189, rue Principale - En 1900 Le magasin général Brown - En 2004 Copy King
- Mélanie Tremblay
- il y a 2 jours
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Le village d’Orise
Par Lucien Galipeau (002)
Poursuivant notre recherche des trente maisons constituant le village d'Orise Maillé, laquelle, on s’en souviendra a vécu à Saint-Sauveur de 1891 à 1985. Je vous invite à faire un petit arrêt devant le numéro 189 de la rue Principale abritant le Centre de communication et de graphisme Copy King. En 1900, il n'y avait qu’une modeste bâtisse abritant un magasin général. Maintes fois transformée, elle fut la propriété de quatre marchands généraux

Ici, en 1861, selon le recensement du Canada. Monsieur William Shaw était propriétaire d'une bâtisse d'un seul étage, recouverte de lambris de bois brut posés à la verticale. En 1981, madame Maillé me disait : "Je me souviens, qu'une fois la semaine, après la classe, j'allais remettre au marchand général une "liste de commissions" préparée par ma mère. Le propriétaire, M. Daniel Brown m'accueillait avec un grand sourire et me donnait une "lune de miel" ajoutant: dis à ta maman que sa "commande" sera prête demain midi. Mon père, qui se rendait au bureau de poste tous les samedis, en profitait pour se présenter au magasin général y prendre sa boîte de provisions hebdomadaires accompagnée de la facture qu'il devait honorer durant la première semaine du mois suivant. C'était coutume à celle époque de porter à son compte: tous les habitants "faisaient marquer· chez le marchand général". Ce souvenir d'Orise Maillé m'incita à consulter les archives municipales afin de découvrir la petite histoire de cet emplacement et celle de ses différents propriétaires.
William Shaw et son frère, Joseph, qui occupaient la partie arrière du commerce, se déclarèrent méthodistes. Selon la liste des habitants de la paroisse de Saint-Sauveur produite à partir du premier rôle d'évaluation préparé et déposé en octobre 1855, nous constatons qu'ils étaient déjà établis dans le village. De Joseph, dans le registre des délibérations du premier Conseil municipal de Saint-Sauveur, nous apprenons qu'il assuma la charge de secrétaire-trésorier de la nouvelle municipalité de paroisse dirigée par le maire William-Henry Scott. Dès la deuxième assemblée tenue le 13 août 1855, Joseph donna sa démission et fut remplacé par le notaire Jean-Baptiste Villemure de Sainte-Adèle.
Dès lors, nous perdons toute trace de Joseph. Vers 1863, ne pouvant suffire aux différentes tâches, monsieur Shaw embaucha un certain William Sloane qui, après deux années de service derrière les comptoirs, proposa à son patron de lui vendre son commerce. En 1865, il acquit effectivement la propriété d'une superficie de 38 000 pieds carrés sur laquelle n'était construite que la modeste bâtisse et deux dépendances servant de lieu d'entreposage. Le nouveau propriétaire procéda à une rénovation de l'immeuble afin d'attirer les villageois qui continuaient de descendre la côte pour s'approvisionner au magasin de Basile Clouthier, successeur de William Henry Scott dont le commerce était situé dans la maison toujours abandonnée de la rue Principale à Piedmont.
1873, année d'élection à la municipalité. De nombreux clients de Monsieur Sloane le pressèrent de poser sa candidature au poste de maire. Il remporta une brillante victoire sur le maire sortant. Basile Clouthier, son compétiteur commercial. Il s'occupa donc de politique municipale de 1873 à 1876 tout en vaquant à ses occupations commerciales.
Nommé maître de poste en 1875, il affecta un comptoir de son magasin aux opérations postales. Afin de bien effectuer ses triples fonctions : marchand général, maire et maître de poste, il embaucha un jeune commis venu solliciter un emploi, François-Xavier Clouthier lequel, après quelques années d'apprentissage, le quitta pour ouvrir son propre magasin général, sur la rue Principale, face à la rue de la Station, devenue depuis l'avenue de la Gare.
Au registre de perception des taxes foncières de 1884, en regard du nom de William Sloane, on y lit que sa propriété était évaluée à 100 dollars et sa contribution établie à 37 cents. C'est à cette période qu'il aurait entrepris des modifications majeures à son commerce : ajout d'un deuxième étage, revêtement de briques sur les murs extérieurs et élargissement de l'escalier de la façade. Durant la dernière décennie, pressentant peut-être une retraite éventuelle, il se fit construire à peu de distance de son magasin, la maison victorienne qui exisle encore de nos jours. Il en prit possession en 1900 alors qu'il venait de vendre son commerce à un certain Daniel Brown.
Après Daniel Brown, Hermola Béliveau, qui assuma le poste de secrétaire-trésorier de 1941 à 1945 et un laps de temps en 1950, aurait, lui aussi, été marchand général au même endroit. Les villageois se rappelleront diverses enseignes commerciales qui se sont balancées au gré du vent sur la façade de cette maison; entre autres. celle du TOURNESOL nous rappelant un commerce d'aliments naturels, celle de la boutique AVANT-GARDE, avec ses vêtements féminins exclusifs et importés. Depuis quelques années, c'est COPY KING: un centre de communication et de graphisme.
LM-091-08


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