Quelques personnages célèbres

À Saint-Sauveur au siècle dernier

Recherche : Jacqueline Dumas

Ayant voulu faire un retour sur nos publications passées à l’occasion de notre 30e anniversaire, je me suis permis de retracer certains articles concernant, dans un premier temps, des personnages et, dans un deuxième temps, des évènements propres à notre belle région. Je me suis laissé tenter par un sujet qui m’a toujours laissée beaucoup d’interrogations. Peut-être êtes-vous un peu dans le même cas que moi ? Quand j’entendais parler de ces gens-là, j’aurais toujours voulu en savoir plus. Mais il reste de moins en moins de personnes capables de nous répondre, et pour cause…

J’ai donc relu attentivement les articles parus d’ailleurs dans quelques-uns de nos bulletins d’il y a trente ans déjà et ce que j’en retiens, c’est que quelque soit la personne qui vous en parle, toutes semblent avoir conservé un bon souvenir de ces gens qui, disons-le, sortaient de l’ordinaire.

Quelques beaux clochers de leur Russie natale.

Nous devons les détails qui suivent à la plume de René Le Clère parus dans le cahier numéro 5 de La société d’histoire des Pays-d’en-Haut (1980).

Au milieu des années ’20, précisément en 1924, le Marquis Nicolas Dedgli d’Albizzi, de descendance russe et italienne, arriva dans les Laurentides et acheta de Félix Boisseau la maison de pension située au 198 de la rue Principale à Saint-Sauveur.

Dans ce coin de pays tout neuf, devait-il se dire, tout était à faire dans le domaine du ski; alors, il acheta des terres. Mademoiselle Edna Kale était alors gouvernante chez le marquis et était également maîtresse de pension.

Sur les terres qui deviendront plus tard celles du Mont-Gabriel, vivait une famille d’origine russe, les Makarov, pour qui le marquis gérait en quelque sorte les entreprises.

« Ce marquis était un fort bel homme, grand, mince, élégant, charmeur, un véritable Adonis, et célibataire par surcroît. » (disait madame G. Ratelle).

À l’âge de 50 ans, le marquis épousa mademoiselle Makarov.

Fervent adepte de ski alpin, il fit déboiser le flanc de la montagne qui porte encore aujourd’hui (1979) le nom de « Côte de la Marquise » probablement en l’honneur de sa femme.

« Skieur de fond hors pair, souvent, il skiait jusqu’à Saint-Jérôme pour y faire provision de bons vins importés » (relatait Rita Cloutier). Mesdames Ratelle et Cloutier seront longtemps employées à la pension du marquis.

À la déclaration de la Deuxième Guerre mondiale (1939), le marquis quitta la Canada. On ne sait pour quel motif, mais sans doute pour des raisons sérieuses, car il ne revint jamais au pays.

Son cousin, le Duc Dimitri de Leuchtenberg de Beauharnais, qui avait émigré au Canada en 1931 avec sa famille, devint propriétaire de la pension du marquis.

Les paroissiens de Saint-Sauveur la désignaient sous le nom de « La Maison Blanche » bien que le véritable nom en soit « Le Duché » (selon le duc). Que de noms pour la même maison ! N’y étaient admis que quelques gens de la noblesse européenne et souvent de riches américains dont Marie Joséphine Hartford et son frère, héritiers de la chaîne américaine d’alimentation A. & P. Ces derniers furent à tel point séduits par la région de Saint-Sauveur qu’ils décidèrent de s’y établir.

Le 13 octobre 1934, le marquis cédait à Marie Joséphine Hartford cinq terres totalisant environ 280 acres. Dès novembre 1935, madame Hartford achetait d’autres terres des cultivateurs, tant de Saint-Sauveur que de Sainte-Adèle.

Les russes cherchent à fuir par tous les moyens.

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