La saga du Mont Baldy
- Mélanie Tremblay
- 26 sept.
- 4 min de lecture
Par : Louis Du Cap, membre de la SHGPH
Le montBaldy fuit partie du socle précambrien des Laurentides.
Il domine la vallée de Ja Rivière-du-Nord et est situé entièrement à l'intérieur des limites de la ville de Sainte-Adèle. Sur sa façade sud-ouest, il y a une zone de débitage importante et de gros blocs rocheux apparaissent à ses pieds. Une épaisseur importante de sédiments quaternaires y ont été déposés il y a plusieurs milliers d'années Durant la dernière glaciation.
Durant la première moitié du 20ième siècle et particulièrement la troisième et la quatrième décennie, plusieurs compétitions de ski ont lieu à cet endroit. En effet, sur son versant nord-est, une piste de ski suffisamment large permettait des courses de vitesse et rhôtel Alpine Inn accueillait plusieurs skieurs de renom pour ces
compétitions.

La région du mont Baldy accueillait aussi plusieurs résidents anglophones. Sur le chemin se côtoyaient les Smith, Lorge, Crayton, Thompson, Wray, Ketrwood) Lammas, Carthy, et j'en oublie. Uéglise Saint-Chdstopher fut construite en (962 afin de desservir cette large communauté déjà en diminution depuis une ou deux décennies.
Puis ce fut le tour des francophones d'y habiter: les Gobeille, Dépatie, Bourassa, Dupuis, Du Cap, Beaudoin, Trudeau, Forge/y Malouin, Rodrigue, Brosseau, Bergeron, Barnabé et j'en passe.
Vers le 19 septembre 1973, j'achetais une résidence portant le numéro civique 92, chemin Mont-Baldy, située à Sainte-Adèle, Comté Terrebonne, Province de Québec, que je payais 25 000$) dont 20 000$ comptant et le solde à payer de 5 000$, devenant dû au vendeur, Monsieur Norbert Hotte. Quelques mois plus tard, j'achetajs aussi un terrain vacant, adjacent et situé à l'arrière de cette maison, ce qui a eu comme effet de doubler la superficie de ma propriété pour atteindre un demi hectare de superficie.
Le terrain bornant l'arrière de ce dernier achat fait partie de la pIus grande partie di un lot appartenant à Jean-Louis Campeau.
Quelques temps auparavant, j'avais consulté ce dernier, un commerçant spécialisé en
terrassement et en horticulture, qui demeurait à l'entrée du chemin Mont-Baldy. Celui-ci était propriétaire des lots situés aux alentours du secteur et dans le passé, ces dits lots dont le celui adjacent à ma propriété avaient servi comme source d'approvisionnement en matériel de base (gravier, sable et pierre concassée) pour la construction de l'autoroute des Laurentides entre Sainte-Adèle et Saint-Agathe durant les années 1971 et 1972.
Après la fin des activités d>extraction liées à cette construction, monsieur Campeau avait avoué avoir regretté de n'avoir obtenu des garanties afin de faire replacer le terrain dans un état plus adéquat pour permettre le reboisement. En effet, malgré de belles promesses, la Cie Constructin Saint-Laurent n'avait pas remis le terrain à l'état naturel.
Source: www.fopaq.gouv.qc.ca
C'est donc avec un peu d'inquiétude que j'entrevoyais cet achat, mais après une conversation avec monsieur Campeau, lequel avait dorénavant renoncé à permettre de telles activités sur ces terrains, me rassura sur ses projets de tenter de faire replacer le terrain tel que promis.

Je dois mentionner que durant ces deux années où l'autoroute était en voie de construction, je visitais souvent mes amis Marc Beaudoin et Claire Malouin qui demeuraient sur le seul chemin d'accès à la sablière. J'avais alors contacté qu'après de nombreuses plaintes de bruit et d'activités de camionnage sur l'étroit cbem.in de 4,2 m qu'était le Mont-Baldy l'exploitant avait ouvert un nouveau chemin en parallèle un peu plus à l'ouest de l'ensemble des résidences d'alors.
Quelques semaines plus tard, vers la toute fin du mois d'octobre 1973, Marc et moi sommes à la chasse au chevreuil aux environs de mon chalet situé à Sainte-Véronique, Qc. Lors de notre retour, nous apprenions que monsieur Campeau est décédé et qu'il a été inhumé plus rot dans la semaine.
Loin de nous, le fait de penser que ce décès aura de lourdes conséquences pour la vie de plusieurs résidents de Sainte-Marguerite Station (Ste-Adèle) et surtout pour ceux dont les résidences sont situées à proximité des lots appartenant maintenant à la succession de Jean-Louis Campeau.
Le jugement qui suit est le reflet des évènements qui se sont produits durant les années 1974 à 1986. Il faut aussi ajouter que durant les mois qui ont suivi ce
jugement. Les défendeurs ont, malgré tout, tenté d'outrepasser l'injonction émise par le tribunal. Il aura fallu qu'une requête pour outrage au tribunal soit entendue par le même juge pour que, finalement, l'âme dirigeante.: des deux compagnies, également citées, accepte de négocier des conditions précises qui ont fait en sorte que les opérations cessent, que les usines: et le garage soient démantelés, qu'une partie du terrain soit nivelé et que des mûrs anti-bruit soient élevés.
Vous comprendrez aussi que la ville de Sainte-Adèle n'a pas voulu protéger adéquatement ses citoyens en étant absente lors de l'audition à laquelle le juge Durand fait mention. Durant ces années, l'on semblait croire que la venue d'une telle entreprise dans le secteur était synonyme de développement économique. Certains membres du service de police et d'autres organismes de la ville ont profité de certains privilèges ou de permissions donnés par l'exploitant.

Trois administrations successives de cette ville n'ont pas pris les choses en main : les Caron, Théorêt et Dubé de l'époque n'ont pas su faire échec à de tels abus et il a fallu que des citoyens, à titre privé, entreprennent par eux-mêmes des procédures judiciaires coûteuses pour faire cesser cette exploitation illégale.
Durant ces années, l'administration municipale a même osé présenter une demande de modification au règlement de zonage en vigueur afin de créer une zone industrielle à l'intérieur de la zone de villégiature afin de rendre conforme ce qui était illégale. Mal lui en pris, car la grande majorité des citoyens lui ont fait savoir lors d'une réunion spéciale convoquée par la ville, que les citoyens s'opposeraient à tout changement de zonage qui avantagerait l'exploitant de la sablière gravière du Mont Baldy. Il est important ici de souligner l'apport dynamique de plusieurs résidents et des membres de l'association des propriétaires du chemin Mont-Baldy.
Un droit de passage avait été donné par les autorités ecclésiastiques anglicanes lors des activités reliées à la construction de l'autoroute en 197 l et 1972 afin d'arrêter le passage des camions sur le chemin Mont-Baldy. En L984, six citoyens du secteur (Barnabé, Bergeron, Dépatie, Du Cap, Gravenor, Péladeau) formaient une compagnie sans but lucratif appelée "Centre communautaire Mont-Baldy inc., et cette dernière achetait
l'ancienne église Saint-Christopher. Cette transaction incluait le terrain où était le passage utilisé par le.s véhicules de tout genre pour accéder au site de la sablière gravière à partir du chemin Sainte-Marguerite (aujourd'hui appelé Pierre-Péladeau).

Par la suite, quelques années après la fin des procédures légales eu 1988, certains investisseurs se sont départis de leurs actions dans cette compagnie, car le but avait été atteint (la fermeture des activités la sablière gravière).
La suite est une autre histoire que je laisserai le soin de raconter. Mentionnons toutefois que depuis 18 ans, le Pavillon des Arts a bien servi la communauté de Sainte-Adèle.
Nous avons réussi à obtenir de la part de l'évaluateur municipal qu'il révise à la baisse la valeur des propriétés afin que leurs valeurs reflètent la désuétude économique du secteur affecté par les opérations quotidiennes. L'impact monétaire sur nos taxes, quelques dizaines de dollars annuellement, étaient toutefois loin de compenser le préjudice causé par le bruit et la poussière incessante provenant de la sablière.

Il me semble important et opportun de faire connaître une des vraies histoires des Pays d'en-Haut. Après tout, les cicatrices de ces activités apparaîtront encore longtemps dans nos belles Laurentides.
J'ai voulu simplifier la lecture de ce jugement en omettant certains textes qui ne servent pas à comprendre l'essentiel de l'historique, des arguments et des ordonnances de ce jugement fort intéressant.
À suivre.
LM-099-13




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