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La chapelle Gémont

Par Odette Pinard

Au bout d’un long ruban de route, à notre gauche, on aperçoit une maisonnette blanche, on la sent recueillie. Un clocher, une porte d’entrée modeste avec une imposte (la partie supérieure de la porte d’entrée) avec une représentation de «Notre-Dame de Guadalupe», d’inspiration post-moderne (1910), quelques marches encadrées de fleurs. À l’intérieur, un espace d’une autre époque. Une chapelle au plafond de lambris vernis, deux autels latéraux peints blanc et or. Un maître autel surplombe la salle des fidèles, 72 pas plus. Le sol est fait de planches peintes en gris. Les 6 fenêtres furent remplacées et conservent leur cachet ancien.

Des images saintes reproduisent des scènes du chemin de croix, de l’Ascension de la Vierge, de la Sainte Famille. Quelques bancs s’incrustent à l’arrière de la nef ou dans la sacristie. Les autres furent transportés dans les chaumières. Derrière le maître-autel, des portes secrètes. J’irai voir les vieilles statues brisées, les prie-Dieu défunts, quelques missels peut-être? Mais, je trouverai de rares vestiges. Les portes de deux tabernacles sont protégées par le conservateur.


Choriste depuis de longues années, j’ai connu les déambulatoires tristes ou nobles, les sacristies poussiéreuses et humides. Ici, tout respire dans la nature si verte à l’été.


L’hiver, la maison respire aussi le froid pour faire frissonner les visiteurs, les auditeurs, les pieux. Dit-on encore la messe? Plus maintenant. Ceci me semble un espace historique et culturel, qui s’anime aux sonorités des concerts d’été de musique baroque de Saint-Adolphe-d’Howard, et ceux du Camp musical avec ses professeurs Josée Aidans et Joanne Arel, au profit de la Fondation de ce camp musical.


Voulant en connaître davantage, j’apprends que l’histoire de ce joyau vénérable commence en 1911. L’Archevêque de Paris Monseigneur Denys-Auguste Affre demande au supérieur général de la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice (fondée en 1657) d’établir dans une nature inspirante un endroit de repos pour les prêtres et séminaristes, afin de se recueillir ou guérir. Arthur Guindon, p.s.s., part à cheval dira la légende, pour explorer et découvrir ce lieu. « Il rencontre deux cultivateurs qui le supplient d’acheter leur terre qui est trop difficile à cultiver ». Nous retrouvons l’histoire et le chalet du cultivateur en question, maison en pièces sur pièces construite vers 1870 sur le bord du lac Gémont. Cette maison est maintenant un chalet rénové sur les rives du lac Gémont limpide et tranquille.


Photo: Odette Pinard
Photo: Odette Pinard

Photo: Odette Pinard
Photo: Odette Pinard
Photo: Odette Pinard
Photo: Odette Pinard

La congrégation se porte acquéreur de lots qui deviendront le cœur du domaine en 1912, puis au fil des années, y ajoutent des lots adjacents. En 1912 : lots 5, 6, 7 et 8 du 10e rang Sainte-Marie du Canton d’Howard; en 1927 : lot 9; en 1934 : lot 2, 3 et 4; en 1936 : lots 10 et 11. Comme sept montagnes entourent le lac, on décide de renommer ce lac : « Gémont », le G étant la septième lettre de l’alphabet. Le domaine sera connu sous le nom de « Ferme Sainte-Marie du Lac Gémont ». Il servira de lieu de repos ou de retraite, de méditation et d’enseignement, de camp de vacances, le camp Grasset ou Œuvre des vacances de Notre-Dame du Lac Gémont Inc., renommé Le Camp Goéland.


La chapelle en bois fut érigée vers 1919, avec des plans élaborés par le renommé Pierre Dupaigne, p.s.s., né à Paris en 1872, scientifique, organiste, enseignant, auteur de la croix du Mont-Royal de Montréal, décédé en 1953.


Cette chapelle fut déménagée sur une distance de 200 pieds, du bas de la côte vers l’endroit actuel en 1924, lors de la construction de la route 364. Elle fut montée sur pilotis, et un ruisseau fut détourné.


Elle subit plusieurs rénovations au cours des années. On y ajouta un clocher admirable en 1926, sa flèche en 1960. Vers l’an 2000, un barrage colossal fait par les castors, « 15 pieds de hauteur par 200 pieds de largeur » dit-on, créait au sommet deux petits lacs. Le barrage céda, la chapelle fut inondée, la nef unique contenait 2 ½ pieds d’eau, et les pieux du solage furent brisés.


Vers 1998, un nouveau propriétaire achète le domaine des Sulpiciens du Lac Gémont et du Lac Dupaigne. En 2002, les prêtres sulpiciens demandent dans une clause de protéger la chapelle pendant 100 ans. L’association des propriétaires du Lac Gémont a reçu en cadeau la chapelle et son terrain.

Puis, deux événements malencontreux sont survenus à l’hiver 2010 et 2011 : le vol des œuvres d’art de la chapelle. En 2010, le tableau du maître-autel représentant « L’ascension de la vierge » fut volé. En 2011, le reste. Quelques-uns des grands tableaux et les stations du chemin de croix, reproductions sur toile des œuvres de Luigi Morgari (peintre de fresque italien 1857-1935), furent retrouvés à l’hiver, gisant sur un banc de neige. D’autres furent recueillis par des voisins et furent retracés par la suite. Ainsi, on a pu re-constituer les stations du chemin de croix à partir d’œuvres similaires qui se trouvaient dans une église de la Côte d’Azur en France avec l’aide de la direction générale de l’Association des Biens français Rhône-Côte-d’Azur. Donc, 5 œuvres furent ramenées du vol, les autres que l’on peut voir maintenant furent reproduites sur toile, et n’ont pas de valeur historique et patrimoniale. Elles ne rappellent que celles qui étaient accrochées au mur de la chapelle à son origine.


Sources et références :

Paquette, André, président de l’Association des propriétaires du

Lac Gémont Inc.

Bannon, Jacques, Le Collège André-Grasset, 75 ans d’histoire, Éditions Fides, 2003, Montréal

Société d’histoire et généalogie des Pays-d’en-Haut


Remerciements à:

André Paquette, président de l’Association des propriétaires du

Lac Gémont Inc. et conservateur de la chapelle.

Monique Richard, conseillère municipale, administratrice à Arts et Culture Saint-Adolphe.

Zoé Major, conseillère municipale sortante.


Photo: Odette Pinard


LM-137-24

 
 
 

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