Le ski n’est pas qu’un sport, mais unmode de vie à part entière − Rhoda Wurtele

Michel Allard, historien et muséologue, membre # 443

Depuis son aménagement dans l’ancienne caserne de pompiers de la ville de Saint-Sauveur (30, avenue Filion) et l’inauguration, en mai 2012, d’une première exposition permanente, le Musée du ski des Laurentides a entrepris d’organiser des expositions temporaires. Ces dernières seront présentées pendant 4 à 6 mois afin d’honorer ceux et celles qui se sont impliqués et distingués dans la pratique de ce sport.

Ainsi, en juillet 2012, le Musée du ski a présenté une première exposition pour commémorer le centième anniversaire de l’arrivée dans notre région du moniteur suisse, Émile Cochand, considéré comme le fondateur de la première école de ski et grand pionnier de l’implantation du ski au Québec dans les Laurentides.

Exposition en l’honneur des sœurs Wurtele

Rappelons qu’en 2012, La société d’histoire et de généalogie des Pays-d’en-Haut a acquis les archives des jumelles Rhoda et Rhona Wurtele qui, aujourd’hui nonagénaires, n’en sont pas moins resplendissantes de vitalité. Elles s’inscrivent au nombre des plus brillantes athlètes qu’ait connues le Québec, voire le Canada. Le 11 avril dernier, en collaboration avec des membres et des amis de leur famille, le Musée du ski des Laurentides a inauguré une exposition en leur honneur en puisant largement dans les archives de La société d’histoire et de généalogie des Pays-d’en-Haut.

Très jeunes, les jumelles Wurtele excellent dans tous les sports, mais leur rêve est de planer à partir du tremplin de 38 mètres qui surplombe le Mont-Royal. À l’âge de 11 ans, c’est chose faite. Dès lors, elles brilleront de tous leurs feux au firmament du ski.

Devenues des habituées des pentes des Laurentides, les sœurs Wurtele montent sur le podium de toutes les compétitions. En 1943, c’est par une énorme avance de 24 secondes sur son plus proche rival que Rhoda remporte, au mont Tremblant, la classique Taschereau qui réunit les meilleurs athlètes masculins et féminins. Au fil des ans, elles cumuleront plus de 125 médailles dans les plus prestigieuses épreuves de ski alpin, tant nord-américaines qu’européennes. Seuls le dieu Mars (en 1940 et 1944) et des blessures en 1948 les empêcheront de s’inscrire au palmarès olympien. En 1956, elles mettent sur pied le Ski Jay Club, première école de ski pour enfants en Amérique du Nord, puis les Ski Chicks pour les fillettes de 8 à 12 ans. Enfin vint le club pour femmes Twinski dont les membres dévalent encore aujourd’hui les pentes laurentiennes. Voilà bien la preuve qu’aux âmes bien nées, la valeur fait fi du nombre des années.

Lorsqu’on se penche sur la vie et la carrière des jumelles Wurtele, on est d’abord frappé par leurs nombreux exploits sportifs. Néanmoins, à la lecture de leur biographie rédigée par Byron Rempel (Sans limites) au dépouillement de leurs archives et surtout à leur contact, il se dégage une volonté de vaincre les obstacles. Cette volonté se traduit par une expression chère aux grands athlètes sortir de sa zone de confort. Une anecdote l’illustre encore mieux.

En 1948, au faîte de leur carrière, elles firent partie de l’équipe nationale canadienne déléguée aux Jeux olympiques de Saint-Moritz en Suisse. À l’entraînement, Rhoda fit une chute qui l’empêcha de participer aux épreuves. Quelques jours plus tard, Rhona à son tour se blessa, mais put, malgré tout, participer à la descente durant laquelle elle fut catapultée dans un ravin. Loin d’abandonner, elle remonta sur la piste et termina la course. On nous avait appris à toujours finir ce que l’on commençait, commenta Rhona. Aussi ne faut-il pas nous étonner que le Musée du ski des Laurentides ait retenu comme thème de l’exposition qui leur est consacrée ces paroles attribuées à Rhoda : Le ski n’est pas qu’un sport, mais un mode de vie à part entière.

Musée du ski des Laurentides

Nous vous invitons à visiter l’exposition qui leur est consacrée au Musée du ski des Laurentides, 30, avenue Filion à Saint-Sauveur. Le musée est ouvert du mercredi au dimanche de 11 heures à 18 heures. L’admission est gratuite. Néanmoins, nous suggérons une modeste contribution de 3,00 $.

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Bibliographie

LAURIN, Serge (1989), Histoire des Laurentides, Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, 891 p.

REMPEL, Byron (2009), Sans limites, (traduit de l’anglais par Michelle Tisseyre), Les éditions histoire Québec, collection SHPGH, 366 p. SOUCY, Danielle (2009), Des traces dans la neige. Cent ans de ski au Québec, Montréal, La Presse, 256 pages.

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