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La boutique de forge

La boutique de forge était tenue par M. Robert John Ivall mais c'était la propriété conjointe de Robert  John et son frère Oscar lvall. La boutique existe encore: grande bâtisse rectangulaire, éclairée de beaucoup de fenêtres.


Le forgeron du temps pouvait réparer des roues, des voitures, forger des outils ou des instruments en fer, aiguiser des •drills• de forage;  mais le plus fort de son travail était de ferrer les chevaux. Quand on se présentait sans rendez-vous avec sa paire de chevaux, on risquait d’attendre son tour longtemps,... comme à la confesse!


Tout un métier de ferrer les chevaux: il y en a des doux, des faciles, il y en a des malcommodes. Ceux-ci, pour les mettre… à la raison…, Robert John devait leur asséner quelques bons coups de manche de marteau. Dans les cas les plus graves, il fallait ligoter les chevaux  pour pouvoir les ferrer.


Au moment où je  suis parti pour le collège, en 1929,  Robert John montrait déjà des signes de profonde fatigue. Il marchait courbé et se plaignait de plus en plus de son mal de reins. Il exercera son métier jusqu'à épuisement. Il avait supporté trop longtemps le poids des chevaux, le poids des ans! Après sa mort, il fut inhumé avec sa femme dans le cimetière de l’église United Church à Morin-Heights.


La famille lvall de Christieville


Le père de cette famille s'appelait John lvall, forgeron. de religion protestante.. Il avait épousé Marguerite Shannon. de religion catholique. Marguerite Shannon était une femme déterminée, autoritaire. Nous l'appelions la vieille  John. Je l’ai connue dans ma jeunesse. J'allais lui vendre de belles fraises, cueillies dans les champs et elle marchandait, marchandait !


Sans doute d'après les ententes conclues lors de ce mariage mixte,  Margaret a fait baptiser ses enfants à Saint-Sauveur. Le fils, qui a succédé au père dans la boutique de forge, est Robert John. né le 28 juillet et baptisé le 26 août 1882. Pendant un séjour dans l'Ouest canadien, il avait épousé Jennie Jackson de religion protestante. Le 26 novembre 1913 à St. Emile de Legal, Alberta. Ce couple donna naissance à une fille unique, Veronica. La femme de Robert John mourrut jeune.


La boutique de forge existe toujours. La photo de Lorraine Raby montre d’ailleurs la plaque-souvenir qui se lit: Boutique de Robert John Ivall.
La boutique de forge existe toujours. La photo de Lorraine Raby montre d’ailleurs la plaque-souvenir qui se lit: Boutique de Robert John Ivall.

 La première fois que j'entrai dans une église protestante, ce fût aux funérailles de Jennie Jackson, femme de Robet John. Au risque d'étonner nos coreligionnaires, mon père m’avait amené à cette cérémonie, célébrée dans l'église United Church de Morin-Heights. Au point de vue œcuménique, mon père avait un pas d'avance sur son temps: Quand nos catholiques décèdent, disait-il, les Protestants de Morin viennent dans notre église catholique de Saint-Sauveur; pourquoi nous, catholiques, nous n’irions pas aux funérailles, des protestants dans leur église de Morin pour manifester notre sympathie et prier avec eux?• Mon père avait bien raison.  Les autres enfants de la famille Ivall: Jessie, née en 1880, Jacques, né en 1884, Oscar, né en 1888 et Noémie, née en 1890. Le père John mourut en 1918 à 68 ans. Margaret mourut en 1931, à 81 ans. Tous deux reposent dans le cimetière catholique de Saint-Sauveur: … Ceux que Dieu a unis, que l'homme ne les sépare pas…!


Une mort tragique frappa les deux filles de la famille Ivall. Jessie et Noémie moururent toutes les deux brûlées, ainsi que le mari de Jessie dans l'incendie de leur maison à Weir, le 25 novembre 1960. Jessie avait 80 ans. Noémie, 71 ans.  Elles furent inhumées le lendemain, dans le cimetière catholique de Saint-Sauveur.


Le plus coloré de la famille lvall était sans contredit Oscar. Célibataire, son rêve, après la mort de sa mère, aurait été d’épouser une institutrice catholïque. Quand une nouvelle maîtresse d'école arrivait dans notre école de campagne, Oscar s'efforçait d'attirer son attention. Gentilhomme, il lui faisait passer d'agréables dimanche en la promenant ici et là dans son auto. Aucune de celles qu'il connut et gâta ne devint Mme Ivall.


La maison autrefois habitée par John Ivall, père de Robert et de Oscar, existe toujours. La photo de Lorraine Raby nous la montre dans tout son cachet.
La maison autrefois habitée par John Ivall, père de Robert et de Oscar, existe toujours. La photo de Lorraine Raby nous la montre dans tout son cachet.

Oscar lvall se plaisait avec les Canadiens dont il avait appris la langue assez correctement. Il était amateur de beaux chevaux et de beaux animaux. Sans être un vrai cultivateur, il réussissait à retirer un bon revenu de sa petite ferme et de son étable. Mi-cultivateur, mi-boucher, maréchal sur les bords, homme d'affaires à ses heures, Oscar prenait le temps de vivre, aimait jaser avec tout le monde. Son originalité, dans ses manières et dans son langage, attirait l'attention. Oscar Ivall mourut en 1967, à l'âge de 79 ans. Les gens de Christieville parlent encore d'Oscar comme d'une sorte de personnage légendaire.


Aires de villégiature

En 1925, l'époque où je situe mes souvenirs, ce n'est pas encore l'envahissement des Laurentides par les villégiateurs, mais le tourisme est déjà commencé. La maison de Stanislas Piché, la maison de John Elder, la maison de Dick Brown, reçoivent déjà des familles, soit comme pensionnaires, soit comme locataires, durant la belle saison: fin de juin à la fin d'août.


La maison  autrefois habitée par John Ivall, père de Robert et de Oscar, existe toujours. La photo de Lorraine Raby nous la montre dans tout son cachet.
La maison  autrefois habitée par John Ivall, père de Robert et de Oscar, existe toujours. La photo de Lorraine Raby nous la montre dans tout son cachet.

Ces visiteurs ne sont pas de familles riches: elles s’entassent dans les maisons louées pour épargner des sous. Elles jouissent du plein air, du beau soleil de la campagne, peuvent s'approvisionner chez les cultivateurs et partagent un magnifique point d'eau pour la baignade juste en haut du barrage. Si vous passiez, sur le pont de Christieville, au beau milieu de l'après-midi, un jour de soleil, vous entendiez le gazouillis de la petite Floride de Christieville.


Avec le temps, plusieurs résidents imiteront cet exemple et offriront des maisons ou des chambres à louer pour aller chercher quelques revenus. La crise se prépare, ne l'oublions pas...



LM-074-15

 
 
 

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