Les remontées mécaniquesVivre en hiver, avec l’hiver et de l’hiver !
- Admin
- 13 juin
- 3 min de lecture
Michel Allard, membre # 443
Remonter les pentes sans efforts
Berceau de la pratique du ski de récréation et de compétition au Canada, la région des Laurentides a été le lieu de l’invention ou de la mise au point de moyens mécaniques et technologiques qui ont radicalement transformé la pratique de ce sport. Au premier quart du XXe siècle, les skieurs entreprennent des randonnées plus ou moins longues à travers champs, bois et collines, ou encore se contentent de descendre et de remonter la même pente. « Trois minutes de plaisir pour vingt minutes d’efforts », résume l’historienne du ski Danielle Soucy.
Nouveaux moyens de remontées
Vers 1928-1930, un ingénieux système est mis au point permettant de remonter les pentes rapidement et sans trop d’efforts. Il consiste en un câble sans fin enroulé, d’une part, à la jante de roue d’un véhicule automobile et, d’autre part, à une roue accrochée à un poteau planté au haut d’une colline. Le câble est actionné par le moteur du véhicule. Cette remontée mécanique est aussi appelée câble, rope tow ou ski tow. Les citoyens de Sainte-Agathe-des-Monts prétendent que Moïse Paquette est l’inventeur de cet ingénieux système. Ceux de la région de Saint-Sauveur clament que c’est plutôt Alex Foster qui, le premier, installa un ski tow au pied de la Big Hill à Shawbridge.

Le succès du ski tow
Au cours des années qui suivent cette ingénieuse invention, plusieurs montagnes des Laurentides s’équipent d’un ski tow, tant et si bien qu’en 1950, on compte 69 remontées mécaniques reparties dans une quarantaine de centres de ski. On en retrouve même à Montréal, sur le Mont-Royal, au lac des Castors et au parc des Hirondelles.

Ski tow à Gray Rocks
Moi-même, croyez-le ou non, j’ai appris les rudiments du ski sur la pente du Sainte-Thérèse Lodge située à l’arrière de l’emplacement actuel de la Rôtisserie St-Hubert sur le boulevard Labelle, à Sainte-Thérèse-de-Blainville.

La remontée à l’aide du ski tow requérait autant d’habileté que la descente. Elle faisait en outre le désespoir de nos mères, car les mitaines de laine et les habits de neige s’usaient prématurément. Après l’installation d’un ski tow, on construisait habituellement, au pied de la pente, un chalet comprenant un restaurant, un bar et une boutique de ski. Dans les environs, des auberges, des hôtels et des restaurants ouvraient leurs portes. C’est ainsi que les stations de ski naquirent dans les Laurentides, dont celles de la vallée de Saint-Sauveur et de Tremblant.

Innovations plus sophistiquées
Au fil des ans, la remontée mécanique se perfectionne. On voit apparaître des équipements de plus en plus sophistiqués, dont le J Bar, le T Bar, le Poma Lift, des chaises à une, deux, ou quatre places, des cabines, etc.
D’autres innovations ont aussi concouru à la popularité du ski alpin. Notons l’installation de systèmes d’éclairage, dont le premier dans les Laurentides est mis en place en 1950 au Domaine Parent de Saint-Jérôme. En 1960, les premiers réflecteurs apparaissent au Mont-Habitant. La mise au point de machines à fabriquer de la neige est découverte par hasard par les frères Tropiano du Massachusetts. Ces derniers avaient constaté qu’à basse température, les gicleurs dont ils se servaient pour irriguer leurs champs avaient produit de la neige.
De son côté, Moïse Paquette de Sainte-Agathe-des-Monts est l’un des premiers à fabriquer un véhicule chenillé servant à damer la neige. Ce véhicule est appelé Snow cat.
Malheureusement, à mesure que les innovations s’implantent, plusieurs centres de ski incapables financièrement de suivre la parade ferment leurs portes, tandis que d’autres se regroupent. C’est ainsi que le nombre de centres de ski est passé d’une cinquantaine vers 1966 à une vingtaine de nos jours (2011). Par ailleurs, d’autres formes de sport de glisse, dont le ski de fond, la planche à neige et la raquette, sont devenues de plus en plus populaires.
Selon les historiens du sport Massicotte et Corcoran :
« Si l'arrivée des trains de neige avait révolutionné le sport, la remontée mécanique allait changer le ski à tout jamais. À partir de ce moment, les disciplines du ski de fond et de ski alpin se sont séparées définitivement ».
Le ski demeure encore un sport très pratiqué dans la région des Laurentides. Il permet de vivre en hiver, avec l’hiver et de l’hiver.

Références
- Les archives du Musée du ski des Laurentides
- Des traces dans la neige, Danielle Soucy, (2009)
- Cent ans de ski au Québec, Montréal, La Presse, 256 p.
- Entrevue avec Rémi Cloutier de Sainte-Agathe-des-Monts, 15 juillet 2010
- François Massicotte et Patrick Corcoran, L’histoire du ski au Québec, consulté le 1er décembre 2011 sur le site internet : http://www.zoneski.com/vivelaneige/histoire.php
LM-121-11
Comments