top of page

La vie économique

Beurrerie de M. Grégoire Bélanger, au Grand Ruisseau De gauche à droite - assis: Aimé Prévost, Albert Lessard, Eugène Bélanger, ... Maillé, Adolphe Bélanger, Bernadette Bélanger, Wilbrod Bélanger, Pomméla Lafantaisie, Arthur Cyr, Alice Prévost, Léa Conway, Jules Bélanger, Joseph Léonard, Télesphore Beaulieu. Dans les voihlres: Freddy Léonard, un fils de Michel Prévost, Alphonse Piché, (une dame?), Mme Alphonse Léonard , Janvier Brière, Joseph Prévost. L'album souvenir, 1853-1953, p. 40.
Beurrerie de M. Grégoire Bélanger, au Grand Ruisseau De gauche à droite - assis: Aimé Prévost, Albert Lessard, Eugène Bélanger, ... Maillé, Adolphe Bélanger, Bernadette Bélanger, Wilbrod Bélanger, Pomméla Lafantaisie, Arthur Cyr, Alice Prévost, Léa Conway, Jules Bélanger, Joseph Léonard, Télesphore Beaulieu. Dans les voihlres: Freddy Léonard, un fils de Michel Prévost, Alphonse Piché, (une dame?), Mme Alphonse Léonard , Janvier Brière, Joseph Prévost. L'album souvenir, 1853-1953, p. 40.

La vie économique


Dès leur arrivée, les premiers colons s'acharnèrent contre la forêt vierge: il fallait défricher rapidement afin de récolter au plus tôt.


Aussi loin que nous puissions remonter dans les souvenirs, nous allons tenter de rappeler ceux et celles qui ont contribué au déve­loppement économique, de la mu­ nicipalité de Saint-Sauveur depuis 1850 jusqu'à nos jours.


Pour le territoire de Piedmont, nous arrêterons en 1923, année d'incorporation de cette municipalité et pour Saint-Sauveur-des­ Monts (Village), en 1926.


L'agriculture


Les colons qui s'établirent dans l'une ou l'autre des concessions de l'augmentation de la seigneurie des Mille-Iles s'attaquèrent tout d'abord au défrichage. Leur petite maison rudimentaire érigée.1 ils commencèrent à faire leur potager. Ensuite, ce fut le défrichage et le début de la culture de la terre. La­ bourage, semences, récoltes furent le lot de chaque pionnier.


«L'économie de la région est réduite à une agriculture de subsis­tance complétée par des ressources non agricoles. La pauvreté du sol, l'ignorance de l'utilisation des en­ grais et les impératifs de la nature défavorisent la production agricole.


«Comme la belle saison est courte, les rayons bienfaisants du soleil ne réussissent que difficilement à combiner leur action avec celle du sol afin de faire pousser la moisson nourricière.


«Le colon cultive des céréales, maïs, avoine, sarrazin et mil, nécessaires à l'alimentation de sa famille et de ses animaux. Le lin est récolté pour ses fibres naturelles; on le tisse en linges à vaisselle, en es­suie-mains, en enveloppes de paillasse et d'oreillers, en sacs à grains et même en vêtements. Toutefois, c'est la culture du foin qui se révèle la plus appropriée aux canditians naturelles des Pays-d'en-Haut. Elle permet au colon d'élever des vaches, des chevaux et aussi des moutons.


«Chacun de ces animaux joue un rôle précis dans la vie des premiers colons. Bœufs, va­ches et chevaux fournissent l'énergie motrice permettant les labours, les récoltes et les déplacements des habitants. La vache fournit aussi le lait que l'on transforme en beurre et en fromage. Elle donne aussi la viande nécessaire à l'alimentation des colons et le cuir aux multiples usages. La toison du mouton fournit la laine qui sert à la fabrication de vêtements et de chaudes couvertures qui protègent contre les rigueurs de l'hiver.


La culture du lin

 

La culture du lin, généralement répandue chez les habitants, ne manquaient pas d'intérêt.


Chaque famille semait annuel­lement un demi-arpent ou un arpent de lin. La récolte a lieu à la fin d'août. On ne coupe pas la plante, mais on l'arrache à la main. Étalé en javelles, le lin sèche sur le sol durant trois semaines; la rosée, la pluie, le soleil désagrè­gent lentement les enveloppes ui retiennent la fibre prisonnière .


Après l'avoir battu au fléau pour en séparer la graine de la tige, on procède au broyage, opération qui débarrassera le lin de son écorce rugueuse et donnera la filasse. C'est le travail le plus dur, toute la famille est sur le chantier de la braierie. Souvent, aussi, le broyage est l'occasion de joyeuses corvées.


«Le choix du site est important: une échancrure de rocher, un ravin, une lisière de bois, à l'abri du vent, autant d'endroits favorables à l'action du fourneau et des travailleurs. Ce fourneau de séchage est rapidement cons­truit au moyen de pierres et de quelques pièces de bois, comme dessus du fourneau, une espèce d'échelle, placée horizontalement à trois ou quatre pieds de terre et soutenue aux extrémités par des piquets, c'est le séchoir. On dispose le lin sur ces rondins en une couche de cinq à six pouces d'épaisseur. Intervient alors le rôle du chauffeur. C'est sur lui que repose le succès de l'opé­ration. Le feu ne doit ni s'étein­dre, ni flamber. La besogne re­quiert une attention de tous les instants. Une minute de distrac­tion, et tout est grillé! Un épieu à la main, le visage noir de suie, il surveille le foyer, prêt à l'as­perger dès que la flamme menace de monter. Il lui aussi retourner sans cesse les gerbes pour qu'elles sèchent de tous les côtés à la fois.


«Les braies sont solidement fixées pour pouvoir supporter les vibra­tions des coups répétés. Ins­trument très simple, la braie se compose de trois pièces de bois parallèles et horizontales contre lesquelles s'appliquent les arêtes d'une autre pièce mobile creusée, assujettie par une cheville à un bout, et portant une poignée à l'autre bout. C'est sous cette der­nière pièce battante que les tiges triturées volent en éclats pour libérer la filasse. Dépouillée de son enveloppe, la filasse blonde se déploie en cordons soyeux qui se juxtaposent à la droite de chaque broyeur.


«Immédiatement après, on procède à l'écochage qui consiste à battre chaque poignée de lin avec une espèce de long coutelas en bois dur pour en enlever les ai­grettes. La filasse est ensuite peignée, puis plongée dans la lessive durant deux jours. Elle sera de nouveau battue, rincée et séchée. Le rouet la tordra en fil et le métier à tisser la transformera en belle toile du pays.


24 La plupart des informations his­ toriques de ce chapitre, viennent de l' Album-souvenir de Saint­ Sauveur-des-Monts, 1853-1953.


La fabrication de la potasse


«Les pionniers s'attaquèrent avec vigueur à la forêt vierge. Il fallait défricher rapidement pour récolter au plus tôt. Les premiers troncs abattus furent livrés aux flammes. Une fois défalquée la quantité de bois requise pour le chauffage, que faire du reste? On s'aperçut bien vite qu'on pouvait tirer profit de ces essences. Dès lors, l'industrie de la potasse était née. Elle n'était pas de nature à enrichir personne, mais elle a rendu d'immenses ser­vices en ces temps où l'argent était si rare. L'art de procéder à une telle fabrication est peu connu de nos jours.


"À proximité d'un cours d'eau ou d'une source généreuse, on installe un bûcher qui réduira en cendre ces beaux billots de bois franc: me­risier, bouleau, hêtre, orme, frêne, etc. On récupère cette cendre de bois dans de grandes cuves qu'on arrose abondamment. Conduite dans des auges, l'eau entraîne dans des chaudières la partie soluble de la cendre: première lessive qu'on fait bouillir dans de grands chaudrons de fer jusqu'à ce que l'eau se soit complètement évaporée. Le résidu, c'est le salin, espèce de gros sel noir; soumis à son tour, à des cuissons successives, le salin se transforme en potasse.


"Ce produit était soigneusement recueilli dans des tonneaux, prêts pour l'expédition à  Montréal. Préparer une charge convenable de potasse était l'affaire de plu­ sieurs semaines de travail, et le transport de la marchandise, en voiture, exigeait bien trois ou quatre jours pour l'aller et le retour. Dans la grande ville, les fabricants de potasse obtenaient de quatre à cinq piastres pour un quintal (120 livres). Une charge de trois ou quatre tonneaux pou­ vait rapporter trente à quarante piastres. Quand une famille pou­ vait faire quatre expéditions par année, c'était un véritable succès.


«On trouvait ces brasseries de potasse à plusieurs endroits dans Saint-Sauveur, notamment chez Toussaint Forget, dans le premier rang du Canton Morin qui ex­ ploita cette industrie durant une trentaine d'années. Toussaint Forget, fils, en exploita une dans le premier rang du même Canton sur un lot qui devint plus tard la propriété de Josaphat Beaulieu. Grégoire Forget ex-ploita sa propre brasserie, près de l'école de Christieville. Venire Corbeil, au Grand Ruisseau produisait de la potasse sur la terre qu'occupa Joseph-Vital Léonard. Dans le rang Saint-Lambert, le brasseur de potasse fut Pierre Filiatrault, père «Pour augmenter leur production tous ces fabricants parcouraient les rangs et achetaient la cendre au prix de dix sous le minot.


La fabrication de la chaux


Le sous-sol de nos montagnes laurentiennes recèle sans doute des richesses minérales susceptibles d'être exploitées un jour ou l'autre. Des prospecteurs y ont découvert de riches gisements de titane et de fer. Les anciens de Saint-Sauveur ne pouvaient son­ ger à ces entreprises de grande envergure, mais ils savaient tirer profit des ressources qui s'of­ fraient à leur initiative.


"L'un des nôtres s'intéressa, durant une vingtaine d'années, à une exploitation du genre. M. Isaac Constantineau possédait sur sa propriété, celle qu'occupa M. Eloi Legault et sur laquelle fut érigée.


La Pension du Cap, une carrière de chaux qu'il développa avec profit. Cette pierre calcaire était extraite précisément de la montagne escarpée non loin de la maison. Le four à chaux avait été installé tout près du chemin. L'entreprise, un moment prospère, dut finalement être abandonnée


Les métiers


Dans toute société, les métiers ont une grande importance. Il en fut ainsi dans notre localité. Aussi loin que l'on puisse remonter dans l'histoire de Saint­ Sauveur, on peut identifier des hommes et des femmes qui ont pratiqué leur métier. Comme il n'existe pas de notes historiques sur les métiers qui ont été exercés à Saint-Sauveur, c'est grâce à la mémoire de certains concitoyens qui ont livré leurs souvenirs à feu M. Cyprien Lacasse, que nous pouvons vous présenter les infor­ mations qui suivent.


Les beurreries


Le développement des trou­ peaux explique l'origine des beur­ reries et des fromageries. A partir de 1875, la beurrerie commence à tenir un rang parmi les maisons d'affaires de Saint-Sauveur. M. Edmond Brosseau, fort de l'appui d'un ancien beurrier qui l'assurait de son aide, ouvre une première beurrerie au Grand Ruisseau. Après cinq années d'exploitation de celle-ci, il achète un terrain dans le village de St-Sauveur. M. Brosseau y construit sa maison et une nouvelle beurrerie, plus mo­ derne et mieux équipée25. Il parta­ ge le travail avec ses deux fils, Mathias et Joseph, mais il garde son homme de confiance, Albert Lessard.


En 1890, le beurrier de Saint­ Sauveur ouvre une troisième beurrerie à Piedmont, et son fils Mathias en devient propriétaire. Celle-ci était située à peu près en face du  bureau de poste dont


25 On y accédait par la rue de la Gare, selon M. Cyrille Lapointe.


l'édifice abrite aujourd'hui le bureau d'information touristique. L'ère de ces petites industries a duré une soixantaine d'années. Elle marque précisément la pério­ de où l'agriculture faisait vivre la grande majorité de nos parois­ siens. La plus tenace des barattes, celle de M. Adolphe Bélanger, a dû cesser ses activités, en 1934, faute d'encouragement, c'est-à-dire faute de crème.


Les salons de barbier


À l'origine, les barbiers étaient ceux dont le métier était de faire la barbe au rasoir à main, mais, en Amérique, les barbiers étaient ceux qui coupaient les cheveux aux hommes.


Après leurs journées de travail, dans leur maison respective, quel­ ques résidants s'affichèrent bar­ biers. Amis et voisins se présen­ taient pour se faire couper les cheveux. Pour 10 cents, on avait une coupe de cheveux. En ajou­ tant 5 cents, les barbiers d'occasion comme Louis Ratelle (forgeron), Jules Beauchamp (forgeron) et Al­bert Forget (menuisier) sortaient leurs rasoirs.


Plus tard, des barbiers ouvri­ rent leur salon respectif: Jos Brosseau, fils d'Edmond, (dans la maison paternelle aujourd'hui occupée par le casse-croûte du «Général Kiwi»; Marc Legault fit ses débuts dans l'immeuble au­ jourd'hui occupé par «By Ameri­ can». Il aménagea par la suite au 251 de la rue Principale (La Bohème). Il quitta vers 1970; André Blondin le seul profes­ sionnel de la génération de l'enseigne blanc et rouge se serait installé vers 1961 dans la maison qu'il occupe encore au 268 de la rue Principale.


Les boulangeries


Au début, toutes les familles cuisaient leur pain. Ce n'est que beaucoup plus tard que les bou­ langers prirent la relève des mères de famille.

Au début des années 1900, le notaire Malo transform sa pro­ priété (7, avenue de l'Église) en boulangerie qu'il loue à Camille Gauvreau, père de Télesphore dont nous parlerons au chapitre des commerces.


Douze ans plus tard, Édouard Pagé en fait l'acquisition au mon­ tant de 2 250 $. Depuis 1960, Philippe et Bernard continuent le travail de leur père.


En 1927, M. Mastaï Beauséjour exploitait une boulangerie sur la rue Saint-Denis dans la partie du bâtiment aujourd'hui occupé par les bureaux de l'Entraide béné­ vole. En 1934, il est remplacé par M. Lafantaisie. Marcel Boyer le remplacera et continuera à des­ servir la clientèle de ses prédé­ cesseurs.


Les cordonneries


Longtemps, nos pionniers fi­ rent eux-mêmes leurs «souliers-de­ beu» et leurs attelages pour les chevaux. De 1935 à 1967, M. Elias Gagnon eut sa boutique au 314 de la rue Principale. Son épouse, Florida Charron, exploita un com­ merce de chaussures, durant une douzaine d'années dans la même maison.


Les forges


Les forgerons furent des arti­ sans importants qui concoururent au progrès de diverses manières. Travaillant le fer au marteau après l'avoir fait chauffer à la forge, le forgeron ferre les che­ vaux, répare les équipements de locomotion, la machinerie agricole et façonne des décorations. Les forgerons étaient reconnus pour être gaillards car ce métier né­ cessitait une force physique hors de l'ordinaire.


Au premier rôle d'évaluation de la municipalité de la Paroisse de Saint-Sauveur déposé en 1855, en regard des noms de MM. Charles Maillé et Moïse Lavictoi­re, est inscrit, comme occupation, FORGERON. Malheureusement aucun document ne nous permet de savoir où ils avaient érigé leur boutique. Toutefois, nous savons que Louis-Napoléon Ratelle, marié à Sara Aubry, exploitait une boutique de forge en 1886. Elle était située sur la rue Principale à l'emplacement  du restaurant «BAR 259». Avec sa femme et sa famille, il habitait la maison tout à côté de la forge, devenue l'ac­tuelle boutique «Rebel».


ree


Les cultivateurs confièrent aussi leurs travaux de forge à Jo­ seph Rochon et à Jules Beau­ champ.


À Piedmont il y eut plusieurs forgerons: Toussaint Benêche, Fer­ rier Forget, Rodrigue Touchette, Alphonse Leclerc, Jean-Baptiste Fleurant.


La forge était aussi le rendez­ vous des raconteurs d1histoires. On y jouait aux dames et aux cartes, pendant que le forgeron battait le fer sur l'enclume.


Les ferblanteries


Les artisans de ce métier très important fabriquaient et ven­ daient des objets fabriqués avec du fer-blanc, du zinc ou du laiton. A Saint-Sauveur, ils fabriquaient et vendaient des tuyaux de poêle, des contenants pour le lait, des chaudières pour recueillir l'eau d'érable, des tinettes. Avec l'é­ volution, ces artisans sont devenus des plombiers s'occupant de tuyauterie et des systèmes de chauffage. Les noms de Wilfrid Touchette et de Damase Guénette ont marqué leur époque dans ce domaine.


Les professions libérales


Les professions libérales sont essentielles au développement d1un milieu. Nous avons tenter de retracer les noms de ceux qui, par la médecine et le notariat ont aidé les Sauverois et Sauveroises de diverses façons.

 

Les notaires

Plusieurs notaires publics vin­ rent rédiger des contrats en notre municipalité. Parmi eux, Joseph Filiatrault, notaire de St-Jérôme (ex : contrats de dons de terrains à la Fabrique, contrat de cons­ truction de la chapelle, etc.). De 1855 à nos jours: Joseph Labelle, Vital Mathieu, J.-A. Malo,


Joseph Chevalier, Armand Brien, Conrad Laberge, Raoul Lupien, André Vallée, Françoise Major et d'autres ont exercé cette profes­ sion.


Les médecins


Autrefois, le médecin de cam­ pagne devait faisait à tous les maux et y trouvait remède. Il se rendait sur place et faisait fi des intempéries. Il semble que le premier médecin de Saint-Sauveur fut le Dr Toussaint Chartrand qui aurait pratiqué sa profession de 1867 à 1881. Suivi de: MM. Dubé, J.-L. Proulx, J.-Ignace Pontbriand (1896-1910), L.-A. Désiré Houde (1904-1906), Joseph-Octavien Lapointe (1910-1965), Avila Larose (1921-1922), Jacques Champagne (1945) et Antoine Désy. À tous ces anciens, il faudrait ajouter le nom de chacun des médecins gui professent dans nos cliniques modernes: les Boutin, Lapalme, Ménard, Tardif et Gascon.


Les industries


Les moulins

«Accrochés aux rives de nos rivières, nos moulins ont fait entendre pendant longtemps le grincement de leurs scies, le tic­ tac des meules et des cardes. Ils n'étaient pas de purs ornements, des monuments historiques; c'était de véritables utilités publiques. Le découpage du bois à la scie mécanique apportait une transfor­ mation dans le mode de cons­ truction.


"Le moulin à farine se mêlait davantage à la vie des habi­tants. Nos premiers colons cultivaient  leur blé et mangeaient le pain de leur blé. Il fut un temps où on se serait cru déshonoré s'il avait fallu acheter un pain! Chaque automne, les colons ne man­quaient pas de faire leur pro­ vision de farine de blé et de sarrazin. Le pain de ménage était un peu noir, paraît-il, mais il gardait quand même toute sa vertu. Les anciennes meules, piquées soigneusement à la main, produisaient une véritable mouture; le grain, écrasé entre les meules, était réduit en farine, et non pas seulement coupé en deux par de vulgaires couteaux. À l'époque de la moisson, les meules ne chômaient pas; on devait assez souvent attendre son tour au moulin. Le meunier se payait à appelée la côte à Lafleur, propriété actuelle de M. Léo Guénette. "Pendant une dizaine d'années, Toussaint Cloutier tint en opéra­tion une scierie dans le rang Saint-Lambert au service des cul­tivateurs de l'endroit.


Les commerces

 

Les magasins généraux

Le magasin général était l'endroit où l'on pouvait se procurer à peu près tout; c'était aussi un lieu où les amateurs de cartes et de «dames» se mesuraient après avoir

échangé respectivement nouvelles et potins. Pendant de très nombreuses années, à part les «catalogues», le magasin général était le seul fournisseur pour toute la population. Le tintement de la cloche de la porte d'entrée du magasin avertissait le propriétaire de l'arrivée d'un client. Il n'était pas rare que les marchands fassent du «troc» en prenant des produits de la terre comme paiement: oeufs, lard salé, sirop d l'érable et sucre du pays, patates, toile et étoffe tissées, lai­ ne, etc.


Le propriétaire devait prévoir des mois d'avance, et emplir ses entre-pôts de marchandises pour four-nir ses clients toute l'année. Saint-Sauveur compta jusqu'à trois magasins généraux.


Dans le secteur de Piedmont, le magasin W.-H. Scott27 (1844-1859) a connu au moins un autre pro­ priétaire: Basile Clouthier (1859- circ 1890).


A compter de cette dernière année, et jusqu'en 1918, la maison acquise par Adélard Forget ne connut qu'un rôle de résidence.


Dans le secteur de Saint-Sauveur, il faut remonter en 1875 pour retracer un magasin général. Passant devant le commerce du 187 sur la rue Principale, on ne retrouvera aucune trace du maga­ sin général qu'exploita William SloaneJusqu'en 1897, un coin du magasin était réservé au bureau de poste.


26    Cette propriété fut longtemps occupée par M. Éloi Legault.


27 Vers 1850 M. Scott s'était fait construire une maison et un magasin général à l'angle des chemins Curé Labelle (ancêtre de la route 11) et de la Gare.



Dans le secteur de Saint-Sau­ veur, selon le rôle d'évaluation déposé en 1855, MM. Moïse Desjardins et Hilaire Choall étaient propriétaires d'un magasin général.


Nous n'avons retracé aucun document sus- ceptible de nous aider à localiser leur commerce. Par ailleurs, nous savons que, à l'emplacement au­ jourd'hui occupé par le restaurant Bentley's (235, rue Principale), M. François-Xavier Clouthier exploita son propre magasin généra] qu'il vendît en 1909 à son gendre, Télesphore Gauvreau. Ce dernier le vendit, à son  tour,  à   J.­ Stanislas Bélisle qui fut le dernier à ex­ ploiter un magasin général à Saint­ Sauveur.


D'autres Sauverois tinrent ma­ gasin général : MM. Elie Desjar­ dins, Daniel Brown, H. Béliveau, Alexis Gohier, Ovîla David, Wilfrid Clouthier, Télesphore Fournel, Jérôme Leblanc et Hormisdas Dagenais.


L'hôtel Plouffe qui devint plus tard le restaurant Le Duché. (Archives de la Société d'histoire des Pays d'en-Haut).
L'hôtel Plouffe qui devint plus tard le restaurant Le Duché. (Archives de la Société d'histoire des Pays d'en-Haut).

 

Les auberges et les hôtels


En 1858, les conseillers muni­ cipaux accordent la prem1ere licence d'auberge à M. Xavier Bélanger28, résidant de Piedmont. 1890, cette maison fut un lieu d'hébergement pour les voyageurs. Par la suite, l'auberge fut la pro­ priété de Félix Boisseau, Alvin Kempffer, Albert Gagné, Arthur Thibaudeau (Hill Crest Inn).


On ne peut passer sous silence l'Hôtel de Piedmont situé tout à côté de l'auberge de M. Thibau­deau qui deviendra plus tard le fameux «Petit Canot» dont les anciens conservent encore de bons souvenirs.


En 1882, Camille Beaulieu de Piedmont construisit son premier hôtel à Saint-Sauveur, sur la rue Principale. De cet édifice il ne reste plus rien. Au fil des années, cet hôtel connut plusieurs proprié­ taires dont Joseph Charbonneau, Benjamin   Constantineau, Timothée Rhéaume, Télesphore Gauvreau, Joseph Ouellet, Hervé Beaulieu, fils de Camille et un cer­ tain M. Drouin.


Cette bâtisse, alors située au 198 de la rue Principale, a eu une histoire vraiment extraordinaire. En plus d'avoir été un hôtel de 1914 à 1927, elle fut convertie en école dirigée par les Filles de la Sagesse.


Avec le développement touris­ tique du début du siècle, les maisons de pension se multi­ plièrent. Nombre de propriétaires de la rue Principale et de Jlavenue de la Gare transformèrent leur maison pour accueiJJir les skieurs de fin de semaine. Qu'on se rappelle la «Pension Michel» sur l'avenue de la Gare, la «Pension Larose» devenue depuis la Villa du Vieux Sapin, la «Pension du Duc» sur  la rue Principale, ]a

«Pension du Cap» à la rivière à Simon et combien d'autres.


28 Au livre de perception des taxes foncières de 1857 à 1865, le nom de  Xavier  Bélanger  apparaît comme propriétaire d'un lot longeant la rivière du Nord. Puisqu'il obtint un permis d'aubergiste, on peut croire que son commerce était situé sur l'actuelle rue Principale dans le secteur de Piedmont.


29 Selon un document manuscrit de Jean-François Corbeil, Basile Clou­ tier serait né en 1831. En 1862, il était aubergiste à Piedmont. Le 31 octobre 1881, il épousa en secondes noces, à Saint-Sauveur, Élizabeth Globensky, fille du notaire Louis-Édouard. Il décéda le 17 janvier 1890.



Les bouchers


Autrefois, les cultivateurs «fai­ saient boucherie» chez-eux. Ils boucanaient leurs jambons en les suspendant dans leur cheminée. Puis, il y eut des boucheries au village et chacune eut son propre abattoir.


Sous l'administration du curé Thomas Dagenais (1864- 1874), son frère, qui était venu vivre au presbytère à titre d'aide, organisa le premier commerce de viande et la première boucherie de la place. Il est impossible de retracer l'en­ droit de ce commerce.


Au début des années 1930, Roméo Lafleur, travaillant pour son père, Maurice, faisait la ronde de vzande en camionnette l'été, en voiture tirée par un cheval, l'hiver. Le boucher ambulant allait de village en village, empruntant rangs et montées, offrir aux ménagères: gigots, boeuf, porc, etc.


Son équipement était des plus rudimentaires: des crochets où pendaient les quartiers de viande, des couteaux bien aiguisés, une scie et une romaine. A la fin de la journée, il retournait à la bou­ cherie alors située à l'emplace­ ment du restaurant le Vieux Four.


La maison funéraire


Jusqu'au début du siècle, dans notre paroisse, il n'y avait pas d'embaumeurs. Les veillées au corps se faisaient dans les maisons privées et ne dépassaient rare­ ment deux jours.


On se procurait un cercuei] chez un monsieur Allaire, me­nuisier de son métier, qui en fabriquait pour se créer un surplus de revenus. On rapporte même qu'il disposait des cercueils devant sa boutique qui devint plus tard la maison du docteur J.-0. Lapointe.


Le salon de la maison du be­ deau, Charles Édouard  Hébert, servit même de chambre mor­tuaire. Ce n'est que beaucoup plus tard que la Maison Trudel ouvrit son salon funéraire sur la rue Principale, en face de l'église, à l'emplacement de la maison de M. Hébert.


Le bureau de poste


Le bureau de poste a toujours été un milieu d'échanges, de dialogues, dans les petites localités. Le maître ou la maîtresse de poste connaît bien les gens du village et de la campagne, grâce au courrier qui leur est adressé. Le bureau de poste constitue également un élé­ ment important de la vie éco­ nomique d'une communauté.


Nous allons évoquer ici nos maî­ tres et maîtresse de poste William Sloane (1875-1897), Joseph Che­ valier N.P. (1898-1911) J.-B. Lafleur (1911-1912) Mlle Ernestine Cheva­ lier (1912-1946) Marc Chevalier (1946-1951) Cyrille Lapointe Ganv.­ oct 1951) Paul-Emile Prévost (oct. 1951-1985) Marcel Levert (1985- ) Le bureau de poste est étroi­ tement lié à l'évolution de Saint­ Sauveur. D'abord installé dans le magasin général de William Scott, dans le secteur de Piedmont, il fut transporté en 1875 chez Willia:rr­ Sloane de la rue Principale. A compter de 1898 et cela jusqu'en 1950, c'est au 3 de l'avenue de l'Église que l'on allait porter ses lettres ou prendre possession de son courrier. De 1950 à 1958, les maîtres de poste ouvrirent leur guichet dans la maison de M. E. Bastien sise au 252 de la rue Principale. Le Gouvernement fé­ déral acquit un terrain sur la rue de la Gare et y fit construire un bureau de poste. C'est dans cet édifice que notre maître de poste actuel fit ses débuts à l'emploi des Postes canadiennes. L1édifice ac­ tuel qui a déjà connu un agran­ dissement date de 1971.


Il faut souligner le travail de feue Mme Ernestine Chavalier, soeur de Marc-André qui, pen­ dant 35 années, a si bien servi la population de Saint-Sauveur.


Les chemins de fer


Deux lignes de chemin de fer traversèrent le territoire de Saint-Sauveur. Ce fut le 1er septembre 1892 que le premier train venant de Montréal passa à Saint-Sau­ veur, dans le secteur de Piedmont, en destination de Sainte-Agathe.


Désormais nos gens n'iront plus prendre le train à Saint-Jérôme et les postillons n'auront à franchir que deux milles, au lieu de vingt­ six, pour assurer le courrier»1.


«Une autre compagnie, dont beaucoup d'actionnaires étaient des citoyens de Saint-Sauveur (La Compagnie de Chemin de fer de Colonisation de Montfort), lançait son premier train, le 8 mars 1895, sur un parcours de vingt et un milles, à partir de la jonction de Montfort, située à Saint-Sauveur, dans le secteur de Piedmont, un mille environ au sud de la gare du Canadien Pacifique jusqu'aux Seize-Iles. Pour se rendre à Montréal, le raccordement se faiJ sait dans le secteur de Piedmont. La compagnie changera de nom plusieurs fois et deviendra la Compagnie du Canadien Natio­nal. Pour le curé Saint-Pierre, les deux voies ferrées, en favorisant le transport, devenaient un facteur de développement industriel et agricole».


La première institution financière


Chez nos gens habitués à protéger eux-mêmes leurs épar­ gnes, les institutions remplacèrent que très lentement les tradition­ nels «bas de laine» cachés sous la "paillasse" ou dans les "chaudrons de fer" enterrés dans la cave.


La première institution financière à s'installer à Saint-Sauveur fut la Caisse d'Économie Desjardins. Le curé Aldéric Desjardins, instiga­ teur de cette coopérative avait invité le Commandeur Desjardins à l'assemblée de fondation. Cette première institution ouvrit ses portes, vraisemblablement dans la maison du notaire Chevalier située au coin de la rue Principale et de l'avenue de l'Église, le 15 juin 1913.


Cette oeuvre, si bien lancée, si prometteuse, ne devait pas sur­ vivre au départ du fondateur, nommé curé à Ste-Geneviève. La jeune caisse, privée du zèle, de l'é­lan de son fondateur, qui n'a peut­ être pas eu le temps de préparer des successeurs à la tête de l'admi­ nistration, tomba dans l'inertie. Quarante-cinq ans après cet échec déplorable, la Caisse Populaire Desjardins ouvrait ses portes dans le salon d'une maison aujourd'hui disparue et remplacée par le bel édifice de la rue Principale.


Le tourisme


Dans l'album souvenir du cen­ tenaire de la paroisse, les auteurs ont rapporté les propos du curé Aldéric Desjardins qui, dès 1910, était préoccupé par la situation matérielle de sa paroisse.


«Dans quelques semaines, écrivait­ il, en avril 1914, nous verrons les villégiateurs  nous arriver  pour passer ici les mois de la belle sai­ son. Donnons-nous donc tous la main pour les bien recevoir et les traiter avec courtoisie afin qu'ils soient contents de nous et de leur séjour au milieu de nos char­ mantes montagnes».


«Nous avons tout à gagner à attirer, parmi nous, de nombreux et distingués contingents de villé­ giateurs. Peu à peu l'on nous connaîtra mieux, on aimera notre village si pittoresque, l'on y achè­ tera une propriété, l'on y fera construire une résidence d'été; bientôt aussi l'on y attirera des amis... Tous les ouvriers, comme tous les marchands et hommes d'affaires, mais sur-tout les culti­ vateurs et les propriétaires de ter­ rains».


«Ce courant touristique, naissant il y a quatre-vingt ans, se développa rapidement chez nous pour deve­ nir un facteur important de prospérité économique pour Saint­ Sauveur et la région».


Copie de la premère page du procès-verbal de la réunion tenue le lundi, 10 août 1855.
Copie de la premère page du procès-verbal de la réunion tenue le lundi, 10 août 1855.



LM-066-38

 
 
 

Commentaires


À PROPOS

La Société d'histoire et de généalogie des Pays-d'en-Haut est une corporation sans but lucratif

ADRESSE

Tél. : (450) 744-0182

 

Chalet Pauline-Vanier 

33, avenue de l'Église
Saint-Sauveur, Québec, Canada
J0R 1R0

 

info@shgph.org

Voir les heures d'ouverture

POUR NE MANQUER AUCUNE NOUVELLE. 
ABONNEZ-VOUS MAINTENANT!
  • Grey Facebook Icon
  • Grey Google+ Icon
  • Grey Instagram Icon

© 2017-2024 Mélanie Tremblay / Votre boutique en ligne : faites le premier pas

bottom of page