Coutumes et traditions de Noël... dans divers pays
- Mélanie Tremblay
- 19 sept.
- 6 min de lecture
En France… Une fête communautaire, Noël. Dès le XVe et jusqu'au XVIIIe siècle, dans la société traditionnelle, la préparation de la tète de Noël, donnait lieu à un grand nettoyage de la maison et de ses dépendances. Les travaux extérieurs devaient également être terminés à temps. Le dicton préconisait:
À la Saint-Thomas
Cuis ton pain, lave tes draps
Tue ton parc gras, si tu l'as
Tu ne l'auras pas sitôt tué
Que Noël sera arrivé!
Dans chaque région, pendant la veillée, des chants, des devinettes, des contes et des légendes permettaient de patienter et d'attendre l'heure de la messe de minuit et du réveillon traditionnel. En Provence, en Alsace, en Franche Comté, les traditions de Noël ont développé des particularismes régionaux, dont les crèches vivantes et les marchés spécialisés.
En Bretagne… terre de légendes, s'il en est une, on raconte que les menhirs, ces pierres monstrueuses, se déplacent pendant la messe de minuit pour aller boire, comme des moutons altérés, aux rivières et aux ruisseaux. Une tradition chrétienne nous montre le moine Saint-Colomban, quittant l'Irlande pour la Gaule, vers l'an 573. Durant son séjour chez les Burgondes, une nuit de Noël, il rassemble ses frères sur un « haut lieu» autour d'un très vieux sapin et y accroche des torches en forme de croix. À cette vue, tout le peuple afflue et Saint-Colomban en profite pour prêcher la naissance du Christ. Telle serait l'origine du sapin de Noël.
Plusieurs siècles plus tard, en Alsace, on reprend cette coutume, qui se propagera rapidement dans les pays du Nord. Vers 1840, la princesse de Mecklembourg, devenue Duchesse d'Orléans, l'introduit aux Tuileries. Ce premier sapin de Noël, revenu en Gaule, provoque l'étonnement général. Il est devenu, aujourd'hui, inséparable de la crèche.
En Russie… autrefois, les fêtes consacrées à la Noël, appelée Sviatki ne duraient pas moins de quatorze jours. Le vingt-quatre décembre, dans certaines régions, les jeunes filles lançaient, à l'aveuglette, un de leurs souliers sur la chaussée couverte de neige. La pointe de la chaussure indiquait la direction, par où la jouvencelle devait s'attendre à voir paraître le prince charmant qui l'épouserait dans l'année.
En Yougoslavie… on célébrait Noël deux fois, à treize jours de distance. La première fois selon le calendrier grégorien (le nôtre), la deuxième selon le calendrier Julien que continue d'observer l'Église Orthodoxe. En Grèce, on ne célèbre que selon le calendrier Julien.
En Finlande… une coutume fort curieuse invite les paysans à répandre de la paille dans une pièce de leur maison, le soir de Noël. L'enfant Jésus, dit-on, s'y étendra au cours de la nuit, et les bestiaux qui, le lendemain mangeront ce fourrage, seront à l'abri des fièvres pour toute l'année suivante.
En Angleterre… Vers 1850, le prince Albert, époux de la reine Victoria, introduit le sapin de Noël au palais royal de Londres. On le fête grandement. Bientôt toute l'aristocratie et la bourgeoisie anglaises l'adoptent.
Noël en Angleterre, c'est «Christmas». Un Anglais peut se passer de tout, sauf de son « Christmas». On peut affirmer que pas un Anglais, du plus misérable mendiant au Lord le plus riche ne manque de célébrer son Christmas.
Noël est devenu une fête de famille, la fête de toutes les familles. Au cours des siècles derniers, son importance n'a fait que croître. De nombreuses autres coutumes s'y sont greffé : la bûche, le plum pudding, le gui, l'oie grasse, sans oublier les Christmas carolls.
Au Canada... la fête de Noël donne lieu à de nombreuses réjouissances, dont les préparatifs commencent longtemps à l'avance. Partout dans les maisons, dans les magasins, l'esprit des fêtes s'infiltre. Les attractions principales qui remontent à plusieurs générations sont le sapin, la crèche, le bas de Noël et comment l'oublier… la table. Ainsi, dans tous les foyers canadiens, durant des jours, les odeurs appétissantes de la cuisine donnent un avant-goût des choses délicieuses qui se préparent pour le réveillon et pour les réceptions « du temps des fêtes ». Qui n'a pas souvenir de la cuisine de son enfance, à ce temps spécifique de l'année? On savoure d'avance la dinde farcie, la tourtière ( particulière à chaque région), le ragoût, les beignes et pâtisseries de toutes sortes. Même si nos ancêtres ne sont pas, pour la plupart, des gens fortunés, leur table de famille regorge de ces plats savoureux. N'oublions pas que ce temps de réjouissance était précédé des quatre semaines de l'Avent, où l'on devait faire jeûne et abstinence.
Puis vient le crépuscule qui précède la grande nuit. Durant la veillée, alors que les enfants sont au lit, on entreprend la décoration du grand sapin vert. L'on dispose tout autour, les multiples cadeaux qui feront la joie des petits et des grands.
Au pied du sapin, bien en vue, on place la crèche, dans laquelle repose l'Enfant Jésus. « Minuit, chrétiens, c'est l'heure solennelle, où tout un peuple recueilli s'incline devant le Divin Enfant».
À l'église, on a pu entendre le chœur de chant entonner
Dans le silence de la nuit
Un enfant, pour nous, vient de naître
Né dans un sombre réduit
Vous ne pouvez le méconnaître.
L'enfant des enfants le plus beau
Vous accueille avec allégresse
À son berceau, À son berceau,
Portons-lui les dons de la tendresse (bis)
ou encore
Ça, bergers, assemblons-nous
Allons voir le messie,
Cherchons cet Enfant si doux
Dans les bras de Marie

Au retour de la messe de minuit( suivie de la messe de l'aurore), c'est enfin le réveillon. Dès l'aube, on procède au dépouillement de l'arbre et même du bas de Noël. (chaque enfant suspendait le sien à l'endroit de son choix). Dans les familles de condition plus modeste, il n'y avait pas toujours un arbre de Noël tout décoré, mais la coutume d'un bas pour chaque enfant a gardé sa place jusqu'aux années cinquante.
La tradition de donner des cadeaux à Noël, se rattache à l'histoire de Saint-Nicolas. Ayant décidé de quitter le monde, le jeune Nicolas avait distribué tous ses biens aux pauvres, sauf trois bourses qu'il emporta avec lui (car il était très riche). Sur le chemin qui devait le conduire à son ermitage, il entendit les lamentations d'un vieillard ruiné, qui songeait à vendre l'âme de ses trois filles, pour refaire sa fortune. Ému de compassion, le jeune Nicolas lança ses trots bourses et s'enfuit. Mais il n'eut pas le temps de se sauver assez vite pour garder anonyme sa générosité. Devenu évêque, Saint Nicolas a conservé dans la piété populaire sa réputation de générosité. À l'occasion de sa fête, le 6 décembre, il est devenu légendaire qu'il récompense les enfants sages. Peu à peu, à travers les temps, ces récompenses ont été conservées pour la grande solennité de Noël.
Puis, à Saint-Nicolas, a succédé l'enfant Jésus, qui glissait dans les souliers ou les bas des enfants sages, petits jouets et friandises. De nos jours, hélas ! La barbe du bon Saint-Nicolas et la générosité de l'Enfant Jésus se sont confondues dans le personnage créé pour des fins commerciales : le Père Noël. Et c'est par la cheminée, que le gros personnage tout vêtu de rouge est censé arriver dans le salon de chaque maison, avec sa hotte sur le dos, (comme dit la chanson). Il dépose alors au pied du sapin, les cadeaux pour petits et grands. Il faut dire que depuis plus d'un demi-siècle, il n'y a pas que les enfants qui reçoivent des cadeaux à Noël…
Jusqu'aux Rois, les fêtes de famille et réunions se poursuivent. Les coutumes modernes changeront beaucoup dans la deuxième partie du 20ᵉ siècle. Ainsi les gens dans les bureaux, dans les magasins, dans les usines, dans presque chaque association seront invitées à un «party» de Noël. Le tout commençant parfois très tôt en décembre.
De la campagne, l'air vivifiant nous apporte l'écho de multiples voix. Ce sont les joyeux festins, les veillées de famille au cours desquelles on fait revivre de vieilles chansons et des danses d'autrefois.
Puis, on voit des bandes joyeuses s'entasser dans de longs traîneaux pour de belles promenades, dans des sentiers dégorgeant de neige blanche.
Évoquer Noël au Canada; c'est imaginer de gros flocons de neige qui tombent abondamment sur une foule joyeuse, s'apprêtant à accueillir l'enfant de la crèche. Un foyer paisible duquel fusent des rires d'enfants émerveillés devant le sapin garni, une église tout illuminée> d'où monte dans la nuit ce chant si beau:« Minuit, chrétiens, c'est l'heure solennelle» ....
D'après un texte de Gisèle du Tilly, Cahier no 52, décembre 1991
LM-101-15




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