top of page

Art et plein air :le destin culturel des Laurentides

  • Photo du rédacteur: Admin
    Admin
  • 19 juin
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 24 juin

Michel Allard, membre # 443

« L’écriture rend au temps sa liberté, à l’espace c'est ailleurs » Hélène Dorion


Étrange destin culturel que celui de la région des Laurentides. Son territoire compte une dizaine d’institutions muséales, mais seuls deux centres d’exposition jouissent d’une reconnaissance formelle du ministère de la Culture et des Communications du Québec. Malgré tout, cette région est fréquentée, dès la fin du XIXe siècle, par de nombreux et parfois célèbres artistes en arts visuels.


Le début d’une ère nouvelle pour les Cantons du Nord


Grâce à la ténacité du célèbre curé Labelle, le prolongement du chemin de fer de Saint-Jérôme jusqu’à Sainte-Agathe-des-Monts en 1892 puis, jusqu’au Rapide-de-l’Orignal (Mont-Laurier) en 1909, brise l’isolement hivernal des Laurentides. C’est le début d’une ère nouvelle pour les Cantons du Nord.


Statue érigée dans le centre-ville de Labelle en hommage au célèbre curé.
Statue érigée dans le centre-ville de Labelle en hommage au célèbre curé.

Une œuvre de Christian Lauzon.

Des Montréalais de la classe bourgeoise anglophone, puis des membres de toutes les couches de la société s'y aventurent peu à peu pour pratiquer des activités de plein air dont la chasse, la pêche, le canotage, et bientôt le ski ou tout simplement pour se reposer en pleine nature. À cette époque, rappelons-le, la tuberculose fait des ravages parmi la population. À défaut d’un médicament efficace, le repos et le grand air demeurent le seul traitement connu. Entre 1898 et 1912, plusieurs sanatoriums et maisons de repos ouvrent leurs portes, surtout dans la région de Sainte-Agathe-des-Monts reconnue pour la qualité exceptionnelle de son air.


Un sujet inépuisable d’inspiration pour les artistes


En plus d'attirer des touristes et des faibles de santé, la nature laurentienne devient pour plusieurs artistes, en particulier les peintres, un lieu propice à la création et un sujet inépuisable d’inspiration. À la fin du XIXe siècle, une première vague d’artistes, sans doute influencés par le mouvement impressionniste, se consacre à la peinture de paysages en plein air. « Parmi ces artistes ayant donné une interprétation vivante des paysages des Laurentides »1, on compte les Charles Huot, Charles Gill, Ludger Larose, William Brymner, Joseph-Charles Franchère et Berthe des Clayes.


Depuis le début du XXe siècle, plusieurs artistes fascinés par la beauté sauvage, multicolore et variée des paysages laurentiens plantent leur chevalet ici et là. La majorité y séjourne de façon saisonnière. Maurice Cullen, disciple de Monet, s'établit au lac Tremblant, Edwin Holgate, membre du groupe des Sept, élit domicile d'abord à Tremblant puis à Morin-Heights, Hymie Charney à Sainte-Agathe-des-Monts, John Lyman fonde à Saint-Jovite une école de peinture alors que Jacques de Tonnancourt choisit Saint-Donat.


Quelques artistes, dont André Biéler, William Goodridge Roberts, Robert Pilot, Fritz Brandtner, Marc-Aurèle Fortin, Jean-Paul Riopelle et plusieurs autres, parcourent les Laurentides en quête d’inspiration.2

La Criée à l’église Saint-Sauveur-des-Monts, André Biéler, c. 1930.
La Criée à l’église Saint-Sauveur-des-Monts, André Biéler, c. 1930.
Marc-Aurèle Fortin, paysage des Laurentides.
Marc-Aurèle Fortin, paysage des Laurentides.

Certains dont l’artiste sculpteur Joseph-Olindo-Gratton ainsi que les peintres Christo Stefanoff et Louis Mulhstocky résident en permanence. D’ailleurs, une autre période que d’aucuns qualifient de l’ère de culture citoyenne est sur le point de débuter.


Une explosion artistique secoue les Laurentides !

Dans les années soixante, le monde occidental connaît le mouvement hippie prônant entre autres valeurs, le retour à la nature. Le Québec n’y échappe pas. Plusieurs jeunes artistes relativement peu connus, majoritairement francophones pratiquant tous les arts visuels depuis la peinture jusqu’à la sculpture en passant par l’estampe, choisissent les Laurentides comme lieu de résidence permanente.


Désireux d’échanger et de se doter collectivement de moyens de diffusion de leurs œuvres, ils fondent tout au long de la Grande Ligne (aujourd’hui la route 117) depuis la rivière des Mille-Îles jusqu’aux confins nordiques des Laurentides, des centres d’artistes, des centres d’exposition, des centres d’art en plein air, des ateliers, des sentiers artistiques, voire des routes des arts.


Dans les années 1970, un groupe d’artistes et de professeurs d’histoire de l’art de Sainte-Thérèse met sur pied la Galerie d’art Lionel-Groulx. Incorporée en 1982, cette dernière donne naissance en 1993 à Praxis art actuel, centre autogéré par les artistes, orienté vers la recherche et la diffusion de l'art actuel.4


À Mirabel, nous retrouvons le Centre de l’image et de l’estampe. Autogéré, cet atelier de gravure s’efforce de promouvoir le travail artistique de l’estampe.5


Au Parc régional du Bois de Belle-Rivière, les visiteurs peuvent déambuler dans le Sentier Art3, un sentier pédestre parsemé d’œuvres in situ intégrant l’art à la nature. Ces œuvres incitent : « à redéfinir la place de la sculpture contemporaine dans un nouvel environnement public tout comme il a pour vocation d’interpeller et de porter un regard différent sur ce site singulier ».6


Depuis Mirabel, le visiteur rejoint La route des arts qui sillonne la partie occidentale des Laurentides. Ici et là, tout au long de son parcours, des artistes et des artisans ouvrent leur atelier aux visiteurs au cours de la saison estivale.7


Reprenons le tracé de la Grande Ligne. À Saint-Jérôme, en 1978, sous l’impulsion d’un groupe d’artistes, une exposition solo des encres de Micheline Barot inaugure officiellement une Galerie d’art dans les locaux du Vieux Palais. En 1986, ce Centre d’exposition du Vieux Palais est désormais connu sous le nom de Musée d’art contemporain des Laurentides.8


Quelque trente kilomètres plus loin, à Sainte-Adèle, un petit musée rend hommage au sculpteur animalier Zénon Alary (1894-1974). Plus de 250 de ses œuvres y sont exposées.9


Reprenant la route, le coquet village de Val-David mérite un arrêt. C’est là que de jeunes artistes, avides de liberté et de plein air, se regroupent vers 1975 sous le nom des Créateurs associés. Ils acquièrent pour exposer leurs œuvres un édifice qui devient en 2001 le Centre d’exposition de Val-David.


Entre temps, les manifestations culturelles se multiplient dans ce petit village. En 1975, Michel Thomas Tremblay sollicité par la convivialité inhérente à la pratique des métiers de l’estampe fonde l’Atelier de l’Île.10 Chaque été, depuis bientôt vingt-cinq ans, à l’initiative du céramiste Kinya Ishikawa, l’événement 1001 Pots présente l'excellence de la céramique québécoise.11

Kinya Ishikawa, céramiste
Kinya Ishikawa, céramiste













René Derouin dans son atelier.
René Derouin dans son atelier.
Ø Dans les Jardins du Précambrien.
Ø Dans les Jardins du Précambrien.

Depuis plus de 15 ans, l’artiste René Derouin organise dans les Jardins du Précambrien des symposiums internationaux d’art in situ sur une base thématique en privilégiant la démocratisation de l’art et les relations entre les trois Amériques.12


Un peu au nord de Sainte-Agathe-des-Monts, soit à Saint-Faustin (autrefois La Repousse), l’histoire se répète. Depuis 1996, à l’initiative du Groupe d’art, l’ancien presbytère accueille dans ses murs des peintres, des sculpteurs, et des artisans. L’ancien presbytère devient la Maison des arts.


La Maison des arts de Saint-Faustin.
La Maison des arts de Saint-Faustin.

Dans les Hautes-Laurentides, Boréal Art/Nature, Centre d’artistes autogéré fondé en 1988 élabore une démarche éco-artistique axée sur l’actualisation des rapports entre l’art et la nature. Il a organisé en Amérique et en Europe des projets de recherche, de production et de diffusion, réuni à La Minerve des dizaines d’artistes et fondé à Labelle en 2003 le Centre Art/Nature, lieu permanent de recherche, de création et de diffusion. C’est à regret qu’en 2012, Boréal Art/Nature a dû mettre en veilleuse toutes ses activités.13


On retrouve aussi, dans les Hautes-Laurentides, le collectif Les Précambriens. Formé en 1995, il a pour mission d’y promouvoir et d’y défendre les arts et le patrimoine des Hautes-Laurentides. Multidisciplinaire, il réunit des gens de toutes les disciplines. Parmi ses réalisations, notons la réédition du Bestiaire Laurentien, le projet des Roches Nomades et plus récemment, la publication du catalogue Au fil de l’eau, IUS Soli, un projet Québec-Argentine, dont l’un des volets se déroulait au Réservoir Kiamika situé à Chute-Saint-Philippe.14


À l’extrémité nord des Laurentides, le centre d’exposition de Mont-Laurier, fondé en 1977 par un groupe d’artistes et d’amateurs d’art, s’est donné pour mission de rendre accessible à la population résidente et touristique de la région de Mont-Laurier et de mettre en valeur le patrimoine historique régional par la diffusion, l’éducation et l’action culturelle.15


Il suffit de consulter la liste des activités offertes lors des journées de la culture pour se convaincre que la région des Laurentides est devenue au fil des ans, par le nombre et la qualité de ses artistes et de ses artisans, par ses nombreuses activités artistiques, un véritable pôle culturel. Nous formulons le vœu que bientôt, si ce n’est déjà fait, vous partirez à la découverte des artistes laurentiens et du cadre naturel qui les inspire.

Références

1    Lagacé, Maude (2003), Rapport de stage au Centre d'exposi- tion/Vieux-Palais/ Musée d'art contemporain des Laurentides. Maîtrise en muséologie Université du Québec à Montréal, p.12.

2    Laurin, Serge (2000), Les Laurentides. Les régions du Qué- bec. Histoire en bref. Québec, Les presses de l'université La- val, p.140 et 141.

3    Dufresne, Marie-Andrée. (1996).Val David. Fragments d'his- toire. s. l. p. 91.

6    Communiqué de Fernand L Suzanne (2012), Directrice de Sentier Art3.

13 Historique de Boréal Art/Nature, renseignements fournis par Daniel Poulin, 10.10.12.

14 Informations obtenues de Lise Létourneau, automne 2012.

15 Centre d’exposition de Mont-Laurier (1997),Politique d’action culturelle.


LM-126-18

 
 
 

Posts récents

Voir tout

Comments


À PROPOS

La Société d'histoire et de généalogie des Pays-d'en-Haut est une corporation sans but lucratif

ADRESSE

Tél. : (450) 744-0182

 

Chalet Pauline-Vanier 

33, avenue de l'Église
Saint-Sauveur, Québec, Canada
J0R 1R0

 

info@shgph.org

Voir les heures d'ouverture

POUR NE MANQUER AUCUNE NOUVELLE. 
ABONNEZ-VOUS MAINTENANT!
  • Grey Facebook Icon
  • Grey Google+ Icon
  • Grey Instagram Icon

© 2017-2024 Mélanie Tremblay / Votre boutique en ligne : faites le premier pas

bottom of page