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Les frères Thomas-Louis et Fridolin Simard

Les fondateurs de la ville d’Estérel


Thomas-Louis et Fridolin Simard sont nés respectivement le 23 février 1908 et le 4 juin 1910 à Saint-Urbain, comté de Charlevoix, aux limites de Baie-Saint-Paul. Après leurs études à l’école de rang de la paroisse natale, ils se lancent rapidement dans la vie pour y laisser leur marque.



Fridolin Simard 1910-1995
Fridolin Simard 1910-1995

À l’hiver 1930, ils quittent Baie-Saint-Paul pour la ville d’Amos en Abitibi où ils s’associent rapidement avec les frères Bouchard, propriétaires d’un garage.

En 1932, les deux frères Simard fondent le Garage Central d’Amos, une station-service où l’on répare autos, camions et machinerie lourde à laquelle s’ajoutera une franchise automobile.

Toutefois, c’est comme entrepreneurs en construction que les frères Simard trouvent leur véritable carrière. Dès 1935, ils entreprennent des travaux d’envergure sous le nom de Simard et frères. Par la suite, ils décrochent des contrats à Ottawa durant les années de guerre, puis dans la région de l’Abitibi et par la suite dans la région de Montréal.


Les premiers contacts avec le domaine d’Estérel


En 1957, lors d’une envolée d’Amos à Montréal à bord de leur hydravion, les frères Simard découvrent, par un heureux hasard, le Domaine d’Estérel. Fridolin raconte dans son livre son amerrissage sur le Lac Masson à Sainte-Marguerite, au quai longeant l’ancien centre commercial du baron Louis Empain. « À cause d’une véritable tornade qui déferlait sur l’État de New York, la circulation était dense et il fallait libérer les couloirs aériens au plus tôt. La tour de contrôle de Dorval nous demanda d’amerrir au lac Masson. »


En attendant le départ, il consulte sur le mur mutilé du bâtiment commercial une maquette illustrant le projet du Domaine d’Estérel tel que réalisé par le baron Louis Empain. Fridolin est frappé par le concept, l’aménagement, l’ampleur et la beauté de la construction. « Avant de mettre le cap sur Montréal, je demandai au pilote de survoler le territoire parsemé de lacs plus beaux les uns que les autres ».


À la même époque et par coïncidence, après une ronde de golf avec sa famille, son frère Thomas-Louis, se fait offrir les mêmes terrains par le notaire Roland Diamond. Ils visitent le Domaine d’Estérel et Thomas-Louis manifeste un vif intérêt pour l’emplacement.


En 1957, les frères Simard achètent une grande partie du Domaine d’Estérel d’origine. Ils retrouvent ainsi la possibilité de revivre le style de vie campagnard de leur enfance et la possibilité de continuer le grand projet du baron Louis Empain, tel un jardin de rêve, comme le décrit Fridolin dans son autobiographie.


Un projet qui arrive au bon moment


À l’été 1958, plusieurs familles désirent quitter la chaleur et l’humidité de Montréal. L’air conditionné est rare et nous sommes en plein boom des naissances. L’économie est prospère. À cette époque, les épouses demeurent à la maison et prennent soin de leurs enfants. L’économie est prospère et les hommes travaillent intensément. Le travail régulier les samedis disparaît progressivement. Ces familles sont à la recherche d’une maison secondaire à la campagne avec tout le confort et les facilités de la ville pour profiter avec leurs enfants de l’air pur et sec des Laurentides. C’est la période de transition entre le chalet rustique qu’on utilise l’été et la résidence secondaire qu’on habite toute l’année.


Les équipements sportifs se développent et les familles profitent des fins de semaine et des vacances d’hiver et d’été pour pratiquer leurs sports favoris : ski, tennis, golf, ou se reposer. L’autoroute des Laurentides est en construction jusqu’à Saint-Jérôme et à l’été 1958, la route menant du village à la gare de Sainte-Marguerite-Station est reconstruite à neuf. Enfin, nous sommes à la veille de la Révolution tranquille, le Québec s’éveille à la modernité.


Bref, le contexte social, économique, voire politique est favorable au développement des régions extérieures aux grands centres urbains.


Projet domiciliaire et plan d’aménagement


Le développement de la quasi-totalité de l’ancien Domaine d’Estérel du baron Louis Empain s’amorce dès l’achat des terrains par Les Entreprises Simco, le 23 octobre 1957. Les frères Simard retiennent rapidement les services de Jean-Claude La Haye, urbaniste-conseil, pour la préparation du plan général d’aménagement du nouveau projet de l’Estérel. Le plan est complété en février 1958. Le projet de l’Estérel sera un développement innovateur.


La tâche de Jean-Claude La Haye consiste à préparer un plan directeur de zonage pour une population à venir de près de 5 000 habitants. Le lancement du plan est avant-gardiste pour l’époque. Plusieurs terrains ont une superficie approximative de 8 000 m2. C’est du jamais vu pour des résidences à la campagne. À cette époque, l’habitude est de construire sur de petites surfaces d’environ 800 m² qu’on s’empresse de déboiser et de gazonner.


Le plan directeur prévoit que chaque terrain ne pourra pas être subdivisé par l’acquéreur ou ses successeurs sans l’approbation écrite du vendeur. Seule une résidence familiale avec son garage peut être construite sur chaque lot. La valeur de la construction devra s’élever à au moins 10 000 $, en dollars de 1958. Chaque habitation doit être construite avec des matériaux de qualité et doit servir l’hiver comme l’été.


Les plans de chaque résidence doivent être réalisés par un architecte et un plan d’implantation de la maison sur le terrain doit être fourni pour obtenir le permis de construction. Aucune construction n’est permise sur les 15 premiers mètres de la rive des lacs. Aucun quai flottant ou garage à bateau n’est autorisé. Le couvert forestier naturel doit être conservé sur 40 à 50 % de la superficie totale du terrain selon sa grandeur. L’acquéreur doit ériger et compléter les constructions sur le lot dans un délai de deux ans depuis la signature de l’acte de vente.



Jean-Claude La Haye (1923-1999), surnommé « le père de l’urbanisme
Jean-Claude La Haye (1923-1999), surnommé « le père de l’urbanisme

au Québec ». Source : Ordre des urbanistes du Québec

En somme, ce plan d’urbanisme compte parmi l’un des premiers, sinon le premier jamais conçu pour l’aménagement d’un territoire de la région des Laurentides.


Présentation du projet


Le 9 avril 1958, Thomas-Louis Simard, accompagné de ses collaborateurs, présente la maquette et le projet aux membres du Conseil municipal de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson. Le projet prévoit la subdivision de la municipalité en deux zones, le bloc B pour le nouveau Domaine d’Estérel et le bloc A pour le reste de la municipalité. Dès sa présentation, le plan d’ensemble soulève l’enthousiasme.

Domaine d’Estérel, maquette du plan d’aménagement de l’architecte Jean-Claude La Haye (1958) Source : LAVIGNE, Robert M.D.,« Tel un jardin de rêve », Sainte-Adèle, textes et contextes, p. 51.
Domaine d’Estérel, maquette du plan d’aménagement de l’architecte Jean-Claude La Haye (1958) Source : LAVIGNE, Robert M.D.,« Tel un jardin de rêve », Sainte-Adèle, textes et contextes, p. 51.


Malgré un début enthousiaste, des difficultés avec les autorités municipales, en particulier quant au financement des routes et à la réparation du pont Rouleau, surgissent.


Après mûre réflexion et afin d’éviter à la Municipalité de Sainte-Marguerite la responsabilité financière de ces travaux de même que pour raccourcir les délais de réalisation, les frères Simard demandent l’intervention du gouvernement du Québec.


Cependant, le code municipal ne permet pas aux résidents saisonniers de voter ou d’occuper une fonction dans l’administration municipale.


Ainsi, le 25 octobre 1958, Joseph-Léonard Blanchard, député du comté de Terrebonne, dépose une pétition visant la création de la Ville d’Estérel à même le territoire récemment acquis, situé dans les limites de la Corporation municipale de la paroisse de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson. On demande que cette nouvelle ville soit constituée en vertu de la loi sur les cités et villes permettant l’élection au conseil municipal des propriétaires qui ne sont pas nécessairement des résidents permanents.


Après quelques discussions avec les autorités municipales de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, la Loi constituant en corporation autonome la Ville d’Estérel est votée avec l’amendement qui inclut une compensation financière de 60 000 $ à verser à Sainte-Marguerite et la responsabilité financière de l’emprunt pour réaliser les routes et les ponts.


Suite au vote de l’Assemblée législative le 5 mars 1959, la Ville d’Estérel est née.


Ce texte s’inspire de l’ouvrage de Robert Lavigne M.D. (2013), L’Estérel, tel un jardin de rêve, Éditions textes et contextes, Sainte-Adèle, 97 p.


LM-133-09

 
 
 

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