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Sainte-Adèle que j’aime

  • Photo du rédacteur: Admin
    Admin
  • 2 juin
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 4 juin

Troisième volet


Le deuxième volet de «Sainte-Adèle que j’aime» annonçait rien de moins qu’un

«coup d’État», survenu en 1918 : le démembrement de Sainte-Adèle qui allait conduire à la création d’un «village de compagnie». Voyons la chose d’un peu plus près dans ce troisième chapitre.


Pierre Grignon, Membre (# 85) SHGPH
Pierre Grignon, Membre (# 85) SHGPH
















D’abord une précision                                                    


Notre dernière édition de La Mémoire présentait une grande photographie d’un édifice imposant pour l’époque et qui s’appelait l’Hôtel des Grignon. Le bas de vignette est précis quant à l’identification de ce deuxième hôtel de la famille à Saint-Jérôme.


Médard Grignon avait auparavant succédé à son père Jean-Baptiste, lui-même fils de Jean-Baptiste, comme aubergiste et propriétaire de l’Hôtel du Peuple, situé très exactement où se trouve, depuis 1924, le Vieux-Palais. Jean-Baptiste s’était établi sur ce lot prédestiné en 1835.


Quatre ans plus tard on inaugurait la première église de ce qui allait s’appeler Dumontville, puis Saint-Jérôme. Cette église, dont Antoine Labelle fut le septième curé à compter du 15 mai 1868 jusqu’à son décès en 1891, se trouvait donc juste en face de l’Hôtel du Peuple où vivait ce que Labelle lui-même appelait la Grignonnerie.

La cathédrale actuelle fut construite en 1900 sur le terrain de l’ancien cimetière.

Cette précision s’impose pour comprendre les liens très particuliers qui se sont tissés entre le curé Labelle et la grande famille de Médard Grignon et de ses nombreux descendants.


Le coup d’État de 1918


– Un bref retour sur la fin du deuxième volet : Sainte-Adèle existait depuis déjà un demi-siècle lorsque Jean Rolland s’y établit, le jeudi 13 juin 1902. Son père Jean-Baptiste lui avait donné comme mission de surveiller les travaux de la nouvelle usine, sur la rivière du Nord. Les Rolland constituaient une famille puissante, très proche de l’Église…


Le train était entré en gare à Sainte-Adèle en 1891, quelques mois après la mort du curé Labelle. Les citoyens de Sainte-Adèle ont fait de gros sacrifices financiers, guidés en cela par leur maire, le docteur Wilfrid Grignon.


C’est ce même docteur Grignon qui sera maire de Sainte-Adèle quand, dix ans plus tard, les Rolland répondront à son invitation de s’établir à Sainte-Adèle.


Devant la ressource hydraulique remarquable de la rivière du Nord, le banquier des Rolland avait recommandé de «garder cette affaire en famille», plutôt que d’émettre des actions au nom de la nouvelle compagnie. Et ce sera très bien gardé… en famille.

Pour l’accueillir, Sainte-Adèle consent à la Rolland une exemption de taxes de 25 ans. Un quart de siècle ! …




Le train était entré en gare à Sainte-Adèle dix ans plus tôt, quelques mois après la mort du curé Labelle.

 

Un maire un peu spécial

 

Jean Rolland est directeur de l’usine de Sainte-Adèle quand sort la première feuille de papier, le 31 juillet 1904. Ce jour-là, le maître de postes Honorius Grignon fit retentir un formidable coup de canon du haut de la montagne qui allait s’appeler beaucoup plus tard le Sommet Bleu.


Y monter un canon représentait un exploit, en tirer un coup de tonnerre prit tout le monde par surprise. Laissons Honorius à ses détonations   «canoniques»,   ou   plutôt

«canonesques» et reprenons le fil de l’histoire.


Le docteur Wilfrid Grignon meurt le 23 juin 1915, laissant une famille nombreuse et une œuvre colossale, à tous les points de vue. Jean Rolland se fait élire maire de Sainte-Adèle en 1916. Deux ans plus tard Mont-Rolland est créé. Nous sommes en 1918. Quatre membres du conseil municipal de Sainte-Adèle étaient issus de ce qui devient alors Mont-Rolland.


Le maire de Sainte-Adèle est bien Jean Rolland, de la famille et de la compagnie Rolland. L’Église bénit tout ça depuis l’évêché à Montréal. Elle trace d’autorité un immense rectangle qui ira même jusqu’au futur Sommet Bleu.


Tout y passe : la gare principale, la rivière du Nord en sa partie la plus rentable, la rivière Doncaster, de nombreux lacs, le tout assorti d’un droit de regard absolu sur ce qui se passera sur ce territoire tant que la Rolland y sera. La Rolland était, chose rare, propriétaire du fond de la rivière du Nord. La Rolland avait un droit puisage sur la Rivière Doncaster également. Elle pouvait intervenir sur le niveau des nombreux lacs, y inclus le Lac Masson à Sainte-Marguerite, selon ses besoins hydrauliques. Il y aurait beaucoup à raconter les conséquences de ces privilèges industriels sur la villégiature riveraine de tout ce bassin versant.


Jean Rolland perd sa qualité de maire de Sainte-Adèle, puisqu’il réside dans ce qui est devenu Mont-Rolland. Le Conseil municipal de Sainte-Adèle n’a plus quorum, la majorité des élus qui ont procédé au démembrement de Sainte-Adèle à titre d’élus de Sainte-Adèle étant désormais à Mont-Rolland. Dans un article, Claude-Henri Grignon a exprimé un doute sérieux quant à la possibilité de ce démembrement de Sainte-Adèle du vivant de son père, le Gros Docteur. Précisons que les Grignon et les Rolland ont toujours vécu en harmonie. Il est important de révéler que des manuscrits témoignent d’un projet sérieux de Claude-Henri Grignon d’écrire un livre sur les Rolland.


L’exemption de taxe consentie par Sainte-Adèle est bien sûr confirmée par le nouveau village de la compagnie. La Rolland ne paiera pas de taxes à Mont-Rolland pour la partie restante de la dispense de vingt-cinq ans déjà consentie par Sainte-Adèle. On dirait « le gâteau plus l’argent du gâteau… ».


Le village de compagnie représente l’apothéose de certains industriels. La portée d’un tel pouvoir sur une communauté est inestimable. Le patron contrôle les élus, déjà au service de la compagnie. Le premier maire de Mont-Rolland était le premier comptable de la compagnie. À deux exceptions près, Avila Desjardins et Gilles Legault, tous les maires de ce village, ont été des cadres de la compagnie. Le secrétaire trésorier du village étaitle plus souvent le comptable de la compagnie.


Le pouvoir, le vrai


La réglementation municipale, la taxation, l’organisation territoriale, les mesures environnementales, l’urbanisme, les services municipaux, les chemins et les ponts, la vie communautaire, les relations avec les municipalités voisines, les contraventions à émettre, l’exercice de la Justice, les droits des citoyens, etc., tout devient à sens unique dans un village de compagnie.

Le contrôle que la Rolland s’était arrogé sur la rivière du Nord, sur ses rives, donc sur tout développement industriel concurrent éventuel qui l’aurait menacée sur l’ensemble de son territoire, était total. Contrôle de la main-d'œuvre, donc des familles, et de bien d’autres choses connues ou restées secrètes. . « Gérer tout le monde, pas juste à l’usine », me dit une dame qui ajoute : « Il fallait marcher comme eux autres. »


La part des choses


Jean Rolland aura peut-être été, de tous les maires en exercice au Québec, celui qui se serait placé de la façon la plus concrète en situation de conflit d’intérêts. Les honnêtes citoyens de Mont-Rolland n’ont à rougir ni d’eux-mêmes ni de leurs pères. Ces femmes et ces hommes ont donné par leur labeur énormément à une compagnie. Il leur a d’ailleurs fallu survivre à la compagnie, fermée en 1990.

Au milieu des années 1990, la clairvoyance du maire Michel Lamoureux lui laissait deviner toutes les nouvelles obligations que la réforme municipale amorcée par le ministre Ryan allait imposer à Mont-Rolland. Le maire Lamoureux a vu juste en abordant la question d’une fusion avec Sainte-Adèle.

Il en fallait du courage dans ce contexte délicat d’un village de compagnie… désormais sans compagnie. L’adversité s’est manifestée chez certains à Mont-Rolland, mais une sagesse séculaire l’a emporté. On peut parler d’une fusion harmonieuse. Sainte-Adèle n’a pas annexé Mont-Rolland. Les deux communautés, issues des mêmes racines ancestrales, ont reformé une ville nouvelle en 1997.


 

On me dit que le premier maire de cette nouvelle entité de Sainte-Adèle est un certain Pierre Grignon… Connais pas...



LM-109-11

 
 
 

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