Histoire du chemin de fer : la ligne Laurentienne
- Mélanie Tremblay
- 24 juin
- 3 min de lecture
Par Émile St-Germain
Cahier no 3, automne 1979
L’histoire du chemin de fer de Saint-Sauveur et des environs remonte à 89 ans, soit le 2 avril 1890, lorsque la compagnie de chemin de fer Montfort Colonisation fut incorporée suivant les lois du Québec.
Ce projet était relié à l’une de plusieurs sociétés de colonisation que l’église parrainait et dont le curé Labelle de Saint-Jérôme était l’âme dirigeante. La construction de la voie ferrée débuta le 7 avril 1893 et à l’automne, une longueur de 10 milles était complétée.
Cette voie partait du point de transfert avec le Canadien Pacifique à la jonction Vimy, celle-ci était située du côté de Piedmont, à environ un mille de l’actuelle gare de cette localité. La voie ferrée traversait la rivière du Nord tout près de l’usine d’épuration de Saint-Sauveur (on peut encore voir les piliers qui supportaient le pont), passait en arrière du moulin à bois de Lionel Guénette pour se diriger vers Saint-Sauveur, (le boulevard actuel), Christieville, Morin Flats (aujourd’hui Morin Heights) jusqu’à un endroit près du lac Chevreuil. Tout le matériel roulant de ce chemin de fer provenait, dit-on, d’un autre chemin de fer de colonisation du lac Témiscamingue lequel avait été transporté ici. Il comprenait 2 locomotives, et 2 wagons de voyageurs et 15 wagons de marchandises.[…]
Pour pouvoir utiliser ce matériel roulant, il fallut construire une voie ferrée d’une largeur de 3 pieds, et l’on créa la force motrice en chauffant la bouilloire de la locomotive avec du bois. Il était amusant de voir, le long de la voie ferrée, à divers intervalles, des cordes de bois dont l’ingénieur et le serre-frein se servaient pour renouveler leur approvisionnement énergétique.
Le 8 mars 1895, la voie ferrée fut inaugurée sur un parcours de 21 milles, soit de la jonction Vimy au Lac-des-Seize-Iles. Deux ans plus tard, en 1897, la voie ferrée fut prolongée jusqu’à Huberdeau. C’est également durant cette année-là que la voie ferrée fut élargie, ce qui permettait d’interchanger les wagons avec le Canadien Pacifique à la jonction Vimy. […]
Le 13 juin 1898, en vertu d’une loi du Parlement du Canada, le nom de la compagnie ferroviaire fut changé en celui de compagnie de chemin de fer Montfort et Gatineau Colonisation. En 1903, la compagnie vendit tout son matériel roulant à la compagnie ferroviaire Great Northern of Canada. Le 11 juin 1906, la compagnie de chemin de fer Great Northern of Canada, la compagnie de chemin de fer Châteauguay et Québec, la compagnie de chemin de fer Nouveau-Brunswick et Nouvelle-Écosse, prirent la décision de se fusionner sous le nom de compagnie de chemin de fer Canadian Northern Quebec. Cette entente fut ratifiée par décret du Conseil des ministres, le 19 juillet 1906.
L’année suivante, soit le 14 novembre 1907, la Canadian Northern Quebec ouvrit une ligne ferroviaire de la jonction Rinfret un point situé à un mille au sud de Saint-Sauveur, et la vieille jonction Vimy avec le Canadien Pacifique fut abandonnée. […]
Cependant, pour compléter la Ligne Laurentienne, il fallut ajouter d’autres additions. […]
Conformément à une décision rendue par le Bureau des Commissaires du Transport du Canada, la compagnie ferroviaire du Canadien National cessa ses opérations sur 53 milles de sa division Montfort le 1ᵉʳ juin 1962 pour céder sa place à l’autoroute des Laurentides. Cette décision marqua la fin d’un chemin de fer qui, de l’avis de plusieurs, suivait le parcours le plus pittoresque de l’est du Canada.
À la gare centrale du Canadien National, Montréal, dans la salle des pas perdus, on n’entendit plus la voix saccadée de l’agent de gare qui disait : En voiture ! All aboard ! pour Saint-Jérôme, Shawbridge, Lac Marois, Saint-Sauveur, Morin-Heights, Montfort, Newaygo, Laurel, Chapleau, Lac-des-Seize-Iles, Weir, Arundel, Huberdeau, Gray Valley, Rockway, Kasil et Lac Rémi, En voiture ! All aboard !
Émile St-Germain *
* Cet article a été rédigé d’après les souvenirs de M. Robert Crichton et de M. A. Latreille, deux anciens employés du CN résidants de Saint-Sauveur.
LM-131-21
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