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L'histoire du Taxi à Sainte-Marguerite (1)

Dernière mise à jour : 13 août

Compte rendu d'une rencontre de la Société d'Histoire de Sainte­ Marguerite et d'Estérel tenue le 14 mai 1994 au Bistro à Champlain


Cette rencontre portait sur l'histoire du taxi et du transport des touristes qui venaient passer des vacances dans notre coin des Laurentides. Parmi les invités étaient présents

d'anciens propriétaires de taxi, soit :


  • Philippe Charbonneau, propriétaire de taxi de 1936 à 1983;

  • Armand Brisebois, propriétaire de taxi de 1948 à 1988;

  • Maurice Racette, proprrétaire de taxi de 1947 à 1950.



Philippe Charbonneau, en 1945, fier de sa DeSoto
Philippe Charbonneau, en 1945, fier de sa DeSoto

Mais ce n'était là qu'une petite représentation de la multitude de gens qui ont fait du taxi. Seulement en 1948, il y avait à Sainte-Marguerite, 22 taxis, tous très occupés au transport des villégiateurs.

 

Lorsque nous demandons aux gens présents les noms des travailleurs du taxi, pratiquement toutes les familles de Sainte-Marguerite y passent. En effet, toute personne, ou à peu près, qui possédait une automobile ou des chevaux avaient fait du taxi à une période ou à une autre. Les noms qui sont mentionnés sont, entre autres Armand Racette, avec une voiture double et une voiture simple, Jean-Baptiste Beauchamps, Lionel Longtîn, Camille Lecault, Oscar Ouimet, le père Frédéric Brière qui possédait un «Reo touring», un genre d'autobus décapotable qui pouvait prendre neuf passagers, Paul Beauchamps Alphonse Brière, Oswald Brisebois, Lucien Racette, Roméo Labonté, Freddy Miron, Jean­ Claude Gauthier et Alcide Desloges à Sainte-Marguerite-Station qui fait du 12 avril 1920 jusqu'à1934, alors qu'il vendit son commerce à René Lanthier (1).


Les touristes commenceront à visiter fa région principalement avec l'arrivée du P'tit Train du Nord à Sainte-Marguerite-Station, soit à compter de 1892, mais certains villageois racontent que les charretiers allaient, dès avant cette date repaire, chercher des approvisionnements et des visiteurs au train de Saint-Jérôme.


(1) Cette situation s'est répétée dans les villages du Nord touchés par l'arrivée du P'tif Train du Nord. L'article de monsieur Lucien Dubé sur le taxi d'hiver par voiture à cheval (Cahier# 59) est intéressant à ce propos.


En effet, l'inauguration du chemin de fer à Saint-Jérôme eut lieu la 8 octobre 1876 soit seize ans avant que la ligne n'atteigne Sainte-Marguerite. La station de chemin de fer étant à 4 milles du village de Sainte-Marguerite du Lac Masson, le transport des touristes et des marchandises de la gare jusqu'au village et même jusqu'à Saint-Émile (devenu Entrelacs) et Saint-Théodore de Chersey fut toujours une occupation importante. Il y avait, dans les années 1920 et 1930, quatre trains par jour, deux qui montaient vers les Laurentides le matin et deux qui descendaient vers Montréal le soir. Il y avait même sept trains le vendredi soir et le samedi qui amenaient les touristes vers les hôtels et les maisons de pension de la région et les ramenaient vers la ville le dimanche au soir. Tout ceci en plus des 6 trains de neige du dimanche au matin qui amenaient les skieurs pour une journée de plein air en ski de fond sur les pistes des Laurentides dont la Maple Leaf était la plus connue.

 

Qui dit transport de touristes, dit chemins pour voyager. Les chemins se construisirent graduellement à partir de Sainte-Adèle principalement (2). Le chemin suivait le tracé actuel jusqu'à Sainte-Marguerite-Station. De là, deux chemins permettaient de se rendre au village. Un chemin suivait le tracé actuel passant devant le Chalet Cochand pour continuer jusqu'au village par le 7e rang qui possède encore un embranchement, la montée Guénette, qui se dirige encore vers le ge rang.

 

Un autre tracé du chemin se dirigeait vers le domaine Deauville actuel, et il passait de l'autre côté des lacs Lucerne et Sainte-Marguerite. Ce chemin verbalisé, donc cadastré, montait vers les montagnes pour arriver à Sainte-Marguerite par le chemin actuel allant au lac Piché puis rejoignait le tracé actuel. Il existe encore une partie d'un embranchement de ce chemin vers le 5e rang à partir du chemin Masson.

 

Pourquoi deux chemins à cette période? La raison donnée est que le premier passait par des endroits marécageux et qu'au printemps, ces chemins étaient impraticables.


Les premiers chemins étaient faits de sable et de gravier et ils suivaient le relief du terrain. Lorsque les chemins de gravier n'étaient pas bien entretenus, on appelait cela de la «laveuse», car les voitures ou les automobiles vibraient de partout en circulant, tout à fait comme sur une planche à laver le linge.

 

En été, pour entretenir les chemins de gravier, on passait la gratte, un genre de cadre carré fait de grosses pièces de bois sous lesquelles des patins en acier étaient placés afin de gratter la surface. À l'intérieur du cadre, des pièces de bois obliques ramenaient le gravier vers le centre en remplissant les trous.


2 La description des chemins qui suivra pourrait être précisée.  Le mieux serait peut-être de situer sur une carte actuelle de la région, le tracé de ces deux voies à partir de la station. Si quelqu'un a un document qui équivaut à cela, ça sauverait beaucoup de temps... C'est une tâche à venir mais qui serait importante pour l'histoire de la région. Des volontaires ?


En hiver, les chemins ne suivaient pas nécessairement le tracé habituel de l'été pour éviter certaines rafales et des bancs de neige.

 

Ainsi, à l'entrée du village, près de l'endroit où se trouve actuellement l'épicerie Lachaîne, le chemin d'hiver quittait le tracé de la route d'été, les rouleaux écrasaient le neige et faisaient un chemin au bas de la pente. Ce chemin revenait sur le tracé régulier avant le pont traversant la rivière Wexford, aussi nommée bras est de la rivière du Nord.


L'ouverture des routes l'hiver (comme nous l'entendons maintenant) débuta avec l'arrivée du baron Louis Empain et la réalisation de son complexe hôtelier et de loisirs. C'était une nécessité pour amener les touristes à l'hôtel de la Pointe-Bleue et profiter de la neige abondante pour faire du ski. Selon le dire des résidants, il n'était pas rare d'avoir des tempêtes de neige de trois pieds d'épaisseur et même plus. Il aurait donc neigé alors bien plus que maintenant.


L'ouverture des routes en hiver se fit donc en 1937 et permit la circulation automobile malgré la neige. Avant cette date, le transport d'hiver se faisait uniquement en carrioles et en voitures de neige avec chevaux.

 

Le déblaiement des chemins d'hiver se faisait alors avec un tracteur mécanique que monsieur DeCan, un belge, employé du Baron, conduisait. Par la suite Roch Lalande et Hector Manette conduisirent le tracteur. On raconte même qu'en hiver, une trentaine d'aviateurs qui logeaient au Domaine d'Estérel vers 1943, pendant la seconde guerre mondiale durent pelleter le chemin jusqu'à la gare de Sainte-Marguerite-Station,3 pour permettre aux approvisionnements d'atteindre le Domaine d'Estérel.


L'été, les autos circulaient sur les routes de la région. Vers 1925, certaines photos anciennes font état de la présence de pompes à essence munies d'un grand bras. En actionnant ce bras, on faisait monter l'essence du réservoir sous-terrain jusqu'au réceptacle de verre situé au haut de la pompe. Le prix de l'essence dans ce temps-là était de 25e le gallon. M. Alcide 0esloges possédait deux pompes, une pour l'essence régulière et une pour la «super». Au village, le magasin général de M. Rock Gauthier en possédait également une.

 

3 Une participante à la discussion nous dit : «Nous demeurions près du Chalet Cochand et nous n'avons jamais vu de soldats pelleter le chemin jusqu'à la gare de Sainte-Marguerite Station pour le déblayer. J'ai mémoire qu'il y avait toujours des tracteurs qui déblayaient le chemin.» Monsieur Pierre-Paul Lecault se rappelle cette situation précise. Le tracteur partait du Domaine de l'Estérel (le Centre culturel actueQ, il s'est brisé très tôt. Les soldats ont été appelés à pelleter. Monsieur Lavigne, aussi bien que monsieur Gauthier, ont vendu toutes les pelles qu'ils avaient en magasin. Les militaires n'ont cependant fait qu'une seule travée... Les gens de Sainte-Marguerite, quant à eux, ne se seraient pas formalisé de la tempêtes... leurs chevaux pouvaient facilement se tirer d'affaire, même dans une assez bonne bordée de neige... Il s'agit donc d'un épisode très circonstancié.


M. Jean Poudrier de l'hôtel des 3 Coins fut le premier, en 1947, à offrir à sa clientèle de voyager en «snow mobile». Manufacturé par Bombardier, ce véhicule révolutionnaire pouvaitt contenir 10 personnes.


Les touristes aimaient la localité de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, on lui donnait le titre de «Perle» des Laurentides. Plusieurs villageois offraient une chambre ou deux à des touristes pour y loger les fins de semaines. L'été c'était souvent durant des semaines que duraient ces locations. On venait à la campagne passer les vacances d'été et les familles d'ici se tassaient dans la «cuisine d'été» pour profiter de la manne du tourisme. Celui-ci devait prévoir ses déplacements à long terme mais chacun considérait que l'endroit était si joli avec ses lacs et ses montagnes et si salubre comparé à la ville, qu'ils y revenaient chaque année.

 

Les différents hôtels et maisons de pension dont nous avons parlé dans l'article précédent offraient, avec leur hospitalité proverbiale, des repas copieux. Cela devint une source importante de revenus pour les résidants et un débouché pour les produits des cultivateurs.


Dans le domaine du taxi, il ne faudrait pas oublier les «taxis volants». Dès les années 1930, il y avait des hydravions qui amerrissaient sur le lac et faisaient faire des tours en partant de la baie du village. C'est le Baron Empain qui, le premier, par son entreprise d'aviation, I'Esterel Air Service fondée en 1937, assura le transport de ses clients et de ses amis au Manoir de la Pointe bleue et au Lodge. Ainsi, le pianiste Liberace serait venu, en avion, donner un concert au Blue Room.


Le transport se faisait du « Commodore Yatch Club» sur la rivière des Prairies à la Baie du Désespoir au lac Masson. L'avion servait également pour amener les touristes sur les sites de pêche et de chasse. Il y eut également à cette époque des liaisons directes entre le Domaine d'Estérel et des villes américaines comme Boston.

 

Il y a quelques années monsieur Guilbault et son fils achetèrent les permis de Philippe Charbonneau mais ils abandonnèrent le service il y a trois ou quatre ans.

 

Comme vous le voyez, le transport mène à plusieurs sujets. Et les temps changent, actuellement, le seul taxi qui reste en opération à Sainte-Marguerite-du-Lac­ Masson est celui de François Lecault. Il nous annonce qu'il vient de vendre son permis à Dominique De Poix Brisebois.


LM-065-25

 
 
 

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