top of page

Le moulin à scie Bellefleur

Rencontre avec Jean-Claude Massie


Chronique de village par Odette Pinard, membre # 632


Le nom Massie est porté par plusieurs familles en Amérique et en Europe, aux États-Unis et tout près de nous, à Saint-Adolphe-d’Howard. Parfois, on retrouve ce patronyme sous la forme de Massis, Massi ou Massy parmi nos pionniers.


Isidore et Maxime Massie


Ces deux frères s’établirent défricheurs et colons dans ce canton qui deviendra village vers 1883. Ces premiers fondateurs se sont tout d'abord établis aux abords sud du canton, soit près de Morin-Heights et de Montfort, puis au nord du canton, près de Sainte-Agathe-des-Monts et Francistown aujourd’hui disparu.


À cette époque, les colons qui vinrent s'établir dans le canton d'Howard étaient attirés par les grands espaces et les forêts qui les recouvraient, mais surtout dans l’espoir de s’établir sur une terre qui leur appartient et y faire vivre sa famille en y gagnant son pain. Une terre leur était concédée à condition de la défricher et de construire dans un délai donné, à titre d’agriculteur. La construction du chemin de fer de la Canadian National Railway vers le Lac-des-Seize-Îles et la promesse d’une autre ligne, The Central Railway Company of Canada, entre Francistown et Sainte-Agathe, a pu faciliter ce mouvement de colonisation.


La colonisation


Il s’y trouvait aussi le cœur de Francistown, localisé sur l'actuel chemin Morgan près du lac Sainte-Marie, lors-qu'on a commencé à défricher pour préparer cette autre ligne de chemin de fer passant près du lac. Le projet a failli, Francistown également, 200 personnes de ce village devinrent chômeurs, le Château d’Argenteuil, résidence principale de Francistown a fermé. Des maisons furent transportées plus à l’ouest. Alors, en vertu de l'ancien article 35 du Code municipal, la nouvelle municipalité de Saint-Adolphe-d’Howard fut fondée en date du 1ᵉʳ janvier 1883.


L’agriculture étant peu praticable sur ce sol trop acide, ces hommes courageux se sont tournés vers la coupe du bois et l’industrie forestière. La nécessité de construire un moulin à scie et à moulée devenait évidente. Le curé Pierre-Damien Filion (1865-1936, curé de 1894 à 1914) proposa le site et ce fut la seule industrie connue du village au début de son développement. Les hommes tels les Larose, Corbeil, Bertrand, Millette, Massie, Bélisle et Paquette y ont travaillé.

 

La roule de billots


Vers 1905, le moulin à scie d’Aldéric Ti-Blanc Bellefleur (1874-1946) était actionné à la vapeur. « Au moulin, on prenait l’écorce, la ripe et on la mettait dans le fourneau. L’eau passait dans des tuyaux pour faire la vapeur : l’engin à steam comme ils disaient. Le bois était acheté auprès des colons bûcherons », m’expliquera Réal Millette. Ce moulin fut construit sur un terrain situé à l'arrière de l'actuel bureau de poste, rive ouest du lac Saint-Joseph. L'histoire nous renseigne également qu'il y eut d'autres moulins à scie au lac Chevreuil (1912), sur le chemin du Lac Beauchamp et sur le site de Francis- town. Le village ne fut électrifié qu’en 1941.


« Ernest Massie faisait chantier l’hiver. Pas besoin d’aller très au nord. Les bûcherons rasaient la forêt, sur les montagnes qu’on voit autour du lac, et plus loin. Du sapin, de l’épinette et du cèdre, des érables ou merisiers, surtout du bois mou. On traînait les troncs jusqu’aux lacs et rivières avec chevaux et chaînes. Rendu au printemps, c’était la drave. Lorsque le temps se réchauffait, les draveurs armés de leurs piques poussaient le bois sur le lac pour l’amener à la scierie, ou le tiraient avec une chaloupe à rames. On manœuvrait la cage à l’aide de longues rames et la tirait avec la chaloupe jusqu’au moulin à scie. Mais attention aux accidents et aux noyades. Le bois mouillé s’en trouvait ramolli et souvent presque entièrement écorcé sans frais. Au sortir, on mettait ces troncs en roule de billots pour sécher un certain temps.


À l’étape du positionnement de la bille, le scieur n’utilisait pas de chariot ; il plaçait plutôt deux madriers d’environ trois pieds entre l’empilement de billots, tout juste à côté en parallèle avec la scie, puis il faisait rouler le billot choisi en se servant du bon vieux crochet de bûcheron pour le tirer vers la scie. Alors, on procédait au sciage pour faire des planches qu’on laissait sécher à l’air libre. Les villageois venaient s’approvisionner en poutres et en planches pour construire des maisons, des quais ou encore des enclos. Souvent, Adélard Bellefleur livrait le bois. Le bran de scie (la ripe) servait non seulement de combustible à la scierie, mais aussi à l’isolation des murs, ou comme litière pour les bovins et le poulailler.


Tout ce qui reste d’un billot sera récupéré. La croûte et les débris seront vendus comme bois de chauffage. Il est relaté l’épisode où Bellefleur a vendu des poutres à un médecin âgé de 82 ans pour bâtir un quai : « Je vous le garantis à vie ! » avait-il alors lancé à la blague. Ce Bellefleur a bâti un magasin général en face de Wilfrid A. Gratton (1907-1981), épicier et nous trouvons encore des billots dans le fond du lac ».


Progressivement, de nouveaux résidents se sont installés en bordure du lac Saint-Joseph. Et le moulin à scie cessa ses activités vers 1935, démoli en 1950.


Un résident, le dentiste Lamarre, acheta le terrain, et a bâti 4 chalets. On trouve maintenant sur ce site le bureau de poste. D’autres industries prendront place, dont celle du tourisme et des camps de vacances, puis le radar NORAD Pinetree Line en fonction en 1955.

 

Lignée ancestrale


Augustin Gustave Pitro Massie (1891-1973),

fils d’Isidore, établi en 1900, « avait une terre sur le mont Howard. Puis, il travailla à dépecer la glace pour la distribution tout au long de l’année dans le village ». Son petit-fils Sylvain pourra vous le confirmer.


Nous devons ajouter qu’un peu d’élevage était pratiqué dans le village, ainsi que la tenue d’un potager. Marie-Délia Dupuis, la grand-mère maternelle de Jean-Claude Massie, avait un jardin assez grand qui se prolongeait de la rue principale du village jusqu’à la rue arrière. Elle élevait des petites poules Bendy (Bantam) pondeuses. Ces poules arrivaient de Sainte-Agathe livrées par Léo et Magnus Corbeil dans leur camion.


Marie-Délia Dupuis, née à Maskinongé, était une institutrice à l’école No 2 du Lac Long (1908), dans la tradition des femmes de cette famille, comme sa mère Mathilde Dupuis et grand-mère avant elle, et ses filles, dont une Fille de la Sagesse, Délia Allard, religieuse missionnaire en Haïti. Marie-Délia Dupuis était aussi musicienne, organiste attitrée à l’église, maîtresse de poste de 1932 à 1937. Elle eut quatre enfants, nés à la maison, et plusieurs fausses couches. Ses grossesses étaient portées sans plus de misère, et sans les montrer !


Adolphe Massie — grand-père paternel, fils de Maxime établi en 1899, marié à Amanda Beauchamp, est mort durant l’hiver de 1928 lorsqu’il travaillait dans un pit de sable (gravière) situé de l’autre côté du lac Saint-Joseph, à charger le sable avec sa sleigh tirée par des chevaux pour l’entretien des routes. Il était père de 7 enfants :


1.     Rose, mariée à Avila Charbonneau

2.     Clodomir, marié à Marguerite Leblanc

3.     Marie-Louise, mariée à Arthur Cadieux

4.     Vianney, marié à Adrienne Barbe

5.     Ernest (1915-1969), le père de Jean-Claude, marié à Yvonne Allard en1941, 2 enfants, menuisier et constructeur au village (1915-1969)

6.     Gérard, marié à Cécile Larose

7.     Juliette, mariée à Paul Verdier


Le père, Ernest Massie, est né en 1915 à son domicile du village. Il a fréquenté la petite école, celle qui avait deux étages et qui a brûlé, pour apprendre à lire et écrire, puis devint menuisier ». Il s’est marié avec Yvonne Allard le 22 août 1941, à Saint-Adolphe. La vieille école préparait la visite de l’inspecteur juste avant Noël alors qu’un sapin décoré de chandelles allumées pour cette occasion a pris feu, et l’école a flambé (1924).


Pleine de remord, une élève se rappelle encore qu’elle avait souhaité que l’école brûle une semaine avant. L’emplacement se trouve sur l’emplacement de l’actuelle mairie. Avec Roméo Millette, ces deux hommes ont bâti plusieurs maisons du village, dont celle qui loge le restaurant-boulangerie Le Pique-Assiette. Puis, il travailla à la base militaire Pinetree. Il est mort le jour du premier alunissage d'un homme sur la lune par la mission américaine Apollo 11 commandées par Neil Armstrong le 21 juillet 1969 ».


*Jean-Claude Massie, natif de Saint-Adolphe-d’Howard, demeure au cœur du village. Après des études au Mon- treal Technical Institute of Graphting, il fut dessinateur pour la Royal Canadian Air Force, et pompier pour la municipalité. Il est important de souligner : avec le pre- mier camion, un 1942, avec les pompes et les sirènes.


Il fut directeur du comité des Loisirs de Saint-Adolphe-d’Howard pendant 17 ans, cofondateur du Club Optimiste, des Lions et du Club de l’Âge d’Or. Il est aussi cofondateur du Club de Motoneige de Saint-Adolphe-d’Howard — premier club de motoneige au monde ! — avec les Jean-Guy, Yvon et Pierre Pagé. Il a occupé le poste de conseiller municipal à plusieurs reprises, et a recouvré son siège aux récentes élections de l’automne 2013.

 

Sources :

Les archives de la Société d’histoire et de généalogie des Pays-d’en-Haut

Saint-Adolphe-d’Howard, Terre d’Histoire, Édition 2008 Le Présent du Passé, Édition 1983

Entretien avec messieurs Jean-Claude Massie, Réal Millette et Jean-Guy Gratton


Lignée ancestrale de *Jean-Claude Massie


Massy, Joseph, marié à Hélène Barolet


Charles Massis ou Massy, dit Paquet (1735-    ), Saint-Martin-de-Laval. Mariage vers 1790 à Marie- Françoise Lanthier


Nicolas Massi (N.1798-d.1861 à Saint-Jérôme) 5 enfants, mariage à Sainte-Rose-de-Lima, le 9 novembre 1818, à Julie Sureau, dite Blondin (Simon Sureau, dit Blondin et Marie-Amable Lachaîne, dit Jolicoeur)


Maxime Massis (N.1845 -1902), frère d’Isidore Massie Concession du lot 38A, rang III en 1899, 2 enfants, mariage (1863) à Sainte-Adèle, à Marie- Marguerite Robert


Adolphe Massis (N.1885-1928)

7 enfants. Mariage 7 janvier 1903 à Amanda Beau- champ (1885-1944), fille d’Adélard Beauchamp (1888-1959) et Courana Miron (1889-1961).Le père d’Adélard Beauchamp se nomme Alphonse Beau- champ (1847-1924), marié à Malvina Bourque (1853- 1922), fille de Louis Bourque (1831-1901) et Victoire Labelle (1831-1896). Le couple installé en 1877 à Saint-Adolphe, lots 39 et 40, rang III plus lot 38


Ernest Massie (N.1915-d.1969),

2 enfants, mariage à SAH le 22 août 1941 à Yvonne Al- lard (1811-1989), fille de William llard et Marie-Délia Dupuis (1884-1972) de Maskinongé, institutrice et organiste ; avec sa mère Mathilde Dupuis, tient un maga- sin au village (épouse de Joseph Dupuis en 1875.


Jean-Claude Massie, mariage avec Marie-Claire Doré (1944-1972), un fils Daniel ;

2e mariage Louis Delage en 1967, une fille Caroline.


LM-134-07



 
 
 
À PROPOS

La Société d'histoire et de généalogie des Pays-d'en-Haut est une corporation sans but lucratif

ADRESSE

Tél. : (450) 744-0182

 

Chalet Pauline-Vanier 

33, avenue de l'Église
Saint-Sauveur, Québec, Canada
J0R 1R0

 

info@shgph.org

Voir les heures d'ouverture

POUR NE MANQUER AUCUNE NOUVELLE. 
ABONNEZ-VOUS MAINTENANT!
  • Grey Facebook Icon
  • Grey Google+ Icon
  • Grey Instagram Icon

© 2017-2024 Mélanie Tremblay / Votre boutique en ligne : faites le premier pas

bottom of page