ISIDORE GAUTHIER, PIEDMONT

Le 21 mai dernier, la Société d'histoire des Pays-d'en-Haut offrait à la municipalité de la paroisse de Saint-Sauveur un magnifique tableau commémoratif, en hommage aux maires, conseillers et secrétaires-trésoriers qui ont été en fonction entre 1855 et 1988. Parmi les quelque deux cents noms qui y sont inscrits, il en est un qui attira particulièrement mon attention, soit celui d'Isidore Gauthier, conseiller municipal vers 1865. Ce personnage ayant été propriétaire foncier à Piedmont pendant près de quarante ans, m'apparaît intéressant de présenter ici quelques renseignements à son sujet.

La plus ancienne mention d'Isidore Gauthier remonte au 29 octobre 1855, date à laquelle il épousa, à Saint-Jérôme, Marguerite Huot, fille d'Antoine et de Françoise Beauchamps. Trois ans plus tard, soit le 23 octobre 1858, il se portait acquéreur, pour la somme de 5000 francs, d'une terre de 117 arpents sise du côté est de la rivière du Nord, sur le territoire de l'actuelle municipalité de Piedmont (Chemin de la Gare). Il n'était pas sans intérêt de mentionner que le vendeur n'était nul autre que le lieutenant-colonel William Scott, marchand et juge de paix de Saint-Jérôme dont le nom revient souvent dans l'histoire économique et sociale de la région. Monsieur Scott avait acquis ce lot de François Labelle, à qui il avait été concédé originellement par les seigneurs des Mille-Îles, le 19 décembre 1843.

S'étant établi sur son lot, Isidore Gauthier décida, en 1872, d'en augmenter la superficie en achetant deux lots adjacents appartenant à Théophile Brunet. Ces terrains ainsi que le lot acquis en 1858 du lieutenant-colonel Scott sont aujourd'hui désignés sous les numéros 25, 26 et 27 au cadastre officiel de la paroisse de Saint-Sauveur.

Vers 1890, les fermes situées du côté est de la rivière du Nord furent traversées par le chemin de fer de la "Montreal and Western Railway Company". Les lots 25 à 27 n'échappèrent pas à cette règle, si bien qu' Isidore Gauthier intenta une action en justice contre la compagnie ferroviaire afin d'être indemnisé pour les dommages faits à ses propriétés.

Les choses se réglèrent, le 2 février 1892, lorsque la "Montreal and Western" paya à Monsieur Gauthier la somme de 137 dollars pour l'acquisition d'une lisière de terrain de 8 arpents et 67 perches en superficie, située de part et d'autre de la ligne centrale du chemin de fer et ayant une largeur variant de cent à deux cents pieds. C'est sur ce lot que fut subséquemment érigée la gare de Piedmont, édifice malheureusement détruit en 1985.

Ajoutons, en concluant, que quelques années plus tard, soit vers 1897, Isidore Gauthier vendit ses terres de la rivière du Nord à un monsieur Cloutier et alla se fixer à Mont-Laurier, lieu probable de son décès.

Jean-François Corbeil, Piémont, mai 1988.

LM-038-57