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Des cartes postales racontent… le vieux Shawbridge

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    Admin
  • 19 juin
  • 4 min de lecture

Recherches : Élaine Cousineau, membre # 504


Shawbridge ne fait pas référence qu’au pont vert qui traverse la rivière du Nord. La curiosité m’a incitée à aller m’y promener. J’ai eu la surprise de découvrir, enclavé entre la Route 117 et l’Autoroute 15, un joli village typique des Laurentides avec des bâtiments anciens du XIXe encore bien préservés. Tant avec ses anciennes maisons d’un style à la fois québécois et Nouvelle-Angleterre qu’avec le vieux pont Shaw, le village a conservé un cachet qui mérite les efforts de préservation déjà amorcés.


Merci à Sheldon Segal qui a prêté à la Société quelques anciennes cartes postales de sa collection, me permettant ainsi de faire un retour dans le temps, celui du Shawbridge des premières années. Merci également aux aînés de Prévost qui ont raconté leurs Doux souvenirs dans un recueil collectif paru en 2012.


Les débuts de Shawbridge

En 1842, William Shaw (1805-1894) et son épouse Martha Maria Matthews (1807-1892) arrivent dans le tout nouveau canton d’Abercrombie qui vient d’être créé le 24 août 1842 par proclamation publiée dans la Gazette officielle du Québec. Ils finissent par convaincre d’autres colons d’origine irlandaise à venir s’y établir. C’est ainsi qu’une petite colonie irlandaise se forme et commence à défricher ce coin des Laurentides qui portera, au début, le nom de Mount-Pleasant. En 1843, un recensement établit à 52 colons le nombre des habitants de ce qui allait devenir Shawbridge. En 1850, la communauté anglo-protestante est majoritaire à Shawbridge. D’ailleurs, de nombreux descendants de la communauté irlandaise habitent encore la région.


En 1850 se construit la première église protestante. Dix ans plus tard, le premier pasteur permanent de la communauté est engagé. En 1861, la première école est érigée sur la rue Principale. Et ainsi se poursuit le développement du village qui devient municipalité le 27 avril 1909.

Carte postale oblitérée en 1907. Sur la rive, la petite maison blanche (encerclée) où l’on prélevait le péage. (Coll. Sheldon Segal).
Carte postale oblitérée en 1907. Sur la rive, la petite maison blanche (encerclée) où l’on prélevait le péage. (Coll. Sheldon Segal).

En 1847, un premier pont en bois est construit au-dessus de la rivière du Nord par l’Irlandais William Shaw, dans le but de permettre le déplacement des colons entre les deux rives de la rivière. Un droit de passage y était prélevé, ce qui en fit le premier pont payant en Amérique du Nord.


Il a été remplacé en 1923 par un pont en acier, le pont Shaw que nous connaissons et qui vient tout juste d’être sécurisé et rénové. À cette époque, il était le principal axe routier donnant accès à la Route 11, l’ancêtre de la Route 117.


(Photo gauche) 1923 : un pont en acier remplace le vieux pont de bois. (Photo droite) La Bridge House sur la rue Principale (Main street).
(Photo gauche) 1923 : un pont en acier remplace le vieux pont de bois. (Photo droite) La Bridge House sur la rue Principale (Main street).

Shawbridge grandit, grâce au tourisme


C’est grâce à la présence de deux réseaux de chemins de fer, opérés par le Canadien National et le Canadien Pacifique, de trois gares (deux dans Shawbridge et une dans ce qui deviendra plus tard Lesage) ainsi que le pont Shaw qui offrent des facilités de déplacement depuis Montréal, que Shawbridge attire graduellement une belle et lucrative clientèle, tant l’hiver que l’été.


Gare du CPR à Shawbridge en 1908 (Sheldon Segal).
Gare du CPR à Shawbridge en 1908 (Sheldon Segal).

Le tourisme d’été


Dès 1925, une nouvelle voie facilite l’accès à Shawbridge par automobile, la Route 11. Tout en gravier, elle longe la rue Principale. Spécialement au cours des années 1930, la villégiature d'été, particulièrement prisée par la communauté juive de Montréal, se développe. La contribution de cette communauté au développement du vieux Prévost est assez impressionnante : construction d’une synagogue, d’un cinéma, d’un magasin général, d’une salle de danse, d’un restaurant et d’une boucherie. Le secteur devient très animé, surtout l’été. Hélas, en 1939, lorsque fut construite la 117 et que la localité a dû être sectionnée, les commerces situés dans le village ont commencé à fermer (Marcel Morin in Doux souvenirs… nos aînés se racontent). Puis la mise en service du secteur Saint-Jérôme ̶ Saint-Sauveur de l’Autoroute 15 en décembre 1963 a mis fin à ce tourisme estival. Bon nombre de résidents et de vacanciers juifs n’ayant plus d’accès direct à la rivière du Nord migrent vers d’autres lieux, dont Val-David et Sainte-Agathe-des-Monts. (Monelle Beaulne, in Doux souvenirs… nos aînés se racontent).


Plaisirs d’été à Shawbridge. Vue du pont. (Coll. Sheldon Segal).
Plaisirs d’été à Shawbridge. Vue du pont. (Coll. Sheldon Segal).
Une vue de la rue Principale (Coll. Sheldon Segal).
Une vue de la rue Principale (Coll. Sheldon Segal).

Le tourisme d’hiver


L’année 1927 marque le début des premiers trains de neige en Amérique du Nord. Durant l’hiver 1927-1928, le Canadien Pacifique a transporté à lui seul 11 000 skieurs, ce qui donne une idée de l’importance grandissante de l’épopée du ski dans les Laurentides.


À l’endos de cette carte postale datée du 26 février 1935, nous pouvons lire : Voici une photo du nouveau Shawbridge Jump d’où un sauteur décrocha 162 pieds et avec les améliorations, 250 pieds seront vite atteints. Nous espérons avoir le Dominion Championship Contest ici l’an prochain.
À l’endos de cette carte postale datée du 26 février 1935, nous pouvons lire : Voici une photo du nouveau Shawbridge Jump d’où un sauteur décrocha 162 pieds et avec les améliorations, 250 pieds seront vite atteints. Nous espérons avoir le Dominion Championship Contest ici l’an prochain.

Ski de fond : La renommée de Shawbridge s'est aussi faite grâce au tourisme découlant du ski de fond. C'est lors de cet engouement pour le ski, au début du siècle, que le légendaire Hermann Smith Johannsen (Jack Rabbit) traça plusieurs pistes de ski de fond dont la fameuse Maple Leaf Trail, longue de 90 milles et reliant Saint-Jérôme à Labelle. Cette piste était une commande des commerçants qui voulaient relier les auberges et les hôtels, ouverts en grand nombre grâce à l’essor du tourisme. Comme on peut le voir sur la photo du bas, les fondeurs pouvaient s’en donner à cœur joie dans les rues de Shawbridge, puisqu’à cette époque, on ne déblayait pas les rues. Ce n’est qu’en 1940 qu’on a commencé à nettoyer les plus grands axes routiers, dont la Route 11.


Ski alpin : C'est le long de la Big Hill de Shawbridge (sur la côte 50, derrière la Montée Sainte-Thérèse et près de l’actuelle sortie 55 de l’Autoroute 15) que le premier remonte-pente mécanique fait son apparition en 1931. C’est The Foster's Folly, du nom de son propriétaire, Alex Foster, un jeune champion sauteur de Montréal. Il s’agit en fait d’un câble sans fin actionné par la jante arrière d'une voiture Dodge de 1928. Le câble est relié à une autre jante fixée à un poteau au sommet de la pente. Il en coûte alors 5 ¢ la remontée ou 25 ¢ pour une demi-journée. Il suffit au skieur de s'accrocher au câble et de se laisser tirer au haut de la pente, en subissant toutefois quelques contre-coups. Mais au tout début, tout skieur qui se respecte refusait d'être vu agrippé à la patente à Foster… surtout qu’il fallait payer pour faire du ski… Imaginez !


La Big Hill de Shawbridge où a vu le jour la première remontée mécanique en Amérique du Nord.
La Big Hill de Shawbridge où a vu le jour la première remontée mécanique en Amérique du Nord.

Le ski de fond sur la Main Street de Shawbridge. À gauche, la Riverside House, hébergement bien connu des skieurs.
Le ski de fond sur la Main Street de Shawbridge. À gauche, la Riverside House, hébergement bien connu des skieurs.

On ne peut qu’applaudir les efforts de conservation et de restauration ainsi que de préservation de l’environnement, des qualités historiques, patrimoniales et environnementales d’un village pionnier. Bravo aux descendants et nouveaux habitants de Shawbridge (Prévost) de mettre leur énergie au profit de ceux qui les remplaceront demain !



Doux souvenirs… nos aînés se racontent. Recueil collectif d’aînés de Prévost, Éd. Maison d’entraide de Prévost, 2012.


LM-126-23

 
 
 

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