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Jacqueline Guénette, une femme qui se rappelle…

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    Admin
  • 4 juin
  • 4 min de lecture

Jacqueline Dumas

SHGPH


Elle m’avait dit au téléphone : « Vous ne pouvez pas me manquer, c’est une maison blanche à votre droite avec un toit rouge ». Elle avait raison, le 249 de la rue Watchorn à Morin-Heights, je l’ai trouvée facilement. Elle m’a si chaleureusement accueillie, cette dame que je ne connaissais pas, mais chez qui je venais pour qu’elle me parle d’elle, de sa famille, de ses parents, de ce qu’elle avait vécu.


Je suis née à Morin-Heights en 1924. Je suis la deuxième d’une famille de quatre dont deux frères : Aurélien et René et une sœur Rita. Mes parents étaient Carolus Guénette et Angélina Marrenger. Je n’ai pas connu mes grands-parents paternels Damase Guénette et Malvina Lauzon.


Tout ce bon monde était installé à Morin-Heights depuis plusieurs générations et vivaient des revenus de leur terre, au 2e rang plus précisément. Je suis allée à la petite école du rang comme tous les enfants des alentours, mais je me rappelle avoir travaillé assez jeune. Ma mère me trouvait sérieuse et

« raisonnable » comme on disait à l’époque. Je n’avais que 17 ans lorsque je suis allée aider les jeunes femmes lors de leurs relevailles (les femmes accouchaient à la maison). Plus tard, j’ai travaillé à l’Hôtel Bellevue chez monsieur et madame Basler. C’étaient des gens si aimables. Lui venait de la Suisse, elle de Mont Saint-Pierre, en Gaspésie et ils s’étaient connus à Montréal.


Et les amours, dans tout ça ?


Le 9 août 1947, je me marie avec Fernand Bélisle. Vous allez bien me demander si on a fait un voyage de noces ? Eh bien oui, à Vendée, chez de la parenté de mon mari, Stanislas Bélisle et sa femme Yvonne. C’est un peu drôle quand on raconte ça, plus de soixante ans plus tard : on est allé en voyage de noces en autobus. L’autobus venait prendre ses passagers au restaurant d’Albert Corbeil, directement ici à Morin-Heights.


Votre mari travaillait-il encore sur la ferme paternelle à ce moment-là ?


Non, il a travaillé chez « Guénette, portes et fenêtres » jusqu’en 1955. Mais, dès notre mariage, nous habitions cette maison-ci qu’il avait achetée quand il était garçon. C’était la maison de son oncle Aimé Bélisle, construite dans les années ’30. Celui-ci était parti travailler dans une usine à Saint-Jérôme. La terre ne rapportait pas beaucoup, vous savez.


Si je compte bien, ça fait 62 ans que vous habitez dans la même maison… !


Oui et je m’y sens encore très bien. Dans cette maison, j’ai tellement de souvenirs.


Les quatre générations Bélisle : Assis, l’ancêtre Ferdinand avec le petit Réjean, à l’arrière, Nazarias et Fernand.
Les quatre générations Bélisle : Assis, l’ancêtre Ferdinand avec le petit Réjean, à l’arrière, Nazarias et Fernand.

Je ne savais pas qu’il y avait eu deux boulangeries à cette époque dans le village de Saint-Sauveur.


Ah oui, c’était assez gros, ils avaient trois ou quatre camions de livraison. Mon mari allait livrer du pain et des gâteaux jusqu’à Weir, à Huberdeau, au Lac-des-Seize-Iles, à Montfort, partout dans les cantons éloignés. Il aimait tellement son travail, il disait que c’était désennuyant et toujours bien plaisant. Hélas, le destin nous a frappés cruellement, sans prévenir : il est mort d’une crise cardiaque en 1966, il avait 43 ans. Il me reste mes quatre enfants, Laurent 11 ans, Rachel 13 ans, Normand 16 ans et Réjean 18 ans. On retrouve vite la force qu’il faut pour continuer quand on est dans une situation comme celle-là.


C’est toujours difficile de passer à travers ça, mais on se reprend en mains et on se soutient les uns les autres. Je profite de tout ce qui est agréable dans la vie, entre autres, voyager avec ma fille Rachel. De plus, j’ai le bonheur d’avoir six petits-enfants et cinq arrière-petits-enfants; ça occupe bien mes pensées et même mes journées. Comme j’ai toujours vécu dans le même environnement, je connais bien tout le monde autour de moi; je me sens en sécurité ici. J’ai la chance d’avoir une bonne santé et encore beaucoup de mémoire… pour une femme de mon âge.


C’est exactement ce que votre fils Réjean m’a dit quand je lui ai demandé des détails sur la ferme des ancêtres Bélisle.


« Demandez ça à ma mère, elle est meilleure que moi ».




Au fait, j’aimerais que vous me parliez un peu de la famille de votre mari.


L’ancêtre de la lignée de mon mari s’appelait Moïse Bélisle ; il venait, je crois de Saint-Janvier. Il s’est installé avec d’autres défricheurs canadiens-français dans le rang 1V, pas loin du lac Bouchette. Un de ses fils, Ferdinand, était marié à Virginie Guénette. Ils ont eu neuf garçons et deux filles dont une seule a survécu. Le plus vieux des garçons de Ferdinand se nommait Nazarias ; il avait épousé Antoinette Bélisle, sa cousine, ils ont eu six enfants, dont mon mari Fernand Bélisle, né en 1924.


C’est vrai que vous avez bonne mémoire. Sur la photo de la maison, prise en 1946, les hommes sont à refaire le toit. Est-ce qu’ils sont tous des membres de la même famille ?


Ça ne m’étonnerait pas. Les grandes familles ne manquaient jamais de s’entraider pour les gros travaux.


Oui, c’est mon plus vieux fils Réjean qui l’a achetée d’une vieille tante qui avait été la dernière de sa famille à y habiter. Mais il ne cultive pas la terre ; il appelle ça, sa

« fermette ».


Il garde deux chevaux, des moutons, quelques poules et un coq, comme il aime à mentionner. Il avait toujours rêvé d’acheter un jour cette vieille maison construite par son arrière-arrière-grand-père Bélisle, il y a près de cent quarante ans. Réjean est à la retraite à son tour, mais entend bien profiter à sa manière de ces lieux si tranquilles. Je suis contente pour lui. Puis, je suis chanceuse, ce n’est pas loin d’ici.


Je vous souhaite de profiter encore longtemps de ce joli coin de Morin-Heights.



La maison familiale de la ferme Bélisle 1946. Ce sont peut-être les fils de Ferdinand qui refont la toiture ? Lionel, Philias, Aimé, Odessa, Nazarias, Dollard, Edmond, Gédéas, Adrien, pas forcément dans l’ordre… N’oublions pas, ils ont une sœur nommée Fabiola.
La maison familiale de la ferme Bélisle 1946. Ce sont peut-être les fils de Ferdinand qui refont la toiture ? Lionel, Philias, Aimé, Odessa, Nazarias, Dollard, Edmond, Gédéas, Adrien, pas forcément dans l’ordre… N’oublions pas, ils ont une sœur nommée Fabiola.

LM-111-08


 
 
 

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