Fermeture du Bistro à Champlain
- Mélanie Tremblay
- 26 juin
- 4 min de lecture
Robert Lavigne, M.D., Cofondateur de la SHSME
Après 40 années d’excellents services à sa clientèle, le Bistro à Champlain a fermé ses portes le 2 novembre 2014 afin de permettre à ses propriétaires de prendre une retraite bien méritée.
La belle aventure
Cette belle aventure dans la fine cuisine et le bon vin a débuté en 1974 alors que le docteur Champlain Charest et le peintre Jean-Paul Riopelle achetèrent le magasin général de Monsieur J.E. Lavigne à Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson. Ils voulaient sauver l’existence de ce bâtiment patrimonial et en conserver les caractéristiques, soit la construction en bois de pièces du magasin d’approvisionnement des colons à l’origine. Ils décidèrent alors d’y ouvrir un restaurant de type bistro. Ce fut au début le Va-Nu-Pieds, titre rappelant les écrits de Félix Leclerc et par la suite, en 1987, le Bistro à Champlain.
À cette partie s’ajouta l’aménagement de la maison familiale à la droite, d’autres salles à la gauche, à l’arrière et la grande cave à vin au sous-sol, sans oublier la décoration des nombreuses peintures de Jean-Paul Riopelle, de ses amis et d’autres peintres contemporains.
Venant d’un milieu modeste, Champlain Charest est né en 1931 sur une ferme à Sainte-Hélène de Kamouraska dans le bas du fleuve. Après des études supérieures au collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière et au collège Sainte-Marie, il termina ses études médicales à l’Université de Montréal en 1959 et compléta sa spécialité en radiologie aux États-Unis. C’est avec l’équipe des radiologistes de l’Hôpital Saint-Luc qu’il rencontrera le Dr André Légaré, un fin connaisseur en musique, en peinture et en vin. Il fut le mentor de Champlain. En visitant ensemble les galeries d’art, les artistes et les collectionneurs, Champlain s’initia aux beautés de la vie. L’équipe des radiologistes et des médecins de l’Hôpital Saint-Luc étaient des passionnées des Beaux-Arts et formèrent un groupe d’achats de peintures de nos artistes québécois.
Champlain construisit en 1966, sur les rives du lac Masson, sa résidence de campagne sans se douter qu’une nouvelle aventure se préparait pour lui.
En effet, c’est lors d’un conseil municipal de la Ville d’Estérel que Champlain Charest rencontra Gérard O. Beaulieu, un ingénieur et un collectionneur d’art qui fut l’initiateur de la grande amitié entre Champlain et Jean-Paul Riopelle.
Ensemble depuis cette rencontre significative à Paris en 1968, l’artiste décida de construire sa résidence-atelier à Sainte-Marguerite-Estérel en 1974 dans le style d’une grange traditionnelle québécoise sur le terrain voisin de la résidence de Champlain Charest.
C’est à Sainte-Marguerite et au Québec lors de parties de pêche et de voyages de chasse en hydravion avec Champlain que Jean-Paul Riopelle puisa beaucoup de son inspiration à cette époque.
La société d’histoire de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson et le Bistro à Champlain
Depuis la fondation de la Société d’histoire de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson et d’Estérel à l’automne 1992, nous avons eu une relation privilégiée avec le Bistro à Champlain où nous avons tenu la majorité de nos rencontres sur l’histoire locale et des environs, une relation privilégiée avec Champlain et Monique Nadeau, sa compagne qui nous ont toujours reçus chaleureusement avec un bon café les samedis matin, dans ce bâtiment historique. Nous les remercions sincèrement.
Nous leur souhaitons santé et telle que mentionné dans un reportage, d’habiter plusieurs années encore le plus beau bâtiment patrimonial de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, au centre de notre ville, au croisement des chemins Masson et Sainte-Marguerite, face au lac Masson et au parc Édouard-Masson.
À la suite du décès de Jean-Paul Riopelle en mars 2002, nous avons été heureux d’organiser au Bistro à Champlain en juin 2002, une rencontre avec les amis du peintre et de nous remémorer cette belle aventure d’un médecin dévoué avec un des plus grands peintres canadiens dans la Ville de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson.
Capsules
Champlain a toujours aimé rencontrer le monde,
les amis et partager une bonne bouffe et du bon vin.
Le Bistro à Champlain fut une histoire d’amitiés, le lieu pour rencontrer ses amis.
D’hier à aujourd’hui, ou l’histoire, en bref, d’un bâtiment patrimonial
En octobre 1865, Édouard Masson vend un terrain dans le village naissant de Sainte-Marguerite à Charles dit Lajeunesse, qui est déjà marchand dans le même village. Celui-ci s'engage à y construire un nouvel immeuble dans les six mois. Pendant 110 ans, il s'agira là de l'incontournable magasin général de la paroisse de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson.
Deux générations de Charles dit Lajeunesse vont opérer le commerce pendant près de 60 ans, jusqu'à ce qu'il soit acquis par Jean-Euchariste Lavigne, qui va le conserver 50 ans de plus.
En 1974, le commerce est acquis par le Dr Champlain Charest qui, avec son ami Jean-Paul Riopelle, va y installer un restaurant qui deviendra vite réputé pour sa cuisine autant que pour sa cave. D'abord appelé « Chez le père Lavigne », il doit fermer en 1981, avant de rouvrir en 1987 sous le nom du « Bistro à Champlain ».
Source (texte en italique) : Marc-Gabriel Vallières, Historique de l’immeuble http://www.mgvallieres.com/marg/Mass075/Fiche.htm
Photo 1 : détail d’une carte postale anonyme, Collection M.-G. Vallières.
Photo 2 : (photo tirée de Bernier, Robert, « Point de rencontre », dans iParcours, art & art de vivre), site de M.-G. Vallières.
Le 2 novembre 2014 : adieu restaurant, bienvenue résidence privée !
Une retraite bien méritée
L’équipe de rédaction et les membres de la Société d’histoire et de généalogie des Pays-d’en-Haut souhaitent une retraite sereine et bien méritée à Champlain Charest et à Monique Nadeau, sa compagne et précieuse associée.
LM-133-18
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