck House lui est vendu le 23 août 1968 et la même journée transféré à un nouveau propriétaire. Le reste des installations sont acquises par Gabriel Hotel Enterprises Ltd le 4 août 1970. Cette dernière transaction, sous la présidence de Donald Mumford, devait sûrement permettre la conclusion de la vente de l’ensemble des terres et des installations à Raymond Waleau.
Donald M. Mumford était président et directeur général de l’hôtel Reine Élizabeth, alors propriété du Canadien National et dont la gestion avait été donnée à Conrad Hilton, Hilton Hotels and Resorts. M. Mumford était également président de Hilton Canada Ltd et vice- président de Hilton International. « Un jour en 1956, Conrad Hilton téléphone de Los Angeles à son directeur de l’hôtel Slater à Détroit64. “Don”, lui dit-il, aimerais-tu déménager à Montréal afin d’y gérer notre nouvel hôtel ? Quand l’hôtel Reine Elizabeth ouvre deux ans plus tard, il débute une existence qui ressemblera à celle d’un “roi ” … autant qu’une démocratie puisse l’offrir à un simple citoyen65 . »
« Il découvre le Canada et le ski du même coup. Alors, alliant l’action à son enthousiasme, Mumford fait l’acquisition du Mont- Gabriel en 196066 . Il en devient le propriétaire unique et il y possède un chalet à même le complexe. » Bernard Le Martret, Françoise Munger et Johanne Hurtubise-Badeaux me confirment qu’il était situé à l’emplacement de la ferme Laverne et du Marquis Cottage.
« Un peu plus tard, il crée une autre compagnie appelée Gabriel Management qui opère des concessions de restauration à l’hippodrome Blue Bonnets et l’Autostade à Montréal, et aussi à l’hippodrome Rideau Carleton, au Centre National des Arts à Ottawa ainsi que la gestion d’hôtels comme l’Algonquin, N.B., Denman Place Inn, à Vancouver et un autre à Ottawa. Gabriel était un investissement, lequel avait été discuté avec M. Hilton et le Canadien National, disait M. Mumford. Je ne suis pas du tout impliqué dans sa gestion 67. »
57Épopée du Mont Gabriel, Charles Latulippe, page 28.
58Idem, page 29.
59Idem, page 30.
60Traduction libre, http://forums.autosport.com/topic/191234-mont- gabriel-hill-climb/ 1954.
61Traduction libre, The Montreal Gazette, Sep 28, 1962 Mont Gabriel, http://forums.autosport.com/topic/191234-mont-gabriel-hill-climb/ 1954.
62https://www.youtube.com/watch?v=I41tng4kIHI.
63http://www.autocourse.ca/photos/saison1962/montgabriel -
29septembre/hillclimb/index.html.
64Traduction libre, http://www.forgottendetroit.com/statler/ managers.htm.
65Traduction libre, The Montréal Gazette 06 Oct. 1971, page 23.
66Idem.
« Il y avait 44 chambres dans le complexe hôtelier. J’ai ajouté 112 chambres et renouvelé le personnel de direction. Maintenant, nous sommes le plus vaste complexe de ski de la région68. »
En 1963, il fait construire l'aile La Marquise avec ses 71 chambres, à droite de l'aile Rustique, la partie centrale de l’auberge. De plus, il fait construire une salle à dîner pouvant contenir 300 personnes ainsi qu'une salle de réunions, tout aussi grande. L’architecture de ce complexe est tout à fait spéciale. Ensuite, en 1965, il fait construire l'aile Tyrolienne avec 40 chambres et salons, faisant face à la Vallée des Saints. L’auberge, avec ses 156 chambres et ses commodités, est désormais en mesure de recevoir des conventions importantes.
Dans les années soixante / soixante-dix, le Mont-Gabriel était, selon différents auteurs69, une destination branchée du Jet Set international. Je n’ai pas été en mesure de valider ces dires, même si certaines photos sur lesquelles figurent les anciens premiers ministres Pierre-Elliot Trudeau, Robert Bourassa ainsi que Claude Ryan pourraient peut-être le laisser entendre. De plus, Françoise Munger me dit avoir servi le sénateur Ted Kennedy à quelques reprises à la salle à manger de l’hôtel et que ce dernier était des plus agréables. Peter Cappadocia, chef patrouilleur à l’époque, me mentionne pour sa part avoir skié en compagnie du même Ted Kennedy, de Joan, sa femme et de leur garçon Patrick au cours d’une fin de semaine de Pâques. Peter a vendu deux macarons de la patrouille et reçut en retour deux billets de un dollar autographiés par Kennedy. Peter regrette de ne pas les avoir gardés.
En 1963, M. Mumford fait installer le T-Bar #8, le plus grand, voisin de celui de l’école de ski près du pavillon. En 1969, ce fut le tour d’une chaise double dans la Tamarack qui amenait les skieurs jusqu’aux abords du stationnement de l’hôtel. Denis Forget me fait part qu’il a accompagné Paul Alary, Lucien Labelle, Francis Boyer et Paul Bélanger afin de démanteler cette chaise près de Rougemont pour la transporter et l’installer au Mont- Gabriel. Ils ont roulé le câble de la chaise à force de bras pendant 12 heures afin de la ramener au Mont-Gabriel.

Sous sa direction, les premiers canons à neige des Laurentides font leur apparition au Mont-Gabriel. Dans l’édition du 30e anniversaire du Temple de la renommée du Musée du ski des Laurentides, à la page 46, il est mentionné que « John F. Clifford installe, au début des années 1960, les premiers systèmes d’enneigement artificiel des Laurentides au Mont- Gabriel et à Gray Rocks ». Par ailleurs, à la page 117 de la même édition, il y est inscrit que « Stan Ferguson oeuvra à la direction de nombreux hôtels, dont le Mont-Gabriel Lodge où il fit installer, en 1957, le premier système d’enneigement artificiel au pays ». John F. Clifford a acquis les droits de distribution exclusive au Canada de l’appareil Larchmont Snowmaking System après 195870. À mon avis, il faut donc retenir le début des années 1960, et non 1957, pour voir l’apparition de cette petite révolution dans l’univers du ski.
Vers 1967, le saut en skis de plusieurs voitures en face du pavillon par Guy Baervoets, Georges Dufour et George Romer était une attraction très populaire. Pierre Plouffe, ancien champion canadien de ski nautique, me dit avoir sauté sans invitation à plusieurs reprises, ce qui lui a valu des représailles de la part des gérants de la montagne.
67Traduction libre - The Ottawa journal, Sat, Oct. 11, 1969, pages 89, 91, 93 et 94.
68Idem.
69Épopée du Mont-Gabriel, Charles Latulippe, page 32 et Les Laurentides, berceau du ski au Canada, par Stéphane Desjardins, www.skipresse.com.
70Des traces dans la neige, Cent ans de ski au Québec, Danielle Soucy, Les éditions La Presse 2009.

« Le deuxième slalom géant du Professional Invitation Bee Hive se tient à Mont-Gabriel au cœur des Laurentides du Québec le 25 février 1962. Avec la société de commandite Sirop de maïs Bee Hive qui offre alors des prix en argent totalisant 5 000 $, l’événement attire encore plus de pros. En changeant l’emplacement de la compétition, les organisateurs espèrent ainsi promouvoir la course de ski professionnel à travers le Canada et, du même coup, accroître la visibilité du commanditaire. La course s’est tenue sur la piste O’Connell (Scott’s Slip), une piste de 4 000 pieds qui avait été réaménagée afin d’en accroître la verticalité et la difficulté. Le Mont-Gabriel profite de l’occasion pour promouvoir la qualité de l’entre- tien de ses pistes et leur capacité de fabriquer de la neige artificielle. Heli Schaller d’Autriche remportera l’épreuve de 1962. Dans un article du quotidien The Gazette publié en février 1962, après la tenue de la deuxième compétition Bee Hive, on rapporte : pour ceux qui ont eu la chance d’assister à ce spectaculaire événement, il est évident que le sport professionnel de ski est maintenant ici pour rester71. »
En 1967, deux wagons de train de marchandises au toit arrondi sont transportés dans le stationnement du Mont-Gabriel près du pavillon. Après avoir été reliés par un module central, ils ont été aménagés en une discothèque que l’on a audacieusement baptisée Le Train et qui a accueilli les après-skieurs pendant quelques années. Par la suite, les installations ont servi de bâtiment pour la clinique médicale et ce jusqu’en 1989. Richard Cloutier qui y a travaillé de 1963 à 1989 avec un bref arrêt en 1968-69 m’a raconté ce qui suit : « Au début, un groupe de médecins orthopédistes opéraient trois cliniques dans les Laurentides (Avila, Gabriel et Belle-Neige). À la fermeture de ces cliniques, dont celle du Mont- Gabriel, en 1966, M. Donald Mumford se souciait du manque d’une clinique pour prendre en charge les clients de la montagne et plus spécifiquement les écoles de jeunes sans la présence des parents. Lors d’une réunion, Madame Murray, qui travaillait dans l’entourage de M. Mumford, fut saisie de cette préoccupation et mentionna à ce dernier que son fils était à terminer sa résidence de chirurgien orthopédiste. Elle eut le mandat d’en parler à son fils et ce dernier s’associa avec Richard Cloutier pour accepter l’invitation. Jean Baervoets, alors directeur général du Mont-Gabriel (1965 à 1971), eut le mandat de finaliser les arrangements et la Clinique du nord Mont-Gabriel s’installa dans une roulotte sise dans le stationnement près du pavillon pour la saison 1969-70. Malheureusement, un incendie détruisit cette roulotte au printemps de 1970. Jean Baervoets a alors offert de déplacer les installations dans les locaux occupés par la discothèque Le Train et l’hiver suivant, tout était en pleine opération. » La clinique a cessé ses activités en 1989.
« Dans les années cinquante, une première patrouille de ski verra le jour au Mont-Gabriel. Le directeur de l'Escouade de la police de Montréal propose à M. O'Connell de permettre aux agents de skier pendant leurs journées de congé tout en assurant le rôle de patrouilleurs. Charles Latulipe qui faisait alors partie de l'escouade se rap- pelle bien de cette période : “Nous n’étions pas payés pour effectuer notre patrouille les mercredis et jeudis, mais nous pouvions skier gratuitement72”. » Selon une photo de 1960 montrant le groupe de patrouilleurs, il semble que Nelson Bellemare en était le chef. Marcel Grandmaison aurait pris la relève, suivi de Peter Cappadocia, chef patrouilleur au Mont- Gabriel de 1968 à 1988. Richard Patenaude lui succéda de 1988 à 1992. À noter que Richard est toujours patrouilleur au Mont-Gabriel, et ce depuis 1977. Les autres chefs patrouilleurs ont été Anouk Jacob (1992-1995), Normand Daigneault (1995-1999), Patrick Lalonde (1999-2005), Geneviève Gagné (2005-2006), Patrick Masse (2006-
2008) et Johan Moestermans de 2008 à aujourd'hui.
71Traduction libre - Sweet Success, Tuesday, March 18, 2014: From 1961 through 1967, the annual Bee Hive giant slalom competition attracted the world’s top professional racers to Canada. By Caroline Forcier Holloway, https://skiinghistory.org/more-about-bee-hive. 1999
- 2013 Skiing History. All Rights Reserved.
72MONT-GABRIEL, Un parcours à travers l'histoire du Mont-Gabriel, par Véronique Leblanc, Le Journal des Pays-d'en-Haut, Spécial Ski Mont-Gabriel, le mercredi 30 janvier 2002.
Raymond Waleau
(4 août 1970 - 8 juillet 1975)
À mon avis, Raymond Waleau devient président de Gabriel Hotel Enterprises Ltd vers le 4 août 1970 et ainsi propriétaire de l'auberge et de ses territoires. Le 8 février 1973, Gabriel Hotel Enterprises Ltd, sous la présidence de Raymond Waleau, enregistre une hypothèque de 750 000 $ auprès de RW Enterprises Ltd, dont le président est Raymond Waleau. Un nouveau nom est donné à l’entreprise: Mont-Gabriel Lodge 1973 Inc.
Malheureusement, les finances devaient présenter des difficultés et, le 8 juillet 1975, il y a cession par Gabriel Hotel Ltd (Raymond Waleau) à Trust Général du Canada. Le mandat de la gestion de l’hôtel est alors donné à la firme Atlific Management. « Atlific Hotels, fondée en 1959, fait d’abord connaître la chaine Holiday Inn au Canada. À la fin des années 1970 et au début des années 1980, le marché se transforme. Pour se mettre au diapason, Atlific change de cap et délaisse le rôle de propriétaire pour se concentrer principalement sur celui de gestionnaire. La gestion de la faillite du Alpine Inn en 1970 a également été sous la gouverne du Holiday Inn (Atlific). »
Sous son règne de quelques années, monsieur Waleau construit, sur les terrains du Mont-Gabriel Lodge, une série de maisons permanentes appelées « townhouses », tel que décrit précédemment. En 1970, il fait construire le bar actuel du pavillon dont l’espace du dessous était vide.

Laurent Dupras
(20 sept. 1975 au 10 jan. 1995 pour le ski et jusqu’au 1 fév. 1998 pour l’hôtel et le golf)
Le 20 septembre 1975, Auberge Mont-Gabriel inc. sous la direction de J. N. Laurent Dupras, achète du Trust Général du Canada tous les actifs cédés par Mont-Gabriel Lodge (1973) Inc. Les actifs incluent l’auberge, les terres de 1400 acres, le tennis Saint-Sauveur, l’hôtel le Totem situé sur la 117 à l’endroit où se trouve aujourd’hui l’Interclub, et le Curling Saint-Sauveur, à l’emplacement actuel du Théâtre Saint-Sauveur. Le Totem, le tennis et le centre de curling ont rapidement été vendus.
Un article de 198873 mentionne que « M. Dupras est le plus important propriétaire foncier de la région des Laurentides, à titre d’actionnaire majoritaire de la station touristique Mont-Gabriel (90 % de l’actif), Mont-Olympia (75%) et Golf Chantecler (65%). Le plus récent projet de M. Dupras est la construction d’un terrain de golf qui naîtra l’été prochain (1991) des boisés entourant le Mont-Gabriel. Au total, un investissement de 8 000 000 $ dans la station touristique Mont-Gabriel (hôtel, tennis, pentes de ski) qu’il a achetée en faillite en 1975. »
Les remontées, les pistes de ski, les installations de ski et les activités sociales
Une chaise triple est installée sur le versant sud en 1976 et deux chaises quadruples sur le versant nord. La première a remplacé les deux T-Bars en 1985 et a permis la création de la piste Coupe du Monde. La deuxième, installée en 1988, a remplacé la chaise double. En 1977 un Poma lift a été installé dans la haute Chibougamau et le Poma a été remplacé en 1979 par un T-Bar.
En 198474, un système d’éclairage électrique a été installé sur le versant sud pour éclairer la piste O'Connell et les trois autres pistes, la Tyrolienne, la Hush-Hush et la Chibougamau. Il y a eu également des travaux majeurs au pavillon par l’aménagement en 1975 de l’espace situé sous le bar et, en 1986, la rénovation du pavillon75 dans sa forme actuelle. Les travaux ont été effectués sous la direction de l’architecte Marc Deamen.
73L’argent et vous, octobre 1988, Des montagnes de dollars, par Johanne Mercier.
74 et 75 Histoire abrégée de l’Auberge Mont-Gabriel (1936-1986), 50e anniversaire, juin 1986, J. N. Laurent Dupras, président.
Dans les années cinquante et soixante, les skieurs descen- dant la Westmount pouvaient continuer à droite des deux T-Bars jusqu’en bas. Cette bande de terrain n’appartenait pas au Mont-Gabriel mais était louée, selon Denis Forget, pour 100,00 $ par année au propriétaire du temps. Au début, deux tunnels ont été construits afin de traverser les deux T-Bar. Ils ont été remis à neuf vers 1980. Celui du haut près de la piste O’Connell a été fermé à la fin des années quatre-vingt-dix, car il s’avérait trop dangereux d’en émerger avec la rencontre des skieurs venant de la O’Connell. En 2014, le deuxième tunnel fut enlevé et rempli de terre afin de permettre aux skieurs de traverser prudemment la montée du T-Bar.
Martin Lavallée, alors directeur des ventes, me raconte qu'il y eut très peu de neige durant l'hiver 1989, même après la période des fêtes. Les organisateurs de l'époque, incluant Pierre Mondor alors directeur du marketing et des opérations ski, ont fait appel à des autochtones afin qu'ils entrent en communication avec « le responsable » de la tombée des cristaux (voir photo page suivante). Après avoir amorcé la danse de la neige, quelques flocons sont apparus. Incroyable mais vrai, le lendemain matin un tapis blanc d'une vingtaine de centimètres recouvrait les pistes! « Cet événement avait même fait la une d'un quotidien montréalais », souligne M. Lavallée. Il semble bien que la direction ait fait coïncider cette journée avec les prévisions positives d’Environnement Canada.
Je me rappelle également des carnavals du printemps qui se sont tenus pendant plus de 20 ans, des beach-parties au bar du Pavillon avec les tonnes de sable qu’il fallait enlever le lendemain matin, et des BBQ en haut de la chaise double avec le chef Roger Szor.
Les compétitions internationales
Marie et Raymond Laframboise ont commencé le ski au Mont-Gabriel vers 1956 et en 1960, ils ont fondé un des premiers clubs de ski de compétition dans les Laurentides, Le Club de compétition du ski alpin du Mont-Gabriel. Ils ont dirigé ce club pendant 51 ans, soit jusqu’en 2011, avant de passer les rennes à Marie et Yves Rolland. Parents de six enfants qu’ils ont naturellement initiés au ski, Marie et Raymond Laframboise me disent que l’objectif initial de ce club était de permettre aux parents de partager la passion des enfants dans un regroupement sain. À ce titre, ils tiennent à souligner que tout ce travail s’est accompli avec le support et l’implication d’un groupe important de bénévoles. Durant plus de 50 ans, ils ont été des bâtisseurs et des bénévoles à la compétition, au développement, à l’organisation et au financement du club de compétition du Mont-Gabriel, de la zone Laurentienne, de Ski Québec et de Ski Canada. Raymond fut président de la Zone Laurentienne et vice-président de Ski Québec et de Ski
Canada. Marie, pour sa part, organisait des collectes de fonds de grande envergure au bénéfice de la compétition de ski76. Il faut également signaler son implication à la promotion de l’hôtel du Mont-Gabriel lors des grandio- ses défilés de mode autour de la piscine de l’hôtel. Des skieurs renommés ont glissé au Mont-Gabriel, comme Janick Pharand de l’équipe nationale et Alain Trudeau77. Le plus beau souvenir de Marie Laframboise quant aux activités de financement est le cocktail olympique organisé à la veille des jeux de Lake Placid en 1980, une fête à laquelle avaient pris part les célèbres Crazy Canucks, dont Ken Reid.78
Sous la gouverne de Marie et Raymond Laframboise, le Mont-Gabriel reçoit, en 1972-74, les plus grands champions internationaux de ski avec la course duel du circuit Pro-Challenge. De grands champions tels qu’Henri Du Villard et Jean-Claude Killy de France, Peter Duncan et Alain Cousineau du Canada, Joseph Odermatt d’Autri- che, Terry Palmer et Spider Sabich des USA et bien d’autres y prennent part.
Plusieurs éditions du duel Dynastar/Salomon, avec un saut, ont également permis à des Québécois de haut niveau de démontrer leur savoir-faire. À ces compétitions d’envergure, il faut également donner crédit à Marie et Raymond Laframboise pour les éditions des courses NOR-AM, Coupe Labatt, Sealtest, Zone Laurentienne et Nancy Green, toutes tenues au Mont-Gabriel. Rappelons aussi les nombreuses autres compétitions telles que les fameuses courses Ronald McDonald et les courses Universitaires Labatt.
En ce qui concerne le ski acrobatique, la Fédération Internationale de Ski (FIS) a reconnu officiellement, en 1979, le ski acrobatique comme faisant partie de la collectivité internationale du ski. Le Mont-Gabriel a été l’hôte de la Coupe du Monde de ski acrobatique de 1985 à 1991 et de 2006 à 2012, avec une pause pour les bosses en 2010 (année olympique). De grands athlètes canadiens ont performé sur les pistes du Mont-Gabriel lors de ces événements. Épreuves de bosses: Jean-Luc Brassard, Alexandre Bilodeau, Leelee Morrisson, Jennifer Heil, Vincent Marquis, Stéphane Rochon, Pierre-Alexandre Rousseau, Justine, Chloé et Maxime Dufour-Lapointe, Mikael Kingsbury. Épreuves des sauts: Lloyd Langlois, Alain, Yves et Philippe Laroche, Meredith Gardner, Anna Fraser, Jean-Marc Rozon, John Ross, André Ouimet, Kyle Nissen, Jeff Bean, Warren Shouldice, Cord Spero, Ryan Blais, Veronica Bauen, Steve Omischi et Olivier Rochon. Épreuve de ballet: Lucia Barna.
76Édition du 30e anniversaire du Temple de la renommée du Musée du ski des Laurentides, page 103.
77Les Laurentides, berceau du ski au Canada, par Stéphane Desjardins, www.skipresse.com.
78Ski Presse, spécial ski de printemps 2008, par Claudine Hébert.
Le Mont-Gabriel a également reçu les championnats canadiens de ski acrobatique, les NOR-AM, les grands prix de ski acrobatique Postes Canada, la coupe Sealtest de ski acrobatique et le challenge de bosses Pontiac dans la O’Connell.
Afin de maintenir un haut standard quant à ses installations, d’importants travaux d’excavation et de nivellement ont été apportés à la piste Tamarack et un nouveau site de sauts a été créé en 1989. Ces travaux d’envergure ont été permis grâce à la ténacité et à l’expertise de Pierre Mondor, directeur du marketing et opérations ski du Mont-Gabriel à cette époque. « Le Mont-Gabriel était l'endroit idéal pour organiser des compétitions de ski acrobatique. Si- tuée près de la métropole, la montagne possède un hôtel à son sommet pour accueillir les athlètes et la direction voulait recevoir des événements spectaculaires. Grâce à la bonne coopération et au sens de l'organisation des responsables de Ski Mont-Gabriel, on leur a attribué ce grand show », souligne John Pomeroy de l'Association canadienne de ski acrobatique. Les spectateurs venaient des quatre coins du monde pour y assister, ce qui a permis à la montagne d'avoir une grande visibilité à l'échelle internationale.79 »
Doug Pfeiffer, le réputé «Hot Doug» cité par Jean-Luc Brassard80, voit le jour à Charlesbourg, mais prendra rapidement la route de la Californie où il deviendra un redoutable skieur de bosses. Ses exploits suscitent beaucoup d’intérêt et peu à peu, on parle de « Hot Doug » d’où l’appellation de « ski hot dog » que l’on a longtemps attribué au ski de bosses! Doug Pfeiffer marquera l’histoire du ski en lançant le célèbre Ski Magazine. Lors d’une conversation téléphonique avec Doug Pfeiffer en avril 2014, ce dernier me dit que la citation de Jean-Luc Brassard est probablement une légende mais dans sa voix je pouvais entendre un brin de vérité. Il a coursé au Mont-Gabriel en 1946.
L’auberge et les activités estivales
En 1985, l’hôtel est doté d’une magnifique piscine intérieure, incluant bain tourbillon, sauna et salle d’entraînement et le bar de l’hôtel est doté d'une très belle verrière qui s’ouvre vers l’extérieur. En 1987, tout en conservant le style rustique original, 127 chambres sont complètement rénovées.

C'est sous la direction de Laurent Dupras qu'on entreprend la construction du golf du Mont-Gabriel. Les travaux, commencés au mois de mai 1988, se sont terminés en septembre 1990 et le parcours est ouvert aux golfeurs pour la saison 1991. Originalement, le projet devait comprendre deux 18 trous et un Club House près de la tour de communication actuelle. À ceux qui ont l’occasion de visiter le golf, il faut admettre que de l’emplacement projeté du Club House, la vue aurait été des plus spectaculaires. Finalement, pour l’ouverture du golf, M. Dupras a fait installer une croix de chemin. Elle se trouve à droite du chemin Mont-Gabriel, en face de la sortie du garage, près du petit lac et un peu en retrait dans le boisé.
gabriel.htm; MONT-GABRIEL - Un parcours à travers l'histoire du Mont-Gabriel par Véronique Leblanc. Le Journal des Pays-d'en-Haut, Spécial Ski Mont-Gabriel, le mercredi 30 janvier 2002.
80La préface de « Des traces dans la neige, cent ans de ski au Qué- bec, Danielle Soucy, édition La Presse », par Jean-Luc Brassard.
Les stations de la Vallée de Saint-Sauveur inc. - Ski Mont-Gabriel
(10 jan. 1995 à aujourd’hui)
La société Les stations de la Vallée de Saint-Sauveur inc. achète la montagne et les installations de ski de Auberge Mont-Gabriel inc., / Station touristique Mont-Gabriel inc. le 10 janvier 1995. Cette société privée œuvre dans le domaine récréotouristique quatre saisons. À titre d’actionnaires majoritaires, nous retrouvons Louis Dufour et Louis Philippe et Béatrice Hébert. La société est également propriétaire des centres Mont Saint- Sauveur, Mont Olympia, Mont Avila, Ski Morin-Heights, Edelweiss en Outaouais et Ski Mont-Gabriel.
« Rares sont les yeux des automobilistes circulant vers le nord sur l'autoroute des Laurentides qui ne quitteront pas la route pour jeter un coup d'œil vers les pentes de Ski Mont-Gabriel. Telle une sentinelle sur le bord de la route, Ski Mont-Gabriel signale que l'on entre dans la région alpine des Laurentides. Les locaux le savent, Ski Mont-Gabriel, c'est une des premières pages du grand livre d'histoire du ski dans les Laurentides.
À la vue de ses deux versants comprimés dans le serpentin de l'autoroute, on ne peut imaginer que cette station recèle 21 pistes incluant zones de jeux et sous-bois. Le versant sud obtient la faveur des plus frileux qui apprécient sa protection des vents et son soleil. Ayant déjà atteint l’âge vénérable de 80 ans, le domaine skiable d’autrefois de Ski Mont-Gabriel s’est rationnalisé et l'objectif d'at- tirer de jeunes familles à prix populaire pour un centre de ski de qualité semble avoir trouvé sa niche dans les basses Laurentides. Le repositionnement comme une station dite " populaire " est en voie d'accréditer encore plus la réputation des promoteurs comme non pas de simples artisans du ski mais de vrais spécialistes qui savent s'ajuster aux tendances du marché.
Ski Mont-Gabriel doit donc être considéré maintenant comme une pépinière de nouveaux skieurs qui inévitablement gradueront vers d'autres centres. Cette nouvelle clientèle se recrute principalement chez les familles hésitantes à adopter le ski en raison du prix. Une passe de saison à 199 $, des tarifs de remontée réduits à 21 $ en semaine si on se le procure via internet et la possibilité, le cas échéant, d'allonger sa saison à la station du mont Saint-Sauveur sont autant d'avantages qui ont fait bondir sa liste de membres saisonniers de 400 à plus de 2 000 aujourd’hui.
Le Président du conseil de Les stations de la Vallée de Saint-Sauveur inc., Louis Dufour, reconnaît avoir craint que ce virage draconien se fasse au détriment des stations avoisinantes. Si tel avait été le cas, cela n'aurait été qu'un exercice de vases communiquants sans élargir nécessairement le marché. Or, tout indique que le pari a été gagné81. »
81Carnet du ski.com: « une pionnière devenue pépinière », Roger
Laroche, 19 février 2010 (avec quelques mises à jour).
Depuis l’acquisition en 1995, la piste Zig-Zag et les sous-bois l’Arcade, Le Canyon, L’Érablière, et La Grande Ourse ont été créés.
En 1996, la montagne nord est fermée et un site de glissades sur tubes est aménagé dans la piste Maple de 2002 à 2005 pour les familles désireuses de pratiquer d’autres activités pendant la saison. Les deux T-Bars près du pavillon ont été remplacés par un tapis magique en 2004. En 2006, Ski Mont-Gabriel récupère la coupe du monde de ski acrobatique qui devait avoir lieu au Mont-Tremblant. En 2014, tel que mentionné précédemment, le deuxième pont en bas de la Wesmount est remplacé par une piste qui croise le T-Bar du versant sud. Pour la saison 2015-2016, la piste de l’école de ski a été mise à niveau afin d’offrir une expérience client des plus agréables en mettant en place le concept « Terrain Based Learning Program » de la firme Snow Operating LLC. Également en 2015-2016, le balcon du bar du pavillon a été enlevé pour faire place à une grande terrasse ensoleillée située à la hauteur des pentes et une nouvelle cuisine attendait les habitués du Bar Tamarak.
Les transformations précédentes ont été réalisées sous la direction de Jacques Lagarde de 1995-2000, Christian Dufour jusqu’en 2005, Normand Daigneault jusqu’en 2009, Éric Kirkland jusqu’en 2011 et Éric Dufour tou- jours présent et très impliqué.
Éric Dufour, directeur général de Ski Mont-Gabriel: « Je suis fier des réalisations accomplies jusqu’à maintenant et nous avons à cœur de continuer dans notre belle lancée. Nous travaillons sans cesse à innover et améliorer le confort des nouveaux et des anciens skieurs. Nous nous plaisons à garder une ambiance festive et animée qui rendent notre sport unique.
Notre objectif : Offrir aux amateurs de ski un produit exceptionnel à un prix abordable! »
Le groupe Tidan
Hôtel et Spa Mont-Gabriel
(1 fév. 1998 à aujourd’hui)
Le 1er février 1998, Le Groupe Tidan fait l'acquisition de l'hôtel Mont-Gabriel. Le nom Tidan ne vous dit peut-être rien, mais vous connaissez sûrement plusieurs de leurs hôtels à Montréal et dans plusieurs autres villes, au Canada et aux États-Unis. Depuis sa création, TIDAN reste fidèle à un principe clé : asseoir, pérenniser et renforcer sa présence sur le marché grâce à une croissance soutenue, mais surtout harmonieuse. C’est la raison pour laquelle TIDAN inc. et ses sociétés apparentées et affiliées proposent à leurs clients un large panel de biens immobiliers, qui comprend à l’heure actuelle :
• des bâtiments à usage commercial / industriel (superficie totale de plus de 3 000 000 pi2) ;
• des immeubles d’habitation (plus de 2 000 appartements au total) ;
• une chaîne hôtelière (près de 1 800 chambres au total) ;
• des immeubles de grand standing en copropriété dans le centre-ville de Montréal.
Parmi les principaux biens immobiliers du Groupe figurent notamment :
5 bâtiments à usage commercial dans le centre-ville de Montréal, et notamment le TIDAN Building, un immeuble de 23 étages qui abrite le siège social du Groupe TIDAN ;
6 hôtels dans le centre-ville de Montréal, Le Méridien Versailles, Le Travelodge, Le Nouvel Hôtel, L’Hôtel 10, et le fameux Hôtel Mount Stephen (ouverture septembre 2016) ;
La Closerie, un luxueux complexe résidentiel en copropriété situé dans le centre-ville de Montréal ;
Le Club de Tennis Île des Soeurs, situé dans le Grand Montréal ; il s’agit du plus grand club de tennis cou- vert du Canada ;
L’Hôtel Mont-Gabriel + Spa, situé dans les Laurentides, au nord de Montréal ;
Trois grands centres commerciaux couverts au Canada Atlantique ;
L’Ocean Sky Hotel & Resort, complexe hôtelier situé en bord de plage à Fort Lauderdale, en Floride.
Le Groupe est particulièrement fier de son niveau d’activité actuel, car celui-ci s’est maintenu en dépit des fluctuations économiques. Guidé par l’esprit d’entreprise affûté de Mike Yuval et Jack Sofer, et fort de l’efficacité organisationnelle de son personnel, le Groupe est continuellement à la recherche de nouvelles opportunités d’investissement et continue d’enrichir, jour après jour, son portefeuille immobilier. Fort de ses nombreux succès, TIDAN poursuit ses efforts en vue de mener de nouveaux projets.
Martin Lavallée a débuté ses services pour l’Hôtel Mont- Gabriel en 1978 et il y est toujours actif. Il est le directeur général depuis 1999 et est aussi vice-président développement hôtelier et immobilier pour le Groupe Tidan depuis 2012. De son côté, Richard Dupras travaille à l’hôtel Mont-Gabriel depuis juin 1978. Il est actuellement directeur général adjoint et coordonnateur.
« Le magnifique Hôtel et Spa Mont-Gabriel est situé au sommet de la montagne. Il vous offre une excellente table du marché aux couleurs du terroir local et de superbes salles de réunion et banquet avec d’authentiques foyers, murs de pierre et bois rond. La vue imprenable sur la vallée de Saint-Sauveur fait de notre site l’endroit de pré- dilection pour vous assurer d’un séjour mémorable. Nos chambres sont douillettes et confortables, certaines offrent une vue panoramique et un balcon, d’autres sont nouvellement rénovées dans un style contemporain respectueux de l’héritage du Mont-Gabriel.
Durant la saison estivale, vous pouvez profiter d’une panoplie d’activités, telles qu’une ronde de golf sur notre terrain 18 trous (normale 71), baignade en piscines intérieure et extérieure chauffées, volley-ball de plage, tennis sur terre battue et pour terminer votre journée en beauté, vous pourrez siroter votre cocktail favori sur l’une de nos splendides terrasses.
Durant la saison hivernale, notre hôtel est le seul ski-in, ski-out des basses Laurentides ! Vous pouvez également pratiquer vos sports favoris tels que la raquette, le patin sur glace et le ski de fond hors- piste.
De plus, le Spa Relaxia met à votre disposition une gamme de soins corporels et esthétiques de grande qualité dans un cadre enchanteur.
« L’Hôtel & Spa Mont-Gabriel, votre chalet à la campagne… »
LM-139-04




Commentaires