Chronique du village de Saint-Adolphe-d’Howard
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- 24 juin
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Par Odette Pinard, membre # 632
Projet sur l’histoire de Saint-Adolphe-d’Howard et de ses habitants 1883–2013
ll y a quelques années, j’ai pris mes ailes et me suis envolée vers le Nord. Qu’est-ce qui guidait mon envol ? Un appel des forêts, des lacs, des montagnes dégageant une beauté puissante et accueillante tout à la fois. Au début de l’été, en parcourant les chemins tracés par les indiens et par les pionniers, j’ai trouvé cet endroit encore épargné de la pollution et de la commercialisation citadine.
La région de Saint-Adolphe-d’Howard, traversée d’un grand axe routier, la 329, bordée de forêts et de chemins secondaires, faisant rêver à des domaines ca- chés, aux noms colorés et révélateurs comme : le Domaine Alpine, celui des Quatre-Lacs, des Eaux-vives, le Bastien, etc. Puis un camp musical qui s’anime durant la saison d’été, apparenté à celui d’Orford ou de Tanglewood, mais encore un peu sauvage, les notes de musique rivalisant avec le chant des oiseaux, dans une immense volière naturelle. Un grand lac se déversant dans un autre, ayant pour noms de grands saints, et des petits pois : le Saint-Joseph, le Saint-Denis, le Sainte-Marie, Lac-Bouchette, et les petits pois dont les noms évocateurs n’en sont pas moins dénués de charme, comme le lac des Pins, le Vert, le Noir, le Petit-Lac-Long, le Cornu, le Castor, le Lac-à-Foin, le lac de la Couleuvre et enfin le lac de Vingt-Sous.
Le village est un petit cœur qui hiverne longuement, avec ses 3 000 habitants dispersés sur son grand territoire de 144 kilomètres carrés. L’été, il se dégourdit et s’ouvre soudain en y accueillant près de 10 000 à l2 000 villégiateurs. Il a pourtant de beaux paysages à offrir pendant les autres saisons, avec ses mille couleurs de l’automne, et sa neige si abondante que je l’ai palpée pendant les six derniers mois de l’hiver dernier. La magie de ses eaux dévalantes au printemps me fascine lorsque je parcours les longs sentiers de randonnée dont je n’ai pas fini d’explorer l’histoire.
J’y ai trouvé ma maison perchée, nettoyé mon arpent boisé, et me rends au lac chaque jour pour une baignade et des rencontres d’amis réunis en petits réseaux d’amants de la nature, de ses jeux, de ses rudesses, et de sa beauté, ayant toujours le souci de protéger l’écologie.
Ce village du Canton d’Howard qui s’appelait mission Saint-Joseph, avait été créé par l’archidiocèse d’Ottawa en 1878. Il devint paroisse canonique du diocèse de Saint-Jérôme en 1911, et prendra désormais le nom de paroisse Saint-Adolphe-d’Howard. La Municipalité du Canton d’Howard de 1883 deviendra la Municipalité de Saint-Adolphe-d’Howard en 1939, et compte maintenant 3 750 habitants permanents en 2013.
Des habitants et leurs familles aux noms de Corbeil, Massie, Lajeunesse, Gratton, Allard, Valiquette, le révérend Stanislas Moreau, Joseph-Alexis (1884) et Pierre Millette, Hubert Paquette ainsi que des défricheurs, coureurs des bois, bucherons et missionnaires particulièrement les Pères Montfortains (1885), ont participé à l’établissement de ce village comme on le connaît maintenant. C’est Gédéon Ouimet qui en fut le premier maire après avoir été Procureur général du Québec de 1867 à 1873, puis Premier ministre du Québec en 1873 et 1874. Ce dernier a aussi donné son nom au pont qui enjambe la Rivière des Mille-Îles sur l’Autoroute 15. Gédéon Ouimet, ainsi que ses conseillers municipaux, développèrent ce village, sa paroisse et son école. La première institutrice fut Valentine Alarie en 1894, suivie de Virginia Bertrand Go-hier en 1897. Les finances administrées par le maire et ses conseillers développèrent la voirie, le service de police et celui des pompiers. Ils encouragèrent les loisirs en construisant une bibliothèque et en favorisant clubs, cercles, et associations de familles. Bientôt apparurent des commerces, tels le Magasin général W.A. Gratton en 1930 pour servir, non seulement les habitants du village, mais aussi les villégiateurs qui, selon les saisons, venaient dans leurs chalets et aux nombreux camps de vacances.
Ce sont des sages-femmes, telles que F.-X Pigeon, Marie-Louise Lajeunesse, et plus tard Rose Laverdure, qui voyaient à la santé des gens de Saint-Adolphe. Un arpenteur géomètre du nom de Lucien Corbeil s’occupait de lotir les terrains. Un maître de poste : Jacques Demers et les postillons Vianney Massie, André et René Millette avec leurs berlots (l’été) ou leurs traîneaux à chiens (l’hiver) voyaient à la distribution du courrier.
De terre à colons à village de villégiateurs
En moins d’un siècle, le village s’est transformé de terre de colons à village de villégiateurs. Un joli village au territoire étendu comprenant 117 lacs, tels les lacs Saint-Joseph et Saint-Denis, les lacs Capri, Chevreuil, Cornu, de la Cabane, de la Borne, de la Montagne, du Cœur, Gémont, et beaucoup de petits lacs ; Sans- Nom, Sioux, Pin, Vingt-Sous, Vaseux, Vert, Bois- Franc, Barbotte, Iroquois, etc.

On reconnaît les noms des pionniers à travers ceux de leurs descendants : Gratton, Chalifoux, Hardy, Corbeil, Bertrand (le Cayen), Pagé, Gauthier, Guilbert, Guindon, Despaties, DiFruscia ainsi que les Arm- strong, Evans, Morgan, Ross, Syratt, Work, etc.
Saint-Adolphe-d’Howard : origines du nom
Le nom Howard, de l’appellation de Saint-Adolphe- d’Howard, honore la mémoire de Sir Frederic Howard, originaire d’Angleterre. Il avait été nommé Commis- saire par le gouvernement britannique en 1778 pour visiter les colonies et gagner leur confiance afin d’y établir une paix durable. Les mots exacts disaient : to convey the idea of permanent peace to local people. Par ailleurs, le patronyme de Saint-Adolphe fut choisi en l’honneur de l’abbé Adolphe Jodoin, ancien curé de Saint-Sauveur-des-Monts, qui a soutenu l’établissement de la municipalité.
Au cours des ans, plusieurs camps de vacances s’y installèrent
le camp du Y.M.C.A. premier au Canada en 1893 nommé Otoreke ;
le camp Pripstein au Lac des Trois-Frères vers 1950 ;
le camp Kinkora au Lac Castor en 1926 ;
le camp le Goéland au Lac Gémont en 1912 ;
le camp scout du diocèse au Petit-Lac-Long ;
la base de plein air ;
le camp Lewis au Lac Sainte-Marie.

Depuis 1985, le Camp Musical des Laurentides avec sa salle de concert Amati offre des formations, des concerts et des bourses d’études durant la saison d’été.
Le territoire
Cette grande étendue sur le Bouclier canadien était, dans les premiers temps de la colonie, un territoire de chasse et de pêche, parcouru par les Amérindiens et les coureurs des bois, qui ramenaient les peltries à Ville-Marie pour faire le commerce des fourrures avec les Européens, tant Français, Anglais, que Hollandais. Des Indiens d’origine algonquine, qu’on appe- lait Petite-Nation, parcouraient également ces terres et ces lacs.
Au fil des années, les colons érigèrent des camps en suivant les portages avant de s’y établir. Le territoire fut divisé en onze rangs, comprenant au total 347 lots. Ce territoire fait maintenant partie du comté pro- vincial d’Argenteuil, et du comté fédéral d’Argenteuil- Papineau.
Le territoire repose sur une fondation rocheuse nom- mée Anorthosite ou roche basique à gros grains de couleur allant du violet au vert pâle ou blanc. Les gla- ciations ont détaché des matériaux qui dessinèrent le paysage formé de grosses roches et de sables fins. Les kames, ainsi formés par les sédiments, devien- dront les îles. On identifie 80 % du territoire dans le groupe podzol Sainte-Agathe, qui se draine rapide- ment, devient acide et donc impropre à l’agriculture, mais tout en favorisant la sylviculture. Saint-Adolphe se situe à la tête des eaux de la Rivière aux Mulets qui se jette dans la Rivière du Nord où se trouve la presque totalité de son hydrographie. Les vents domi- nants y soufflent d’ouest en est 43 % du temps de l’année.
Les érables à sucre, les bouleaux jaunes et les sapins ainsi que des cèdres, des épinettes noires et des pruches croissent dans les grandes forêts où s’entrecroisent quelques routes, dont la principale a pour numéro la 329. Le gibier comprend beaucoup de chevreuils, quelques orignaux, des ours, des ratons laveurs, des coyotes, des écureuils et des suisses, de la perdrix, des lièvres ainsi que des castors. Dans les nombreux lacs, on note la présence de truite rouge, grise, d’achigan à petite bouche, de maskinongé, de carpe, de perchaude, de crapet-soleil, ainsi que de nombreuses autres espèces de poissons.
Les habitants, même si on les appelle cultivateurs dans les archives, incapables de vivre de l’agriculture, développeront l’industrie du bois : déboisement, es- souchage, coupage, sciage au moulin à scie, actionné à l’eau (d’Aldéric Bellefleur (1905) puis Gendron et Cyrille Guindon), la construction des maisons, la pré- paration du bois de chauffage d’Aldéric Desjardins et de Barnabé Leblanc, la construction de l’école et d’une auberge (presbytère-chapelle en 1877), cons- truction du château Morgan, ouverture des chemins principaux et des montées. Le premier forgeron, Jean- Baptiste Lajeunesse, exercera son métier à la forge d’Adrien Desjardins. On y installe des lignes élec- triques et téléphoniques, un aqueduc au village. Les pompiers se servent d’une pompe à bras, etc.


Les chemins sont entretenus par Georges Pigeon ou par Roméo Millette à l’aide d’une charrue tirée par des chevaux. Le garde-chasse se nomme Gabriel Verdier, et le marchand général, Wilfrid Gratton. Aurèle La- combe occupe le poste de premier policier, suivi d’Ernest Day (l’été seulement), et enfin d’Hector Lari- vière. Jos Doré (en 1906) et Camille Sigouin tiendront un hôtel, tandis que Magnus Corbeil, muni d’un per- mis, transportera dans son taxi citoyens et touristes. Le Journal de Saint-Adolphe sera édité par Pierre Décarie. La glacière du village sera gérée par Pitro Mas- sie jusqu’en 1960.
On fera l’élevage de bétail Ayrshire, de moutons Ox- ford, de Leicester et de Lincoln, ainsi que des co- chons Tamworth, Berkshire et Yorkshire, des chèvres et des volailles et des lapins pour les besoins d’ali- mentation. Les chevaux et les bœufs seront élevés pour les travaux et le transport. Gratton & Frères construisit la station et le garage de camions à incen- die.
Malgré la conscription, très peu d’hommes du village seront envoyés au combat à la Première Guerre mondiale, plusieurs d’entre eux étant affectés par la grippe espagnole de 1918. Mais après la Seconde Guerre mondiale, dans le but de détecter des forces ennemies dans l’espace aérien, le gouvernement ca- nadien construisit la première série de radars NORAD faisant partie de la Pinetree Line* (acheté en 1952 pour servir de station-météo) au Lac Saint-Denis. Le premier réseau formé du 202e Escadron de contrôle aérien et d’alerte fut ouvert officiellement en 1955.
* La ligne Pinetree était un réseau de 33 stations radar sous juridiction canado-américaine s’échelonnant le long du 49e parallèle. Elle a été établie afin de protéger le territoire amé- ricain d'une attaque aérienne passant par le territoire canadien.

Le premier film canadien en couleur, intitulé Étienne Brûlé, fut tourné au Lac Sainte-Marie en 1951, les vedettes en étant : Violette Syratt et Maurice Bertrand.
Surnommée La mère aux chats, Alexina Lamoureux Léger, née à Sorel en 1890, épouse Stanislas Léger en 1935 à Saint-Adolphe-d’Howard. On doit aussi mentionner Marie-Délia Dupuis, organiste, qui tenait un magasin de bonbons. Elle était mariée à William Allard, qui tenait un restaurant dans le magasin appartenant à sa belle-mère, Mathilde Dupuis.
À proximité du village, on retrouve le Lac des Pins et ses résidents regroupés pour former L’association des Propriétaires du Domaine Alpine Inc. enregistrée le 20 novembre 1972. Le domaine Alpine porte bien son nom ; la majorité de ses 115 chalets sont d’inspiration suisse ou autrichienne (1966). D’autres domaines dont les chalets bordent les lacs sont également éta- blis un peu partout sur le vaste territoire.
SOURCES : Corbeil, L., Gratton, J.-G., Guilbert, P.-E., Le Présent du Passé, Édition 1983 pour souligner le centenaire 1883-1983.
Les Familles souches de Saint-Adolphe-d’Howard
William Allard, marié à Marie-Délia Dupuis (établis avant 1900) ; elle et sa mère tiennent le premier magasin du village ;
Alphonse Beauchamp et Malvina Bourque (établis en 1877) ; leur petit-fils Rosaire avait le restaurant Chez Pit ;
Gédéas Bélisle, marié à Lucienne Larose, cultivateur, coupeur de bois et policier (établis en 1933) ;
Édouard Bellefleur et Mathilde Paquette (il obtient sa terre gratuitement car ils ont 12 enfants) ;
Victor Bergeron et Eugénie Vézina ; il a construit le premier aqueduc du village ;
William Bergin et Marie Rosalie Groulx, de Montréal (établis en 1892) ;
François Bertrand, alias Pierre Cayen dit Bertrand et Sophie Constantineau (établis en 1893), terre toujours occupée par les descendants) ;
Louis Bourque et Victoire Labelle ;
Joseph Brière et Adéline Desjardins (établis en 1880) ;
Léopold Brisebois et Anita Monette, mariés en 1930 ;
Joseph Chalifoux, du Lac Manitou, et madame Lapointe ;
en 2èmes noces : Alexina Boisclair ;
Antoine Charron et Angélina Massie (établis en 1907) ;
Philibert Clément et Lumina Lamoureux (établis en 1926) ;
Basile Corbeil et Vitaline Paiement (établis en 1876) ;
Honoré Corbeil et Jeanne Bélisle (mariés en 1926), barbier, peintre et menuisier ;
Ovide Desjardins et Mathilde Charbonneau ;
Victor Desjardins et Marie Léonard ;
Honoré Néré Deslauriers et Sophie Pagé (établis en 1876) ;
Louis Dupré et Alda Phaneuf ;
Armand Godin et Malvina Pelletier ;
Adélard Gratton (adopté à 12 ans par son
oncle Wilfrid Lajeunesse et Émilie Gratton) et Marie-Louise Fillion ;
Maurice Lajeunesse, Philomène Lauzon et leurs fils (établis en 1875) ;
Jean-Baptiste Lajeunesse (lot en 1900)
et Éléonore Saint-Louis mariés en 1880 ;
Wilfrid Lajeunesse et Arzélie Gratton (établis en 1875 - lot en 1899) ;
Joseph Lajeunesse (lot en 1905) et Donalda Millette (établis en 1900) ;
Félix Lajeunesse, cousin (établi - lot en1883) ;
Étienne Lamont et Zoée Millet ;
Jean Larose et Célina Forget (établis en 1901) ;
Joseph Laverdure et Joséphine Léveillé ;
Barnabé Leblanc et Virgina Ouimet opèrent le magasin général ;
Maxime Massie, frère d’Isidore (établi en 1899) avec plusieurs mariages :
1ères noces avec mademoiselle Caron, en 2èmes noces avec Philomène Meunier,
puis en 3èmes noces avec Exilia Maréchal ;
Isidore Massie, frère de Maxime (établi avant 1900) et Domithile Charbonneau ; son fils, Augustin Gustave Pitro Massie est labou- reur ;
Napoléon Millette et Mathilde Paradis (établis en 1875) ;
Willie Calvin Millette, trappeur, et Victoria Bélair (mariés et établis en 1914) ;
Mathias Pagé et Marie-Louise Filion de Saint-Sauveur, (établis en 1901). Devenue veuve, elle se remarie à Henri Lajeunesse ;
Hubert Paquette, apiculteur et Philomène Gravel (établis en 1877) ; il se remarie avec Herméline Massie en 188
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