Les géosites des Laurentides : patrimoine et paysage
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- 19 juin
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Éric Beaudin, membre # 507

C'est avec grand plaisir que nous avons assisté à la première conférence de la saison de La société d’histoire, de généalogie et des Pays-d’en-Haut le 15 septembre dernier. La géographe-physique, Brigitte Poirier, était la conférencière invitée.
Voici le résumé de sa présentation :
La Terre est en perpétuel mouvement depuis sa formation, il y a 4,6 milliards d’années. Les sciences de la géologie et de la géomorphologie s’intéressent à son histoire. Les paysages naturels de la région des Laurentides résultent de plusieurs événements géologiques que l’on peut découvrir à travers différentes échelles de perception (du local au global).

Je vous propose, dans cette conférence, de venir découvrir une partie de l’histoire géologique des Laurentides et de la mise en valeur de son patrimoine géologique à travers les géosites. Les géosites sont en quelque sorte les vestiges des événements géologiques qui permettent d’en savoir plus sur l’évolution des paysages naturels. Ils constituent également une valeur ajoutée pour les produits écotouristiques. Venez découvrir comment et pourquoi un circuit de géosites a vu le jour pour le sentier national du Québec dans la région des Laurentides.
Brigitte Poirier, M.Sc. géographie
Qu'est-ce qu'un site géologique exceptionnel ?
Un site géologique exceptionnel (SGE) est un géosite possédant un statut légal. Il se définit, en vertu de l'article 1 de la Loi sur les mines (L.R.Q., chapitre M- 13.1), comme étant :
« Un terrain dont les caractéristiques géologiques, géomorphologiques, paysagères ou biologiques présentent un intérêt du point de vue de l'enseignement, de la recherche scientifique ou de la conservation et qui mérite d'être protégé en raison notamment d'une menace, de sa rareté ou de sa vulnérabilité ».
En décembre 2005, la Loi sur les mines du ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) a été amendée afin d'ajouter de nouvelles dispositions qui visent à reconnaître et à protéger légalement les géosites du Québec qui ont un caractère exceptionnel. En bref, les principaux articles de loi qui permettent d'atteindre ces objectifs sont : l'article 305.1 qui permet au ministre de classer un géosite comme un SGE officiel, l'article 30.1 qui soustrait le SGE classé de toute activité minière et l'article 321.1 qui permet de mettre à l’amende quiconque contrevient à l'article 30.1.
Le terme de géosite provient de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) qui l'a défini en 2000 comme :« Un site ponctuel ou une aire de quelques m2 à quelques km2 qui peut s'étendre au niveau du paysage et qui possède une importance d'un point de vue géologique (minéral, structural, géomorphologique, physiographique) qui répond à un ou plusieurs critères d'exception, soit précieux, rare, vulnérable ou menacé ».
Cependant, un géosite n'a pas de statut de protection légale au même titre qu'un SGE ; par conséquent, le MRNF s'est inspiré de cette définition pour mieux définir son concept de sites géologiques exceptionnels au Québec.
Cette notion de géosite a été introduite et reconnue mondialement par l'UNESCO à la suite de la mise en place de son « Programme Géoparcs » en 1999. L'UNESCO visait à promouvoir un réseau mondial de géoparcs permettant de préserver et de mettre en valeur des zones présentant des caractéristiques géologiques particulières dans le cadre de stratégies locales de développement durable. L'UNESCO a défini un géoparc comme étant : « Une zone nationale protégée comprenant un certain nombre de sites du patrimoine géologique (géosites) d'une importance particulière, de par leur rareté ou leur aspect esthétique. Ces sites du patrimoine de la Terre font partie d'un concept intégré de protection, d'éducation et de développement durable. Un géoparc atteint ses objectifs par le biais d'une approche à trois volets : conservation, éducation et géotourisme ». Ainsi, des géosites et des SGE peuvent faire partie d'un géoparc atteint ses objectifs par le biais
d'une approche à trois volets: conservation, éducation et géotourisme ». Ainsi des géosites et des SGE peuvent faire partie d'un géoparc.
Onze catégories de sites géologiques ont été définies afin de mieux classer les géosites et les SGE.
Pourquoi protéger les sites géologiques?
Le principal objectif visé par le classement légal des SGE est de protéger les géosites du Québec qui ont un caractère exceptionnel et d'assurer, pour les générations futures, la conservation du patrimoine géologique. Plusieurs des géosites inventoriés au Québec représentent des fragments importants de l'histoire géologique de la Terre et possèdent toutes les caractéristiques propres à la définition d'un SGE tel que décrit à l'article 1 de la Loi sur les mines.
D'autres objectifs peuvent également être poursuivis, entre autres :
promouvoir la conservation de la géodiversité1 ;
enrichir le réseau québécois des aires protégées ;
protéger et maintenir des paysages terrestres ;
permettre la protection de sites clés dans la compréhension de l'histoire géologique et géomorphologique du territoire.
et les objectifs de gestion suivants :
faire connaître des sites naturels abiotiques d'exception ;
favoriser le développement de l'activité humaine en harmonie avec l'environnement géomorphologique et géologique ;
promouvoir et vulgariser la géodiversité pour les communautés locales et autochtones ;
impliquer les communautés locales et autochtones dans l'élaboration et la gestion des SGE ;
permettre aux communautés locales et autochtones d'accéder à de potentielles retombées économiques liées aux SGE.
La préservation des SGE représente un atout majeur pour la science, l'éducation et la sensibilisation populaire à la géodiversité. La géologie du Québec est très diversifiée d'une région à l'autre. Elle a influencé le développement économique et même, dans une certaine mesure, la culture des régions, de façon très contrastante.

1 UICN (Dudley, 2008) « La géodiversité est toute la variété de roches, de minéraux, de fossiles, de topographies, de sédiments et de sols, ainsi que les processus naturels qui les forment et les altèrent ».
Pour complémenter la présentation de Brigitte Poirier, j’ai rajouté ces sources en provenance du site du Ministère des Ressources naturelles et de la Faune dans le volet « Sites géologiques exceptionnels » à propos de la définition d’un géosite : http://sigeom.mrnf.gouv.qc.ca/sge/classes/I5101_sitesExcp
LM-124-24
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