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LES OFFICIERS DE MILICE DE LA PAROISSE DE SAINT-SAUVEUR EN 1862

Par Jean-François Corbeil


À l'instar des autres paroisses rurales établies avant la confédération, Saint-Sauveur fit partie, dès ses débuts, d'un bataillon de milice dont les membres étaient chargés de participer à la défense du pays en cas de conflit armé. Dans les quelques pages qui suivent, nous allons essayer d'apporter certaines précisions d'ordre biographique sur les officiers en poste à Saint-Sauveur en 1862, soit neuf années seulement après la fondation de la paroisse.


RAPPEL HISTORIQUE : LA MILICE AVANT LA CONFÉDÉRATION

Selon toute vraisemblance, c'est au comte de Frontenac, gouverneur de la Nouvelle-France de 1672 à 1682, que l'on doit attribuer la création de la milice canadienne. En effet, dès 1673, celui-ci informait les autorités françaises qu'il avait procédé à la nomination d'officiers chargés de l'entrainement militaire des habitants, soit de tous les hommes de la colonie âgés de seize à soixante ans. Compte tenu de la population restreinte du pays, chacune des paroisses correspondait alors à une compagnie de milice, laquelle était placée sous le commandement d'un capitaine. En plus de ses fonctions militaires, cet officier assumait également certaines charges judiciaires et civiles, dont l'entretien et l'amélioration des chemins.


Tout au long du régime français, les miliciens secondèrent efficacement les troupes régulières, particulièrement lors de l'attaque du Québec par Phips (1690) et lors de la guerre de la Conquête (1754- 1760). À cette époque (1760), le général Amherst fait état de cent soixante-dix compagnies de milice réparties dans les cent huit paroisses de la colonie; l'augmentation du nombre d'unités s'expliquant par la progression démographique depuis la fin du siècle précédent.


Après la Conquête, les compagnies de milice furent maintenues telles qu'elles existaient sous l'ancien régime, ce qui est confirmé par une ordonnance gouvernementale datée de 1777. Au cours de la première moitié du dix-neuvième siècle, la milice canadienne, forte de plusieurs dizaines de milliers d'hommes, fut de nouveau appelée à participer à la défense du pays, principalement lors de la guerre anglo-américaine de 1812-1814 et des Troubles de 1837-1838.

Suite à l'union du Haut-Canada et du Bas-Canada, le gouvernement fit adopter, en 1846, la «Loi de la milice» laquelle rendait obligatoire l'enrôlement de tous les hommes âgés de dix-huit à soixante ans et prévoyait aussi l'établissement d'une milice active pouvant regrouper jusqu'à trente mille volontaires. Finalement, neuf ans plus tard, une nouvelle législation divisait la Province du Canada-Uni en dix-huit districts militaires et organisait de façon définitive la milice active.


LA MILICE DANS LES PAYS-D'EN-HAUT

En 1862, le comté de Terrebonne1 faisait partie du huitième district militaire et était divisé en six bataillons, regroupant chacun une ou plusieurs paroisses, le tout conformément à la loi de 1855.


Le sixième bataillon, composé des paroisses de Saint-Sauveur et de Sainte-Adèle, était alors commandé par le lieutenant-colonel André Bouchard-Lavallée(1812-1878), notaire de Sainte-Adèle. En plus de son état-major, nous retrouvons sous ses ordres sept compagnies de miliciens ayant chacune un capitaine, un lieutenant et un enseigne (sous-lieutenant).


LES OFFICIERS DE SAINT-SAUVEUR 2

Selon les registres officiels de la milice, la paroisse de Saint-Sauveur comptait, en 1862, onze officiers subalternes 3. Il est intéressant de noter qu'en plus de leurs fonctions militaires, ceux-ci furent, pour la plupart, impliqués dans l'organisation municipale de la paroisse.


CAPITAINE WILLIAM-HENRY SCOTT (6 mars 1856)

Né à la rivière à Gagnon en 1833, il était le fils du lieutenant-colonel William Scott, marchand et juge de paix de Saint-Jérôme. Marchand, premier capitaine de milice de Saint-Sauveur, William-Henry Scott fut également maire de la municipalité de 1855 à 1862, puis de 1864 à 1866. S'étant établi à Saint-Jérôme vers 1871, il s'occupa à nouveau de politique municipale et fut maitre de poste de la ville, de 1906 à 1916, année de son décès.

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1 À cette époque, le comté de Terrebonne incluait /'Île Jésus

2 La date de promotion de chacun des officiers est indiquée à la suite de son nom.

3 La dénomination d'officier subalterne regroupe les grades de sous-lieutenant, lieutenant et capitaine.

CAPITAINE WILLIAM SHAW (14 mai 1857)

Fils de William Shaw, fondateur de Shawbridge, il était marchand à Saint-Sauveur en 1855 et fut membre du conseil municipal de 1858 à 1860.


CAPITAINE JOSEPH SHAW (14 mai 1857)

Probablement le frère du précédent, il était commis en 1855. Le 6 août 1855, il devint le premier secrétaire-trésorier de la municipalité de la paroisse de Saint-Sauveur, mais démissionna dès l'assemblée suivante. En 1871, il était propriétaire de plusieurs lots sis du côté nord-ouest de la rivière du Nord.


LIEUTENANT GRÉGOIRE BEAUCHAMP (14 mai 1857)

Propriétaire des lots quarante et quarante-et-un de la concession sud-est de la côte Saint-Lambert en 1857, Grégoire Beauchamp fut également conseiller municipal à Saint-Sauveur de 1855 à 1858 et de 1862 à 1864. De son mariage avec Philomène Marcotte sont issus au moins dix enfants, tous nés à Saint­ Sauveur entre 1870 et 1887. Grégoire Beauchamp décéda le 2 mai 1899, à l'âge de quatre-vingt-sept ans.



LIEUTENANT ELIE DESJARDINS (14 mai 1857)

À l'époque de la fondation de Saint-Sauveur, il était cultivateur et greffier. C'est en sa résidence qu'eut lieu, le 6 août 1855, la première assemblée du conseil municipal, organisme qu'il dirigea d'ailleurs de 1868 à 1870. De plus, il occupa, de mars 1857 à mai 1860, les fonctions de secrétaire-trésorier de la municipalité. En 1871, il habitait le village et était contremaitre et secrétaire-trésorier de la commission scolaire. Elie Desjardins décéda, le 28 mai 1892, âgé de soixante-neuf ans, laissant son épouse, Hélène Desjardins ainsi que plusieurs descendants.


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4 Cette information qui établit l'année de la naissance d'Élie Desjardins à 1823 est toutefois contradictoire à ce qui est mentionné au recensement de 1861. En effet, cette dernière source permet d'établir l'année de naissance à 1812.

LIEUTEMANT LOUIS-LÉON-JOSEPH LORANGER (14 mai 1857)

Fils d'Olivier Loranger et d'Elizabeth Dugal, il épousa à Saint-Sauveur, le26novembre 1859, Adéline­ Hortense Globensky (c. 1841-1881) fille de Maitre Louis-Edouard Globensky et d'Adélaïde Prévost. En 1862, il était adjudant du sixième bataillon de milice du comté de Terrebonne. Neuf ans plus tard, nous le retrouvons en tant que maitre de poste et commissaire de justice pour la paroisse de Saint-Sauveur. Marchand général à Piedmont, il fut également conseiller municipal puis maire de Saint-Sauveur de janvier 1866 à janvier 1868. Finalement, il occupa à deux reprises, soit de 1870 à 1872 et de1873 à1875, le poste de secrétaire-trésorier de la municipalité.


LIEUTENANT JOHN SANDERS (14 mai 1857)

Les seules informations recueillies concernant cet officier sont relatives à l'acquisition, le 4 avril 1853, d'une terre sise dans la concession sud-est de la rivière du Nord (Piedmont). Selon la carte cadastrale de la paroisse de Saint-Sauveur, ses descendants occupaient toujours ce secteur au milieu des années mil huit cent quatre-vingt.


ENSEIGNE JOSUHA BROWN (14 mai 1857)

Le 30 novembre 1849, il s'était porté acquéreur d'un lopin de quinze arpents au village de Piedmont. Le cadastre seigneurial de 1857 le mentionne en tant que propriétaire d'une partie du lot treize de la concession nord-ouest de la côte Saint-Lambert.


ENSEIGNE ISIDORE CHARBONNEAU (14 mai 1857)

Cultivateur et important propriétaire foncier à Piedmont dès 1855, il fut membre du conseil municipal de 1855 à 1858 puis à nouveau en 1862. Il avait épousé en premières noces, Marguerite Lafleur (c. 1830- 1890) qui lui donna six enfants. Le sous-lieutenant Charbonneau décéda le 28 avril 1909, âgé de quatre­ vingt ans et huit mois.


ENSEIGNE AUGUSTE-GODFROY GLOBENSKY (9 octobre 186)

Né vers 1835, il était le fils du notaire Louis-Edouard Globensky et, par conséquent, cousin du seigneur Charles-Auguste-Maximilien Globensky (1830-1906). En mai 1860, il remplaça Elie Desjardins en tant que secrétaire-trésorier de la municipalité, poste qu'il n'occupa toutefois que quelques mois. Vers 1863, il était propriétaire d'un lot dans la concession Saint-Lambert sud-est. Auguste-Godfroy Globensky décéda le 5 février 1875 et fut inhumé à Saint-Sauveur.


ENSEIGNE ANTOINE LABELLE (14 mai 1857)

Originaire de Saint-Augustin, il épousa à Saint-Sauveur, le 5 novembre 1855, Flavie Taillefer qui lui donna neuf enfants puis, en secondes noces, le 31 octobre 1887, Justine Hébert, veuve de Thomas Matte. Les registres d'état civil et les rôles de perception nous le présentent en tant que tanneur et propriétaire foncier à Piedmont, au moins jusqu'en 1869, puis comme cultivateur. Ajoutons qu'à l'instar de plusieurs autres officiers, il fut conseiller municipal de la paroisse (1862-1864).


BIBLIOGRAPHIE


  • En collaboration, Album souvenir. Saint-Sauveur-des-Monts, 1953.

  • Forget-Brissette, Berthe., Baptême et décès de Saint-Sauveur-des-Monts 1853-1910. 2 volumes,

  • 1989.

  • Liste de la milice sédentaire du Bas-Canada. 1862, 1863.

  • Rapport de l'archiviste de la province de Québec pour 1949-1950 et 1950-1951.

  • Archives de la Société d'histoire des Pays-d'en-Haut.

  • Recensement nominal de la paroisse de Saint-Sauveur. 1861.

  • Registres d'état civil de la paroisse de Saint-Sauveur.

  • Rôles de perception de la municipalité de la paroisse de Saint-Sauveur.


LM-047-12

 
 
 

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