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Le temps des Fêtes dans c’temps-là

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    Admin
  • 19 juin
  • 3 min de lecture

Extraits divers réunis, écrits dans la langue savoureuse et authentique de l’auteur.*

Gérard Millette de Saint-Faustin (né en 1922) raconte, dans son recueil de souvenirs dictés à son fils Gilles (édition familiale, 2007), comment se passait le temps des Fêtes dans c’temps-là :

Noël


[…] Noël, ça s’fêtait pas dans c’temps-l’à. Pis, ça parlait pas d’vacances en famille. On avait trop d’ouvrage su’a terre. C’tait pas la mode du temps. Le monde, ça sortait surtout su’a parenté. C’tait les sorties du temps.


La veille du jour de l’An


Su més parents, le temps dés Fêtes, pour nous autes lés jeunes, c’tait aussi un temps qu’on s’amusait. […]. On étendait note bas d’laine après lés crochets dans l’escalier qui montait en haut dins chambes. De coutume, c’tait là itou qu’on accrochait note linge. Aussitôt rendus en haut, on déclarait un envie d’aller à toilette pour descende en bas, pour woir […] si y avait

quec chose dedans note bas d’laine. En haut dans chambe, y avait un carreau dans l’plancher avec un grillage dessus pour faire monter la chaleur d’en bas. Pis moé, je r’gardais dans l’carreau pour sawoir qu’est- ce que més parents préparaient pour note bas d’laine.


Un peu comme ça s’passait su nos parents, nous autes, on a faite pareil avec nos enfants. Après qu’y étaient montés en haut pour s’coucher, en attendant qui vinsent (viennent à) dormir, là on emplissait leus bas de pommes, d’oranges pis de bonbons. Plus tard, on s’ést mis à ach’ter dés bébelles aux enfants, dés p’tis trucks aux gars, dés catins pour lés filles.

Le lendemain matin, y fallait qu’on s’lève de bonne heure pour aller woir lés parents (les grands-parents).


Le jour de l’An


Quand j’étais p’tit gars, pis ç’a continué par après, à toués jours de l’An, mon pére nous donnait la bénédiction paternelle. Y nous a pas dit qu’son pére y avait donnée, mais y a dû, parce que la bénédiction du jour de l’An, c’t’une tradition qui a commencé ça fait ben longtemps.


[…] quand lés enfants étaient mariés ou ben partis d’la maison, la premiére chose qu’y faisaient en rentrant dans maison au jour de l’An, y s’mettaient à genoux, pis y d’mandaient la bénédiction à leu pére. Après ça, y s’souhaitaient la Bonne Année.



La bénédiction du jour de l’An, Edmond J. Massicotte, 1912.
La bénédiction du jour de l’An, Edmond J. Massicotte, 1912.

Chez nous, j’ai commencé à donner la bénédiction aux enfants à bas âge. Au commencement, c’était Jacqueline (ma femme) qui d’mandait la bénédiction pour lés enfants qu’a faisait mette à genoux en avant d’moé. Quand qu’y ont été assez vieux, c’ést la plus vieille, le plus vieux dés gars ou ben un aute qui d’mandait la bénédiction pour lés autes. C’ést encore comme ça aujourd’hui. En partie, lés enfants attendent d’ête ensembe pour ça.


Més enfants me d’mandent encore : « Popa, pour la nou- velle année, voulez-vous nous bénir s’il-vous-plaît ». C’ést le Bon Dieu qui lés bénit. Y passe par moé. Ça fait que c’te jour-là, j’sus le r’présentant du Bon Dieu pour més enfants. Depus ben dés années, […] les enfants me d’mandaient la bénédiction à vue dés mononc’ pis dés matantes. J’tais fier d’ça.


Les veillées du temps des Fêtes

Le plaisir dans c’temps-là, c’tait d’prendre du whisky blanc pour s’réchauffer un peu pis d’chanter pis d’anser toute la veillée. Su més parents, lés femmes pis lés hommes, ça chantait ensembe.


Les femmes se t’naient surtout dans grand salle avec mémère, pis nous autes, lés hommes, on se t’nait dans cuisine avec pépère pis on chantait dés chan- sons à répondre. Moé, j’me rappelle d’awoir passé dés grandes veillées à chanter avec més frères pis més soeurs ; mon père itou y chantait sa chanson. C’tait pas l’plus grand chanteur mais y chantait avec lés hommes.


Une veillée d’autrefois, Edmond J. Massicotte, 1915.
Une veillée d’autrefois, Edmond J. Massicotte, 1915.

Et aujourd’hui, qu’en est-il de l’esprit des Fêtes ?

La religion a foutu le camp ou presque, la traditionnelle messe de Minuit fait figure de folklore pour certains et de tradition désuète pour d’autres, les familles nombreuses n’existent à peu près plus, les familles reconstituées foisonnent, les maisons, bien que très fonctionnelles, sont de plus en plus petites et ne peuvent plus accueillir un grand nombre de personnes.


Autrefois, le temps des Fêtes venait casser la saison morte où le climat empêchait le travail de la terre ; tous vivaient au même rythme, celui des saisons. Aujourd’hui, le temps n’a plus la même signification puisqu’il est devenu une préoccupation individuelle.


« Nos occasions de rassemblement collectif ont complètement changé de sens, du fait que l'individu est au centre de tout. Il reste très, très peu d'occasions de rassemblement où tout le monde est disponible en même temps ». Source : Les grands débats - Le temps du temps des Fêtes, Catherine Lalonde, Le Devoir, 24 décembre 2011.


Et… lequel de nos enfants ou de nos petits-enfants se contenterait d’une orange, d’une pomme et d’une poignée de bonbons déposées dans un bas de laine ?


De cet esprit du temps des Fêtes de jadis, une chose subsiste : le besoin qu’on a de se réunir et de fêter ensemble cette période de fin d’année. Le désir de partager un moment, si court soit-il, en famille ou entre amis demeure la clé de voûte du temps des Fêtes. Prendre le temps de se voir, de se rassembler autour d’une même table ou simplement de trinquer à notre santé mutuelle autour du verre de l’amitié.


Non, l’esprit des Fêtes n’est pas mort… il a simplement évolué avec le temps et changé de perspective.

 

Élaine Cousineau, membre # 504


En médaillon (titre) : Quitter la route dans une tempête de neige, circa 1857, Cornelius Kriegoff (1815-1872).


LM-125-29



 
 
 

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